Depuis plus d’un mois de fortes précipitations s’abattent sur la commune urbaine de Tombouctou, provoquant des inondations par endroits. Dans des rues l’eau stagne, rendant les déplacements difficiles. Certaines habitations sont au milieu des eaux et leurs occupants ont été obligés de quitter pour se mettre à l’abri soit chez des parents ou des voisins moins exposés.
Ces pluies à intervalles rapprochés ont fait 5 blessés dont une femme et des enfants. Pour ceux qui connaissent les matériaux de construction et la qualité du banco pour construire les maisons dans le style traditionnel, il y a lieu de s’inquiéter. A Tombouctou, les eaux de pluie ont occasionné de nombreux dégâts : 138 maisons effondrées, 488 ménages touchés affectant du coup 3769 personnes.
L’eau a englouti des cases et détruit des vivres. Des animaux aussi sont perdus dans la nature. La liste n’est pas exhaustive. S’il continue à pleuvoir à ce rythme soutenu, les maisons à risque d’effondrement sont évalué à plus 310 dans la cité de 333 saints.
Il faut rappeler que dans la journée du 9 août, une pluie diluvienne, d’environ 61mm, s’est abattue sur la ville. Elle a été précédée par deux autres précipitations soit un cumul de 90 mm de pluies dans la même semaine. Le gouverneur de la région Koïna Ag Ahmadou, accompagné d’une forte délégation composée des autorités administratives et politiques, des services techniques (développement social, santé, assainissement), de la protection civile, des forces armées et de sécurité, s’est rendu à certains endroits de la ville de Tombouctou afin d’apprécier l’ampleur des dégâts. Cette visite de terrain a permis aux autorités de faire le constat des choses. C’est dans ce cadre qu’une équipe conjointe d’évaluation rapide composée des acteurs humanitaires et des services techniques avec l’appui des chefs de quartier a évalué les besoins prioritaires. Elle était composée de la Direction régionale du développement social et de l’économie solidaire (DRDSES), de la Direction régionale de la protection civile, du CRS, de l’AVSF/ADESAH, du HCR, de l’ACF, de l’OIM, d’IEDA-Relief et de la CRM.
L’équipe a dressé un bilan préliminaire des dégâts matériels. Dans un premier temps, le Service du développement social et de l’économie solidaire et la Direction régionale de la protection civile ont distribué des kits et des vivres aux familles sinistrées (mil, nattes, savons, bidons d’eau).
Selon certains observateurs, ça fait très longtemps que la ville de Tombouctou n’a pas connu de telles quantités de pluies. Le sexagénaire Amadou Talfidjé raconte :«avec les années de sécheresse consécutive, les voies que l’eau emprunte pour se déverser dans les marres sont obstruées. Les marres sont remblayées. Les autorités municipales et les services techniques ont distribué les terrains aux populations qui ont construit sur ces espaces. Tout est possible quand il n’y a pas d’eau mais quand il pleut en abondance, il faut s’attendre au pire».Pour étayer ses dires, le vieux utilise cette vérité en langue sonrhaï qui dit que l’on ne peut pas faire dévier l’eau de son cours normal. Un autre habitant trouve que ces inondations sont dues au manque de caniveaux de drainage des eaux et aussi la construction dans les bas-fonds et dans la servitude des marres.
Il n’y a pas que la ville de Tombouctou qui a été inondée. A Ber, commune située à 60km à l’Est de Tombouctou, le maire affirme que plus de 70 habitats se sont effondrés à cause des inondations. A Diré aussi, des maisons se sont écroulées comme des châteaux de cartes. Les sinistrés occupent les écoles de la ville.
La situation de Goundam est moindre que celle décrite à Diré. Dans les cercles de Niafunké et Gourma-Rharous, la situation n’est pas alarmante que dans les 3 cercles cités mais toute fois, les populations ne sont pas à l’abri des inondations car tous les jours qui passent, on remarque de fortes concentrations de nuages et une chaleur annonçant une pluie diluvienne.
Moulaye SAYAH
AMAP-Tombouctou
Source: Essor