Mardi 15 mai 2018, les étudiants dakarois sont descendus dans les rues afin de réclamer leurs droits, les bourses. Cette marche, à vocation pacifique, s’est dégénérée en opposition entre étudiants et force de l’ordre. Au cours de cette altercation, un étudiant a perdu la vie.
Comme toujours, les étudiants sénégalais ne reçoivent leurs bourses que sans battre tambour et balafon. Les bourses prennent énormément de retard. Les étudiants mènent une vie misérable par faute de moyens de subvenir à leurs besoins. Les bourses qui doivent leur permettre d’assouvir au moins quelques besoins primaires, pour les avoir, il faut qu’ils descendent dans les rues.
Aux dires de notre correspondant sur place à Dakar, Seydina Pathé, chercheur connu sous le nom Ciskovery, les bourses prenant du retard et avec le mois de carême qui s’approche, les étudiants ont vu la nécessité de rappeler l’Etat de leurs droits en organisant cette marche pacifique le mardi. À cette occasion, des passages avaient été bloqués par les manifestants. Mais, tout compte fait, à la surprise de tous, les forces de l’ordre se sont mêlées de la danse et ont tiré à balles réelles sur les étudiants, dit-il. Ils ont procéder à des jets de gaz lacrymogènes sur ces sans défense. Ce qui a fait tourner la manifestation en drame en faisant un mort. Comme nous dit notre correspondant : « La répression policière non maitrisée et vraiment catastrophique arrive à faire des morts. » Il poursuit en précisant la victime issue de cette marche : « La victime s’appelait Fallou Sène. étudiant en Licence 2 français à L’UGB (Université Gaston Berger) de Saint Louis 2, la plus grande université du Sénégal », affirme-t-il.
Rappelons que ces genres de manifestations sont quasiment une monnaie courante au Sénégal, explique-t-il. À chaque fois que les étudiants se sont levés pour se manifester afin de réclamer leurs bourses, ils ont eu à faire à la répression policière. Ces répressions ont toujours fait des morts. « Il y a eu Balla Gaye qui est mort dans ces conditions il y a quelques années, Bassiour Faye encore plus recemment, Fallou Sène aujourd’hui »,nous dit Ciskovery.
Tout ce que nous pouvons retenir, avance-t-il, c’est que ces problèmes sont incompréhensibles et écœurants. S’agit-il d’un manque de formation des forces de l’ordre ? Nous ne pouvons rien confirmer, sauf que ce sont des bavures, martèle-t-il. Aux dires de Seydina Pathé, « C’est de l’irresponsabilité de l’État, de l’insouciance, du manque de patriotisme, si nous savons ce que représente un étudiant. » « Dans un pays sérieux », les étudiants sont mis dans les conditions minimums du travail afin qu’ils puissent participer à la construction de leur patrie, mais s’il faut que l’État néglige ces derniers et croise les bras en attendant qu’ils descendent dans les rues pour ensuite les tuer indignement, c’est vraiment regrettable, déplore-t-il.
Cette situation à Dakar mérite assez de réflexions sur la gestion des bourses des étudiants puisque ce problème existe dans beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest. Les bourses tombent suffisamment en retard. Ce qui ne permet pas à certains étudiants de continuer à suivre les cours régulièrement. Ce retard pousse des étudiantes à la prostitution afin de subvenir à leurs besoins. Quelque chose qui doit être donné à la fin de chaque mois, s’il faut attendre 5 à 6 mois pour l’avoir, c’est vraiment regrettable !
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays