Le monde est parsemé de zones de conflits. Mais j’ai souvent l’impression qu’il y a des conflits dont on fait plus la promotion que d’autres, dont la presse fait ses choux gras et dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée. Pourquoi ? Peut-être parce que ces conflits célèbres-là ont été pensés, inspirés et télécommandés avec la complicité de certains fils de ces zones et que ce caractère programmé de la crise fait que tous les marchands du sensationnel et de la mort sont aux aguets pour ne rien rater du spectacle. Mais la particularité de ces conflits-vedettes, c’est qu’ils naissent dans des zones riches en ressources naturelles, exploitables et commercialisables à souhait par la sainte mafia des sauveurs.
Dans cette dramaturgie harmaguédonienne, le côté jardin est bruyant de mille tambours et trompettes qui concentrent toutes les attentions sur les actualités macabres autour des massacres de militaires, de civils et surtout de femmes et d’enfants ; quant au côté cour, sans lumière, sans tambour ni trompette, des vampires modernes sont à l’œuvre, en sous-marins, dans le sous-sol de la zone en feu, interdite à la loi. Ils sont discrets, insatiables, insensibles, invisibles. Top secret ! Même si secret de polichinelle. Retour au côté jardin où l’odeur de la mort fait pousser, comme des champignons, des ONG. Humanitaires. Utilitaires. Salutaires. Charognards avides de misères ! Croque-morts des temps nouveaux qui se nourrissent de nos conflits, de nos guerres, de nos morts, de nos disparus, de nos blessés, de nos déplacés, de nos exilés. Et vous voulez que nos guerres cessent ? Et vous voulez que les Accords de sortie de crise soient parfaits, sans anicroche ? Et vous voulez que nos Accords de Défense ne révèlent pas des rapports de démence où le plus faible est le fou de service au pied du plus fort qui ne fait que renforcer ses contreforts ? Et vous voulez que nous connaissions la paix ? Mon propos n’est pas de prêcher pour un pessimisme qui nous immobiliserait dans un stoïcisme suicidaire. Je voudrais dire que notre malheur vient de la maison. Nous avons tendance à toujours accabler les Occidentaux, surtout les Français. Mais nos dirigeants sont-ils des enfants de chœur ? Sont-ils des enfants tout court, pour toujours prêter le flanc à leurs fossoyeurs ? Nos opposants politiques sont-ils sincères et sérieux quand, une fois au pouvoir, ils passent d’espoirs à cauchemars, faisant parfois pire que leurs prédécesseurs ? Nous devons savoir que c’est nous qui créons ces vampires et croque-morts qui viennent festoyer chez nous. Nous sommes comptables de nos déboires. Si nous nous comportons comme des enfants, n’est-ce pas normal que les autres nous traitent comme des enfants ? A bon entendeur…
MINGA S. Siddick
Source: Ziré-Hebdo