Les Présidents des cinq pays sahéliens en proie au terrorisme pourront, après la réunion des donateurs à Bruxelles, pousser un ouf de soulagement, tant le défi de la mobilisation a été relevé. Il reste maintenant celui de la sécurisation du vaste espace sahélien. Avec cette manne financière, les terroristes perdront le sommeil. La question qui se pose est de savoir si les montants annoncés arriveront à temps sur le terrain.
Le Président en exercice du G5 Sahel, le Nigérien Mahamadou Issoufou et ses homologues sahéliens semblent retrouver le sourire après l’annonce du montant de 414 millions d’Euros sur les 423 nécessaires pour le budget de fonctionnement. L’Union Européenne en complétant à 414 millions a sans doute renvoyé la balle dans le camp des pays sahéliens pour qu’ils prennent à bras le corps la lutte antiterroriste. Avec désormais ce qui est engrangé, les Sahéliens devraient être à mesure d’engager efficacement le combat contre ce monstre sans visage qui est mû par la seule volonté de verser le sang des innocents. Les pays du G5 Sahel doivent faire preuve d’engagement afin de continuer de mériter de la confiance des donateurs. Ils devront désormais engager dans un bref délai une lutte acharnée contre les djihado-terroristes. Ainsi, pour relever le défi de la sécurisation de la bande sahélo- saharienne, il faut non seulement une synergie d’action de tous les pays du Sahel, mais aussi et surtout, une solidarité agissante des autres pays de l’Union Africaine.
Quant à l’Union Européenne, avec la France en tête, elle a non seulement pris la mesure de la gravité de la menace terroriste, mais elle a fait preuve de solidarité. Cependant, elle semble avoir en arrière-plan deux objectifs majeurs, dont le premier est de permettre aux forces armées nationales des pays du G5 Sahel de prendre en charge leur destin sécuritaire, tout en empêchant l’hydre terroriste de lui couper le sommeil. Quant au second objectif, il consisterait à freiner le fléau de l’immigration et, en même temps, réduire drastiquement les coûts d’entretien de la force française Barkhane (un million € par jour) et celles des autres pays européens.
En conclusion, le challenge pour les pays du G5 Sahel est aussi celui de toute l’Afrique : une insécurité qui découle du sous-développement, notamment le manque d’accès aux services sociaux de base et la faiblesse de l’Etat. Ainsi, pour sortir de ce bourbier et ensuite prétendre jouer sa partition dans le concert des nations qui comptent, elle doit avoir partout des Etats dont la première mission est de prendre en charge les besoins primaires de ses populations, et non d’implanter un drapeau et s’en tenir à cela.
Youssouf Sissoko
Source: infosepte- Mali