Le renvoi, en octobre dernier, de ces 14 étudiants maliens des universités algériennes pour « manque de bac » ou « bac non conforme » doit interpeller nos plus hautes autorités ; mais aussi, les parents tombés, consciemment ou inconsciemment, dans le piège d’une mafia tapis dans l’ombre du ministère de l’Enseignement Supérieur. Une honte supplémentaire pour notre pays. Dont la crédibilité est, fortement, entamée ; non seulement en Afrique, mais Outre-Atlantique.
Arrangement ! C’est le mot le plus usité dans notre pays durant ces vingt dernières années. Le mot qui « arrange » les partisans de moindre effort. Tout s’arrange dans notre pays : les marchés publics, les diplômes, les examens, les décisions de justice, les nominations au sein de l’administration publique, les soins dans les hôpitaux et même des tombes dans les cimetières…
Tout est sujet à négociation dans notre pays. A condition de délier les cordons de la brousse, pardon de la bourse. Tout s’achète contre espèces qui sonnent en trébuchant. La pratique est, tellement, ancrée dans les gênes du Malien, qu’il a du mal à s’en défaire.
On arrange tout. Même dans la formation de nos soldats, de nos gendarmes, de nos éléments de la Garde Républicaine, de nos policiers. Sans nous soucier des conséquences d’une pratique sur la sécurité de notre pays, sur son avenir proche ou immédiat. On s’arrange partout, sur terre, sur mer et dans les airs. Parfois même, au-delà de l’au-delà. La compétence, l’honnêteté, l’intégrité… ont été reléguées au second plan, au profit du népotisme, de la corruption. Nous vivons, aujourd’hui, dans un monde de compétition. Mais, au Mali on s’en foot. Censée assurer la relève de demain, la jeunesse malienne semble se satisfaire avec des diplômes achetés. Ou des diplômes acquis sur la base de notes, sexuellement, transmissibles. Certains se retrouvent avec des maîtrises en droit, alors qu’ils n’auraient jamais mis les pieds dans une faculté de droit. Le syndrome des faux diplômes et des vrais-faux diplômes règne partout. Souvent, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat.Avec les résultats que l’on sait. « Le ministère des Affaires Etrangères de la République Algérienne, Démocratique et Populaire…. a l’honneur de vous (NDLR : l’ambassade du Mali à Alger) faire parvenir la liste et les dossiers des candidats maliens non retenus par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique pour une formation supérieure en Algérie au titre de l’année 2014-2015 », peut-on lire dans une lettre – dont le Canard déchaîné s’est procuré copie – envoyée le 22 octobre dernier aux autorités maliennes par leurs homologues d’Alger. En réalité, ces 14 étudiants, dont nous publions ci-dessous la liste, n’ont aucun niveau pour suivre les cours dans les facultés dans lesquelles ils ont été inscrits. Dix d’entre eux ont été renvoyés pour « manque de baccalauréat ». Et les quatre autres pour « baccalauréat non conforme ».
En clair, ces 14 étudiants, ou supposés comme tels, ont été renvoyés d’Algérie parce qu’ils auraient été, irrégulièrement, inscrits dans ces facultés algériennes. C’est-à-dire, sans le minimum : le bac.Ce pied de nez du ministère algérien de l’Enseignement supérieur aux autorités maliennes doit interpeller les plus hautes autorités maliennes. A commencer par le ministère malien de l’Enseignement supérieur où, des fonctionnaires attribuent les bourses d’études au plus offrant. Réveillez-vous, comme diraient les témoins de Jéhovah ! Car cette fois-ci, c’est une magouille de trop. Une honte de trop, pour notre pays et son système éducatif, réputé, jadis, comme le plus performant de la sous-région, voire du continent africain. Réveillez-vous ! Car cette fois-ci, le mal frôle la gangrène. Un seul remède : amputer. Avant que ce cancer ne gagne tout le corps de notre pays.
Oumar Babi
source : Canard Déchainé