Le 29 décembre 2017, Naomi Musenga meurt à Strasbourg des suites de douleurs de ventre. Elle a contacté le Samu. Mais par la négligence de cette unité mobile de prise en charge, la patiente succombera quelques heures plus tard à l’hôpital. Quatre mois après, la famille de la victime porte plainte après avoir mis la main sur l’enregistrement de l’appel entre leur fille ou sœur et son interlocutrice qui se moquait d’elle.
Dans l’enregistrement, malgré que Naomi insistait sur la gravité de son état et partant l’impossibilité pour elle d’appeler SOS médecin, son interlocutrice insiste et lui dicte le numéro de SOS médecin afin qu’elle l’appelle. L’intervention de l’interlocutrice s’est effectuée dans un ton agacé et humoristique. Ce qui laisse supposer cette négligence dont il est question. S’il faut reconstituer les faits, on se rendra compte que la procédure a été trop longue. Naomi a commencé par contacter la police, qui a transmis son appel aux pompiers. Ces derniers ont ensuite appelé le Samu qui, à son tour, lui a recommandé de contacter SOS médecin qui a fini par rappeler le Samu. À ce titre, le procureur de la République ainsi que la direction générale universitaire de Strasbourg ont été saisis et des enquêtes administratives ont été ouvertes.
La famille demande que toute la lumière soit faite sur cette affaire afin d’empêcher qu’un tel drame se reproduise. Voici ce que dit la grande sœur de Naomi : «Elle était seule, elle disait qu’elle allait mourir, ses draps étaient souillés. Personne ne devrait mourir dans ces conditions! Aujourd’hui, il faut que ça se sache. Naomi, en tant qu’être humain, tout simplement, avait le droit d’être secourue, d’être prise en charge. Cela ne doit plus se reproduire.»
Pour l’instant, l’opératrice qui a eu Naomi au téléphone et s’est moquée d’elle malgré qu’elle faisait savoir qu’elle allait mourir a été suspendue. Des agents du Samu du Bas-Rhin ont porté plainte à cause des menaces qui se multiplient autour d’eux sur les réseaux sociaux ainsi les appels avec des menaces d’agression. Sylvain Poirel, délégué CGT, indique que «quatre agents ont été menacés directement sur les réseaux sociaux et une sur les quatre n’a pas pu rentrer chez elle par crainte de représailles d’individus présents sur le lieu de son domicile». Toutefois, une marche pacifique en hommage à cette jeune demoiselle morte a eu lieu hier le mercredi 16 mai 2018.
Notons que la vie des opératrices devient de plus en plus un calvaire pour elle si nous savons qu’elles essuient jour et nuit des injures et d’autres formes d’agression sur les réseaux sociaux. Toute leur adresse a été dévoilée sur le net par des internautes furieux. Au micro du journal le Monde, Sylvie L., une opératrice, se confie : « Je dors deux heures par nuit, je me réveille en pleurs, je suis au bout du rouleau. J’ai 57 ans, mon mari ne veut pas que je sorte seule, il a peur lui aussi. Je ne sais pas comment je tiendrai le coup. On ne peut pas sortir indemne de ces calomnies. » De son côté, Émilie L., une autre opératrice évoque son calvaire : « On me souhaite de mourir carbonisée. » Elle poursuit en ajoutant : « Je n’ai plus envie d’exercer ce boulot, que j’aime tant. J’ai toujours bataillé pour être une fille droite, juste, indépendante, serviable. Tout ça pour être écrasée comme une merde. Tout ça pour une faute que je n’ai pas commise. » Quant à Cécile F., elle a été obligée de quitter la région en déscolarisant ses enfants et pour motif « On fait ‘’du ‘’ quarante appels à l’heure, et quand on arrive à faire deux pauses pipi dans la journée, on est content. On ne peut plus travailler dans ces conditions. Il y a eu un drame et c’est dommage qu’on doive en arriver là pour être entendus. »
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays