Après la débâcle de l’armée, le 21 mai à Kidal, Soumeylou Boubeye Maïga, alors ministre de la Défense et des Anciens Combattants, avait été traité de tous les péchés d’Israël. Indigné par ces accusations, il a choisi de démissionner. Purement et simplement. Mais cette affaire est loin d’avoir livré tous ses secrets.
Entendu, jeudi 30 octobre, par la Commission parlementaire d’enquête sur les affrontements entre l’armée malienne et les groupes armés du nord qui se sont déroulés le 21 mai 2014 à Kidal, Soumeylou Boubeye Maïga n’est pas allé par quatre chemins. Il a pointé un doigt accusateur sur Moussa Mara, actuel Premier ministre. Avant de faire écouter, aux enquêteurs, un enregistrement dans lequel le chef du gouvernement donnait l’ordre, à des officiers supérieurs en langue nationale bambara, d’écraser la rébellion. La suite, on la connaît.
Après le revers essuyé par l’armée malienne, SoumeylouBoubeyeMaïga avait été désigné, par Moussa Mara, pour avoir été le donneur d’ordre. Après sa démission, le désormais ex-ministre de la Défense avait sollicité la mise en place d’une commission parlementaire d’enquête. Ce qui fût fait.
Les preuves dont dispose Boubeye sont accablantes pour le Premier ministre. Dans l’élément sonore qu’il a fait écouter aux enquêteurs, avant de leur remettre copie, il n’y a pas l’ombre d’un doute : c’est bien Moussa Mara quiadonné l’ordre à l’armée de laver l’affront, dont lui et sa délégation ont fait l’objet la veille à Kidal. Selon nos informations, les déclarations de Boubeye devant la commission parlementaire d’enquête seront corroborées par les responsables de la Minusma, de Serval et de la Misahel.
Moussa Mara va-t-il, une fois de plus, nier l’évidence comme il l’a fait en mai dernier ? Ou va-t-il surprendre les Maliens en reconnaissant, publiquement, sa responsabilité dans cette affaire ?
Une certitude : il sera entendu dans les jours à venir.
Oumar Babi