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Réseaux sociaux : Opportunités et dangers

La toile mondiale permet de se connecter au monde entier et offre des possibilités à l’infini. Elle vous expose aussi aux abus et aux mauvais coups de malfaiteurs tapis derrière leurs écrans. Notre pays est à la recherche de solutions pour réguler l’Internet

Les réseaux sociaux, plateformes virtuelles de diffusion et d’échange de textes, d’images ou de vidéo, sont plus populaires que jamais. Sur les 3,43 milliards d’utilisateurs d’Internet dans le monde, 2,28 milliards de personnes (environ un tiers de la population mondiale) visitent régulièrement les réseaux sociaux. Parmi eux, Facebook enregistre le plus grand nombre de clics mensuels. Ces plateformes sont pourtant inondés de pirates, de cybercriminels et de vendeurs de données. Exposant ainsi les usagers à des menaces permanentes comme les abus de confiance, l’intimidation, le harcèlement, l’usurpation d’identité, la diffamation. Comment comprendre de telles déviances sur ces réseaux, surtout Mali ? Comment protéger nos concitoyens contre ces abus ?
Issoufi Dicko est le président de l’Association des blogueurs du Mali. Chargé de la communication de l’Observatoire des organisations de la société civile des états membres du Liptako-Gourma, il travaille sur les questions de sécurité, de paix et de gouvernance. Selon ce bloggeur, l’essor des réseaux sociaux s’est caractérisé par un développement des libertés fondamentales, en ce sens que davantage de personnes ont désormais droit à la parole sur le nouvel espace public que représente Internet. Cette possibilité offerte à tant de personnes n’est pas, à en croire l’expert, sans conséquences quand on sait que beaucoup n’ont pas atteint un bon niveau d’éducation et de compréhension des enjeux contemporains. S’y ajoute le fait que les utilisateurs sont majoritairement jeunes. Pour lui, ils sont alors en proie à la fougue et ne semblent pas doter des clés pour décoder les risques liés à tout ce qu’ils peuvent publier. D’où l’importance, de l’avis de Dicko, d’encadrer le secteur.
Rencontré à Bamako en marge du Forum sur la gouvernance d’Internet au Mali tenu en début du mois, Koffi Fabrice Djoussou, assistant technique à l’Union africaine, est spécialiste du numérique. Cet expert propose, pour éradiquer les abus sur les réseaux sociaux, une éducation de nos communautés dans leur ensemble et des usagers à l’utilisation des réseaux. Cela, en vue d’une utilisation plus responsable de ces outils numériques. Il conseille aussi d’outiller les acteurs en mettant à leur disposition des éléments juridiques leur permettant de comprendre les conséquences devant découler des activités qu’ils mènent dans ce monde virtuel.

SENSIBILISER ET INFORMER- Pour Dr Mamadou Gouro Sidibé, il importe, en la matière, de sensibiliser, informer les populations à travers les différents canaux de communication, y compris via les réseaux sociaux eux-mêmes. Le fondateur de l’application mobile Lenali propose d’élargir la sensibilisation aux élèves et étudiants, en les informant des dangers liés à l’utilisation des outils numériques. Car, « tout ce que l’on dit aujourd’hui sur les réseaux sociaux peut être utilisé contre nous-mêmes demain. On peut entrer en conversation avec quelqu’un sans savoir qui il est en réalité. Il faut absolument cette sensibilisation dans les groupes, sur les réseaux sociaux et par tous les canaux de communication », insiste l’expert. Il plaide aussi pour l’instauration de lois protégeant les utilisateurs, tout en les empêchant de nuire à autrui. Aussi demande-t-il aux acteurs du secteur de prendre leur responsabilité, en développant des possibilités permettant d’alerter le concepteur en cas d’abus et d’y faire face dans les meilleurs délais.
Pour faire face à cette situation, la collaboration entre les organisations de la société civile et les pouvoirs publics est nécessaire afin d’amener les usagers des réseaux sociaux à publier des contenus qui tiennent compte de l’éthique, préconise Issoufi Dicko. Leur formation, surtout en milieu scolaire, est d’une impérieuse nécessité. « Elle pourra se faire sous la forme de blog-camps au cours desquels les fondamentaux sont transmis en termes de valeurs et d’écriture web », propose le bloggeur. Il trouve urgent, face à la cybercriminalité, l’atteinte à l’honorabilité des usagers, l’attentat à la pudeur et bien d’autres dangers, d’apprendre aux jeunes à identifier les faux profils, à sécuriser leurs profils de façon à ce que des individus malveillants ne puissent pas les utiliser à des fins criminelles.
Contactée par nos soins, l’AMRTP fait savoir qu’elle ne gère pas les aspects concernant les réseaux sociaux. Intervenant dimanche dans un débat sur l’ORTM, le directeur du département des Tic précise : « Notre rôle, c’est de développer l’accès à Internet, aux réseaux. Nous n’avons pas vocation à réguler, interdire ou bloquer les réseaux ». Toutefois, si on est libre de diffuser une information sur les réseaux, on est aussi responsable de cette information que l’on diffuse, rappelle Mohamadou Zarou. « En la matière, les textes en vigueur au Mali peuvent, je suppose, condamner ou saisir une personne qui diffuse une fausse information ». Mais il n’existe pas un texte spécifique relatif à la régulation des réseaux, insiste le technicien. Rappelant que la loi sur la cybercriminalité, en cours d’adoption à l’Assemblée nationale, essaie de transposer les crimes que l’on connait aujourd’hui dans le monde physique : viol, escroquerie, etc. dans le cyber espace.

UNE SOLUTION ? Pour sa part, la directrice technique et du contrôle à l’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP) reconnaît qu’un réseau social entre dans le cadre du traitement des données à caractère personnel. Une donnée personnelle étant, précise Mme Sow Ahminata Sidibé, toute information permettant d’identifier directement ou indirectement un individu à travers la photo ou combinant toutes les informations le concernant. En la matière, l’Autorité ne dispose d’aucun moyen de contrôle ou de pression sur les réseaux sociaux « qui sont au niveau international », avoue-t-elle. Par contre, un réseau social développé au Mali doit être conforme à la loi nationale. Celle-ci exige des personnes physiques ou morales qui décident d’en développer sur le territoire national, d’accomplir des formalités auprès de l’APDP. Ces formalités sont relatives à la transparence, à l’usage qui sera fait des données collectées, à la durée de conservation des informations des utilisateurs, etc. L’Autorité peut veiller au respect et à la mise en œuvre de ces directives.
L’alternative la plus crédible serait alors le projet de loi sur la cybercriminalité qui cible, selon l’ancien ministre Gaoussou Drabo, un certain nombre d’infractions pénales ou spécifiques qui ont trait aux Tic ou commises à l’aide des Tic. Ainsi, la justice serait à l’aise pour punir par exemple quelqu’un qui se rendrait coupable d’incitation à la haine, d’une atteinte à la liberté, à la dignité humaine. Du moment où cette atteinte est faite dans ce réseau social, le juge peut se saisir du problème. Il faut donc, selon le membre de la Haute autorité de la communication, cette loi pour que la justice ait les mains libres pour punir ceux qui commettent des dérives sur les réseaux sociaux.

Babba B.
COULIBALY

Source: L’Essor-Mali

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