La nouvelle rentrée scolaire s’annonce pour bientôt. Les préparatifs sont en cours par les parents, les autorités scolaires et les élèves. Il est de notre devoir en tant que professionnels de l’éducation de nous prononcer sur l’important rôle que joue l’éducation dans une société. Rappelons qu’en février dernier il y a une conférence internationale à Dakar. La dite conférence a été coprésidée par le président sénégalais Macky Sall et celui de la France Emmanuel Macron. Cette conférence visait à fournir plus d’effort pour financer l’éducation qui est la base de tout développement. L’éducation reste toujours un défi majeur.
L’éducation n’est pas seulement « décrocher un diplôme pour trouver un emploi », dit-on. C’est bien plus que cela. L’avenir d’une nation est déterminé par son niveau d’éducation. Au Mali, la Loi d’orientation du 28 décembre 1999 sur l’éducation stipule en son article 5 ce qui suit: « l’école est le cadre de création, de transmission, de construction et de développement des connaissances. A ce titre, elle a pour mission d’éduquer, d’instruire, de socialiser et de qualifier les femmes et les hommes en vue de leur permettre de conduire leur vie personnelle et collective, civique et professionnelle ».
Clarifions certaines terminologies pour mieux comprendre.
Eduquer : dans l’éducation, vous avez la formation, l’instruction, la socialisation
Formation : on vous donne des connaissances théoriques et/ou pratiques qui vont vous permettre d’exercer une activité quelconque. Par exemple, apprendre à conduire, à maitriser les incendies, à bien s’exprimer en public etc.
Instruction : elle relève de la transmission des connaissances. Lors d’une formation, on vous donne des instructions pour que vous puissiez vous former. L’enseignant ou le formateur vous dit comment exécuter une tâche. Elle est en soi une connaissance.
Socialisation : nul ne peut vivre en harmonie sans les autres, c’est la raison pour laquelle il faut apprendre à l’individu des connaissances lui permettant de se sentir au sein d’un groupe.
Formation, instruction, socialisation : doivent te permettre de réussir sur le plan professionnel (être capable de bien mener une activité, de créer), de bien gérer sa propre vie et avec les autres (amis, parents, collègues, conjoints, etc.), de respecter les limites des autres pour être enfin un bon citoyen. Selon Nelson Mandela, « l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde ».
L’éducation, un défi à relever
On parle beaucoup de l’éducation, mais elle relève d’une tâche très lourde et complexe. Toute société humaine qui se veut organisée et qui veut poser les bases d’un développement durable doit avoir une bonne planification éducative. L’éducation relève de l’action des générations passées (adultes) pour impacter sur la jeune génération en vue de leur insertion sociale en apportant des améliorations. La génération passée dotée de bonnes expériences (vécus), de savoirs (compétences), de savoir-faire (performance) et de savoir-être (attitude) doit être dans la logique d’une transmission de ces savoirs afin que les jeunes se sentent reconnus dans la société dans laquelle ils vivent. L’insertion sociale se manifeste différemment selon les réalités de chaque société tout en adoptant un modèle compatible. Eduquer, c’est socialiser, valoriser et promouvoir le vivre-ensemble.
Dans un pays, ce sont de grandes et permanentes institutions qui servent d’esprit et d’âme pour l’éducation. L’éducation est l’image anticipée de la vie future du jeune homme ou de la jeune femme car elle montre un model à suivre.
Vous comprenez que l’éducation c’est plus que décrocher un diplôme pour trouver un emploi. La qualité de la gestion de la chose publique dépend du niveau et de la qualité d’éducation des travailleurs. Ne pas voler les ressources de son pays relève de l’éducation, tromper la masse populaire pour gagner une élection relève de l’éducation. Les conflits conjugaux et familiaux que nous vivons de nos jours relèvent aussi d’une pauvreté accrue en éducation. Certes il y a de l’éducation, mais pas de la bonne qualité. On peut être mal éduqué.
La transmission sociale ne se fait pas de façon hasardeuse, c’est la raison pour laquelle il y a un aussi un modèle pédagogique pour transmettre ces savoirs. Comment transmettre ces savoirs est l’œuvre de la pédagogie, ici les enseignants sont interpellés. Être enseignant, c’est : connaissance + compétence pédagogique + éthique/morale professionnelle, donc n’importe qui ne peut s’en charger.
Pour donner plus de sens à l’éducation, elle a été formalisée par la création des centres d’éducation ou écoles pour que nous puissions tous nous y retrouver et socialiser. Avec la formalisation de l’éducation, le rôle proprement dit des parents en tant que premiers acteurs doit être vu de près. L’éducation n’est pas seulement entre les 4 murs d’une salle de classe. Les expériences de la vie sont des sources de savoir.
Ne vous souciez pas d’acheter une belle voiture, une belle maison, un téléphone portable de marque pour votre enfant, offrez-lui une éducation de qualité, il s’en chargera du reste. Dans le cas contraire, il sera un problème pour lui-même et pour les autres. Plus la société s’appauvrit en éducation de qualité, plus les problèmes sociaux se multiplient. Comme l’a dit le père de l’indépendance du Mali, Modibo Keita : il faut décoloniser les esprits. Les esprits colonisés ne sont pas libres d’action. Donc, que chacun s’y engage.
Bonne rentrée !
Yacouba Dao