Dans l’un des recueils des aphorismes et procédés du Sceau des prophètes (PSL), il est, entre autres, rapporté ces propos : «J’avais trouvé une datte sur mon lit, j’étais atteint par l’insomnie à cause d’elle». Et le théologien qui a rapporté ces dires, d’ajouter : «et le Messager veilla sa nuit».
Pour les exégètes, cette attitude du Guide de l’Islam appelle le fidèle à se soucier de la manière dont il gagne sa vie, et de l’origine des profits qu’il réalise au cours de ses différentes activités. Il devrait en être ainsi de l’homme dans le besoin, qui fait converger tous ses efforts vers l’objectif ultime d’une reconnaissance sociale. Dans bien des cas, il ne se préoccupe guère des moyens mis en œuvre pour y parvenir, qu’ils soient licites ou non. Il est à ce sujet des remarques du Messager selon lesquels : «le licite est clair et l’illicite est aussi clair. Entre les deux, il y a des choses douteuses».
A ce propos, les théologiens convient les êtres doués de raison à assister aux assemblées tenues par les docteurs de la foi, afin de s’instruire dans la religion, et de s’éloigner des choses douteuses. Les exégètes comparent en cela l’homme à un pâtre et l’âme inculte à un troupeau. Les choses douteuses de la vie sont comparées aux territoires qui voisinent avec des domaines privés. Quand l’homme se complaît dans les choses douteuses, son attitude évoque le fait de laisser le troupeau paître au bord des domaines privés. Une vigilance plus accrue s’impose alors à ce berger, s’il ne veut pas courir le risque de voir la propriété privée envahie par le troupeau et en assumer les conséquences.
Pour le théologien, les transgressions s’assimilent au franchissement du domaine privé défini par le Très-Haut. Dans son activité quotidienne, l’homme qui côtoie ainsi ce qui est blâmable finit par tomber dans le domaine de l’illicite. Les oulémas rappellent à ce propos que l’homme n’atteint la vraie piété que lorsqu’il renonce à ce qui n’est pas dangereux par crainte de ce qui l’est, dans le souci de se fixer des limites. Cette ligne a été adoptée par la sagesse populaire qui exhorte ainsi : «dans le doute, abstiens-toi». Si l’homme ne s’obstine pas dans l’erreur, il peut trouver son chemin, car, lui est-il rappelé dans les Révélations : « Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre ». (6:38). Il est d’autres exhortations du Messager appelant à se préoccuper des conditions matérielles de sa vie. «Il viendra aux gens un temps où l’homme ne se souciera plus si ce qu’il prendra est licite ou illicite». Cette recommandation renforçait l’injonction faite aux messagers qui devaient être des repères pour leurs concitoyens. « Messagers, mangez de ce qui est permis et agréable et faites du bien. Car Je suis parfaitement au courant de vos actes ». (23:51).
En rappelant que les exigences de la vie conduisent aux contacts entre courants de pensée et traditions, les oulémas soulignent que l’islam ne saurait renier ses valeurs pour autant. Car les concepts de licite et de l’illicite sont connus de tous les peuples, bien qu’ils ne coïncident pas sur tous les points. « Si la vérité était conforme à leurs passions, les cieux, la terre et ce qui s’y trouve seraient certainement corrompus » (23:71) est-il rappelé dans le Livre sacré.
A. K. CISSé
Source: Essor