Le train voyageur a commencé à circuler entre Bamako et Kayes depuis hier, 9 mars 2023, où une mission de sensibilisation a donné le ton. La relance du trafic ferroviaire entre la capitale et la première région administrative du pays est avant tout une opportunité économique et sociale. Après des années d’arrêt, les villes et les villages situés tout au long du chemin de fer peuvent compter désormais sur les passages du train pour vaquer à leurs occupations commerciales.
Dès la sortie de la ville de Bamako, le train doit faire une première escale à Kati dont la modeste gare peut maintenant être utilisée. C’est une aubaine pour les commerçants et les petits vendeurs à la sauvette. La gare de Kati est en effet à la disposition des localités environnantes qui sont de grands centres de production agricole, notamment les céréales comme le mil, le maïs et le sorgho. Cette gare est proche d’un important marché de bétail vers où convergent les marchands de la région de Koulikoro.
Le retour du train offre une opportunité exceptionnelle pour les exploitants de ce marché à bétail situé sur la route de Kolokani. On sait que la région de Kayes est une zone minière qui a certainement besoin des produits de la région de Koulikoro. Ce qui est valable pour la gare de Kati, l’est aussi pour celle de Neguela où des trains peuvent faire des escales. En effet, le retour du train voyageur est aussi celui du train de marchandises. Les produits des localités situées le long des rails seront principalement au cœur des échanges qui se mettent en place.
Le chemin de fer changera le quotidien de nombreuses femmes et jeunes sans emplois qui se débrouillent avec le petit commerce. Les voyageurs auront l’habitude des cris de vente de ces jeunes proposant des casse-croûtes. De la viande grillée en passant par des rôtis de volaille ou encore des produits du cru, les gares seront immondes. Du matin au soir, les villes abritant les gares connaîtront une activité intense, avec les flux de personnes entre les villages environnants et les gares. Les choses ne changent pas seulement pour les localités ayant des gares, elles changent également pour tous les petits villages dont les habitants peuvent se déplacer rapidement pour atteindre la voie ferrée.
On espère que le retour du train aura un impact positif pour ces nombreux jeunes qui risquent leur vie en voulant rejoindre l’Europe. Les opportunités doivent aller au-delà de simples échanges commerciaux au bord des rails. Les autorités communales et les autres responsables des collectivités doivent trouver les moyens de faire du train un moteur de l’activité économique. Au-delà des échanges entre Kayes et Bamako, le chemin de fer est aussi l’une des meilleures voies commerciales entre le Mali et le Sénégal. Avant, le train avait fait des localités riveraines des endroits où les produits venus du Sénégal étaient importants et faciles d’accès.
Le marché sénégalais représente sûrement de grandes opportunités pour les ressortissants des localités riveraines. Même les autres parties du Mali pourront également profiter de l’accès au Sénégal. Les produits agricoles et de la cueillette sont particulièrement prisés au Sénégal. Le train qui peut transporter à la fois des milliers de voyageurs transformera sans doute la vie de beaucoup de gens autour des rails et ailleurs au Mali.
Soumaïla Diarra
Source : LE PAYS