Les religions, en général, n’envisagent le sexe ou la sexualité que dans le cadre du mariage. Cela pose un grand pan de la problématique. L’islam et le christianisme préservent-ils le droit sexuel ? Que disent-ils à propos de la santé sexuelle et reproductive ?
Selon Père Basile Essofa Kondoh, de la congrégation des Missionnaires d’Afrique, directeur des Études de l’Institut de Formation Islamico-chrétienne (Ific) basé à Bamako, la sexualité est un terme riche et assez général qui peut être appliqué aux humains comme aux animaux. « Ce terme ne se réduit pas seulement aux rapprochements des sexes (l’acte sexuel) comme le pensent certains, bien entendu il couvre une réalité plus vaste », dit-il.
Pour sa part, Mohamed Elkhalil, musulman, pense que la satisfaction sexuelle est très importante dans l’islam raison pour laquelle le prophète Mohamed (PSL) a interdit à tout homme impuissant sexuel de se marier. « En islam, le mariage est interdit pour un homme impuissant. Dans le mariage, la santé sexuelle a une valeur très importante. C’est un atout car chaque devoir sexuel accompli dans le couple a des récompenses auprès de Dieu », précise-t-il.
La sexualité est « l’ensemble des caractères, dispositions ou comportements spécifiques ou physiques qui différencient les sexes, les individus mâles et femmes », précise père Basile. « C’est l’ensemble des comportements et relations entre les humains. Ce qui détermine et oriente la vie de la personne humaine. Voilà là une saine sexualité ».
Le directeur de l’Ific fait ressortir que la génitalité ou mieux la procréation est un aspect de cette sexualité. « Cette génitalité ou cette procréation lorsqu’elle est vécue dans les conditions normales avec bonne conscience et responsabilité est un atout, un vrai atout pour la société. Ici nous parlerons de paternité ou de maternité responsable. C’est aussi en ce sens que nous pouvons parler de santé sexuelle. Cependant, lorsqu’elle est vécue dans le sens de la simple jouissance, il y a un problème. L’homme devient une machine ou mieux un animal qui cherche seulement à satisfaire ses instincts. C’est ce qui provoque un déséquilibre à l’avenir de la société », ajoute l’abbé Kondoh.
« Le christianisme comme l’islam sont des religions monothéistes, révélées. Pour ces religions, la sexualité ne peut s’épanouir que dans le mariage (entre un homme et une femme). Le droit à la sexualité est réservé aux mariés légalement selon les normes et les conditions fixées par chaque religion », explique l’abbé Basile.
Quant à Mohamed Elkhalil, il dit oui, « si je comprends bien le devoir sexuel est une intimité entre toi et ton conjoint et ta conjointe, tu n’as pas le droit de la divulguer à qui que ce soit. Le prophète Mohamed (PSL) dans un hadith dit que celui qui divulgue sa vie sexuelle sera maudit par lui ».
Dans la Bible, dans l’Ancien Testament, il est dit : Gn 1, 28 : « Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et tous animaux qui vont et viennent sur la terre ». Le Nouveau Testament de la Bible ajoute : 1 Tm 5, 14 : « Je veux donc que les jeunes se marient, qu’elles aient des enfants, qu’elles tiennent leur maison, sans donner aucune prise aux insultes de l’adversaire ».
« De ces deux versets, ajoute Père Basile, le droit de génitalité confié aux hommes et aux femmes ne se réalise et ne s’épanouit que d’abord dans le mariage ensuite et surtout dans la prise de conscience de la responsabilité que cela engendre. Responsabilité de l’un envers l’autre, responsabilité de l’éducation et de l’épanouissement des enfants, responsabilité de la nature, etc. ».
Le Coran, livre saint des musulmans, est pour l’islam la première référence et guide des croyants. Pour le Coran : Dans la sourate 39, 6 : « Il vous crée dans les ventres de vos mères, création après création ». Sourate 49, 13 : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez ».
Il existe plusieurs versets coraniques abordant le sujet, mais nous avons seulement choisi ces deux pour montrer à quel point c’est d’abord Dieu qui crée. « A Dieu revient l’initiative et la première responsabilité et ensuite Il le confie à l’homme pour l’entretenir. Voilà la mission de l’homme sur la terre. Le texte est clair, même si c’est dans le ventre de la femme que la création se forme, cela n’est aussi réalisable qu’avec la participation de l’homme », a-t-il défini.
« Sans trop aller dans les commentaires des différents théologiens qui abordent la question de différente manière, permettez-nous de nous limiter que sur la Parole de Dieu qui est la référence fondamentale pour les deux grandes religions. Nous dirons plutôt, c’est mieux d’aller boire à la source que de se contenter des intermédiaires », conclut le père Basile, directeur de Ific.
Pour Facoh Diarra, sociologue, « les religions révélées refusent d’avancer. Elles restent sur des dogmes. Il y a longtemps que le sexe n’est pas pratiqué seulement dans le couple. Il ne l’a jamais été d’ailleurs ».
Selon M. Diarra, les religions ont abondamment parlé de sexualité, car il fallait lutter contre les vices et les perversions. « Mais, ce n’est pas à leur niveau que l’on peut trouver les règles de promotion des droits sexuels », précise-t-il.
Aminata Agaly Yattara
Cet article a été publié avec le soutien de JDH journalistes pour les Droits Humains et FIT en partenariat avec la coalition des OSC/PF et Wildaf.
Source: Mali Tribune