C’est une lapalissade de dire que la situation sécuritaire dégénère dans le septentrion malien. Tabankort, Ber, Almoustrat, Intillit, Gao, etc sont, ces derniers jours, sous le feu meurtrier des séparatistes auxquels les mouvements unionistes opposent une résistance farouche et héroïque. Tout cela devant une étonnante indifférence des autorités et des forces vives du pays. Pendant ce temps, la MINUSMA s’érige en protecteur de ceux qui ont pris les armes contre le Mali.
Le communiqué souligne que « la Minusma prendra les mesures nécessaires pour le redéploiement de ses forces en remplacement de toute présence armée et ce, en vue de la protection des populations civiles ».
Or, il est établi que ce sont les mouvements unionistes tels que le GATIA, les CMFPR, le MAA, qui assurent la protection des populations civiles dans plusieurs localités du vaste espace désertique du Nord malien. Comment comprendre alors que l’action salvatrice de ces mouvements fort justement dits d’autodéfense soit mal vue par la MINUSMA ? La mission onusienne veut-elle assister en spectatrice impassible face aux massacres et autres sévices sur les pauvres populations ?
L’on se demande pourquoi la MINUSMA n’a pas daigné établir une « zone de sécurité » à Kidal et dans d’autres localités occupées par les terroristes et jihadistes du MNLA, du HCUA et de leurs complices d’AQMI.
Double langage de la MINUSMA
Tout porte à croire que la mission onusienne n’est pas pressée à voir cette crise aller à son dénouement. Une crise qui, il faut le reconnaître, est bien entretenue dans certaines chancelleries occidentales. Les mêmes qui constituent la cheville ouvrière de la MINUSMA. Il faut donc que le peuple malien comprenne que la crise malienne a atteint une dimension qui nécessite qu’il se lève pour prendre lui-même son destin en main. En criant son ras-le-bol contre le double langage et les complicités sournoises de la MINUSMA et ses alliés.
Le gouvernement malien doit aussi apporter le soutien qui siedaux mouvements unionistes, qui consentent beaucoup de sacrifices pour sauver ce qui peut l’être. Un travail que nos plus hautes autorités semblent superbement ignorer.
En effet, après sa visite des 23 et 24 janvier à Tabankort, où elle s’est rendue compte des dégâts humains (blessés et massacres) occasionnés par les séparatistes et terroristes, la MINUSMA a procédé à l’évacuation d’un nombre important de victimes civiles, parmi lesquelles des blessés dans un état critique.
Dans son communiqué, la mission onusienne a annoncé que « les affrontements de Tabankort constituent une violation flagrante du cessez-le-feu et dit avoir engagé des discussions techniques avec les responsables militaires de la Coordination et de la Plateforme, pour que soit mis un terme aux hostilités. Les modalités techniques devant conduire à épargner la vie de la population civile et du personnel de la MINUSMA concernent le respect par les parties d’une « zone de sécurité » placée sous le contrôle exclusif de la MINUSMA et au sein de laquelle la circulation de toute arme est interdite aux parties concernées. La MINUSMA exhorte toutes les parties concernées à respecter scrupuleusement leurs engagements à résoudre leurs différends par la voie du dialogue, notamment dans le cadre du Comité technique mixte de sécurité (CTMS), auquel elles ont adhéré à travers l’Accord préliminaire de Ouagadougou « .
Manifestations de protestation
Cette décision de création de cette « zone de sécurité » entre Tabankort et Almoustrat est hautement préjudiciable aux mouvements unionistes. Esseulés sur le front face à des terroristes qui n’ont aucun égard pour la vie des paisibles populations, les mouvements unionistes seront limités dans leurs mouvements de poursuite par cette décision.
En clair, cette « zone de sécurité « entraîne de facto un désarmement des mouvements de sauvegarde de l’indivisibilité du pays. D’où les légitimes manifestations de protestation des ces dernières quarante huit heures des populations de Gao, la grande ville du septentrion malien.
Ce réveil doit inspirer tout le peuple malien à prendre son courage à deux mains afin de montrer à la communauté internationale qu’il en a assez de la manière dont cette crise est gérée.
Bruno D. SEGBEDJI
Source: L’Indépendant