Depuis le lundi 20 mai, les écoles publiques ont rouvert leurs portes au Mali. Après presque cinq mois d’arrêt de travail. S’il est de bon aloi de se réjouir de ce dénouement heureux de tractations longues, houleuses et parfois désespérantes, je pense qu’il serait indécent, voire malhonnête, de ne pas reconnaître que les normes pédagogiques ont été sacrifiées sur l’autel de la forme politique.
En effet, avec la publication du calendrier des examens, on se rend bien compte que les élèves des classes d’examen du public iront composer avec moins de vingt semaines de cours. Plusieurs écoles privées auront cependant atteint ou dépassé la barre des vingt-cinq semaines de cours qui suffisent à l’Unesco pour valider une année scolaire. Dans un tel contexte de large déséquilibre quant aux niveaux d’exécution des programmes des différentes classes, la question est de savoir si les épreuves seront conçues en fonction de l’énorme retard des écoles publiques (le sérieux et la crédibilité de tels diplômes seraient mis en cause) ou en fonction des trois trimestres (et là, les élèves du public passeraient pour les victimes expiatoires d’un péché qu’ils n’auront pas commis).
Bien évidemment, la raison politique étant toujours la meilleure, les gouvernants feront le choix de l’option qui les honore. Mais une question restera posée : après la reprise des cours et le déroulement des examens, l’école est-elle sauvée ? Voilà une question routinière en Afrique et donc, finalement, banale. Parce qu’en dehors des discours politiciens et électoralistes, l’école publique ne semble pas être, en réalité, la priorité des autorités. Cette école peut toujours être une usine de production de crétins nuisibles ou de citoyens plastiques, malléables et corvéables à souhait, tant que des écoles privées de luxe et de renom existeront ici et là-bas, ils dormiront en paix. On aime dire que l’argent est le nerf de la guerre, mais on oublie ou on ignore que l’école est le nerf de la paix. Parce qu’elle est le socle du développement qui construit les équilibres en faveur de cette paix. A bon entendeur…
MINGA S. Siddick
Source: Ziré-Hebdo