Il n’est plus, ni à démontrer ni à prouver, que c’est l’élevage qui nourrit la population, la presque totalité de la population de la région de Kidal. Des éleveurs aux bouchers, en passant par les intermédiaires, les tailleurs, les commerçants de denrées de première nécessité, les transporteurs etc., tous dépendent de la bonne santé du secteur de l’élevage.

Or, dans la région de Kidal, il s’agit bien d’un élevage extensif qui doit profiter largement des avantages de la mobilité maximale. Ladite mobilité, déjà très sérieusement perturbée par l’insécurité depuis plusieurs années, est pendant la campagne agricole 2015-2016, davantage limitée par une pluviométrie très en-dessous des attentes.

L’irrégularité des pluies, dans le temps comme dans l’espace, a eu pour conséquences de vastes zones sans pâturages et sans eau.
Même si de nombreuses tâches désolées sont visibles partout, le cercle de Kidal qui a une position centrale dans la région, est le plus touché. Des puits habituellement bons, sont déjà secs. Ne parlons pas de ceux qui sèchent, même durant les bonnes années, au mois de mars.

Cette activité économique essentielle, comme pour enfoncer le clou, est en crise de bras valides. Les jeunes préférant aller ailleurs et les bergers salariés prétextant l’insécurité au moment où leur apport est indispensable pour les animaux qui changent leur zone habituelle de nomadisation.

Il ressort de cette situation un peu difficile, que les éleveurs de Kidal, sans une assistance diligente, importante, variée et adaptée, franchiront difficilement la soudure d’avril à juin 2016, avec l’espoir que le mois de juillet 2016 soit à la hauteur des attentes.

Pour le moment, la seule lueur blanche dans le sombre tableau demeure l’évolution sécuritaire positive qui se dessine et qui, si elle devient effective, ce qui est le souhait ardent de tous, permettra aux Partenaires Techniques et Financiers, notamment aux humanitaires un meilleur accès à la région de Kidal.

Le risque est que, les quelques milliers de pasteurs de la région de Kidal soient noyés, donc oubliés dans un monde où les medias comme les partenaires sont déjà saturés par ce qui se passe en Afrique Centrale, de l’Est, du Sud et au Moyen Orient.
Mais, un dicton de nos éleveurs dit : « Chacun n’ira au point d’eau qu’avec seulement le bétail qu’il possède ».

Kidal, le 02 mars 2016
Ahmoudène Ag IKMASS
Député à l’Assemblée Nationale
Elu à Kidal Tel : 79 32 03 92