Aussitôt après la proclamation ce jeudi, des résultats provisoires du second tour de la présidentielle, Tiébilè Dramé a animé un point de presse pour les rejeter au motif que ceux-ci ne reflètent pas le suffrage exprimé par le peuple malien. A cette occasion, il a annoncé que le candidat Soumaïla Cissé s’adressera à ses militants cet après-midi.
Sans surprise, le directeur de campagne de l’opposant Soumaïla Cissé a rejeté les résultats provisoires proclamés, hier dans la matinée, par le ministère de l’Administration territoriale qui réélisent IBK, président du Mali avec 67,17% contre 32,83% pour Soumaïla Cissé. C’était à la faveur d’un point de presse au QG de la Coalition Restaurons l’espoir en présence de quelques militants qui scandaient : « Soumaïla président », « IBK, voleur de suffrage ». Certains tenaient également des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Respecter le vote des Maliens », « Touche pas mon vote ».
Selon Tiébilé Dramé, le directeur de campagne du candidat battu, les résultats annoncés par le ministère ne reflètent pas la vérité des urnes et le vote des Maliens.
« Ces résultats, publiés par le camp du président sortant, résultent d’un trucage monstrueux, de la manipulation des suffrages des Maliens, d’un bourrage d’urnes d’une autre époque », a déclaré M. Dramé, en s’appuyant sur une vidéo de près de deux minutes montrant deux individus enturbannés en train d’accomplir le processus de vote. Il précise que l’acte, qu’il a qualifié de « bourrage d’urnes », s’est déroulé à Kidal sans plus de détail sur le bureau de vote.
« Le 12 août, date du 2e tour, est un jour noir pour le Mali. Ces élections sont un recul pour de la démocratie malienne. C’est un jour triste pour le peuple qui a payé le prix fort de l’avènement de la démocratie afin que ses choix soient respectés », a rappelé l’opposant malien.
Tiébilé Dramé assure que l’opposition s’attendait à de tels résultats puisque le régime a tout entrepris pour en arriver là. Avant d’accuser le régime d’achat de conscience des électeurs, de falsification des résultats issus des urnes, d’attaque du système informatique de centralisation des résultats de l’opposition et d’intimidation des proches de Soumaïla Cissé. En fait, résume-t-il, « rien n’a été épargné pour détourner le vote des Maliens ».
Contre ces irrégularités qui ont entaché la sincérité du processus, le directeur de campagne appelle de nouveau à une vaste mobilisation populaire, pacifique et démocratique pour mettre la pression sur le gouvernement afin qu’il respecte le vote des Maliens.
« Nous ne serons pas à l’initiative de la violence dans le pays », déclare M. Dramé, avant de rappeler les différentes mobilisations que l’opposition a par le passé réussi à organiser sans qu’elles ne soient émaillées de violences. Indépendamment de cette action, M. Dramé affirmé que l’opposition va utiliser toutes les voies légales pour contester les résultats.
Enfin, il a affirmé que le candidat Soumaïla Cissé s’adressera au peuple malien cet après-midi de vendredi, sans plus de précision sur le lieu et l’heure de cette adresse.
L’opposition exprime sa colère dans les rues
Après le point de presse du directeur de campagne de Soumaïla Cissé qui a appelé à la mobilisation démocratique, pacifique et populaire, des centaines de militants du camp de l’opposition sont descendus dans les rues. L’axe, menant au Pont Fahd, en provenant du Palais des sports de Bamako, a été envahi par le cortège des manifestants et la circulation assez perturbée sur cette ligne. Plusieurs usagers, de peur d’être confondus avec les manifestants, ont préféré rebrousser chemin ou emprunter d’autres axes.
Sur des motos ou dans les véhicules, les manifestants en cortège scandaient « IBK, voleur », « Soumaïla président », « Boua ba bla », de même que leurs pancartes, on pouvait lire « Respectez à nos voix », « Ne touche pas à mon vote », etc.
A la tête des manifestants, on pouvait reconnaître des leaders de la Plateforme « An te A bana, ne touche pas à ma constitution », dont Ibrahim Kébé. Ils expliquent que l’objectif de la manifestation est de montrer pacifiquement qu’ils ne sont pas d’accord avec les résultats proclamés par le ministère de l’Administration territoriale. Ils estiment que leur vote n’a pas été pris en compte, sinon assurent-ils, IBK ne peut être pas réélu comme affirmé par le ministre Mohamed Ag Erlaf.
Sur sa moto, tenant une photo de campagne de Soumaila Cissé, un manifestant habillé en T-shirt rouge estime qu’il y a eu bourrage d’urnes de la part des autorités politiques à la solde du candidat IBK. D’un ton à peine audible, à cause des klaxons des motos, des voitures et du bruit des vuvuzelas, ce jeune manifestant indique que « si le camp d’IBK veut la paix, qu’il quitte le pouvoir. Ils ont montré leur limite. On a assez souffert. Pendant cinq ans, ils n’ont rien fait dans le sens du développement de notre pays ».
Par Sikou BAH
Info-Matin