Du 20 au 21 septembre courant, une trentaine de journalistes s’étaient retrouvés au cœur de l’Union technique de la mutualité malienne (UTM). Les deux jours ont été consacrés au renforcement des capacités des hommes de médias sur cette thématique : « Problématique de financement et de protection sociale dans le contexte de la mise en place du régime d’assurance maladie universelle au Mali (RAMU) ». L’atelier de formation était organisé par l’ICP-Mali en collaboration avec la Fondation Friedrich Ebert. Occasion pour les experts cooptés d’éclairer la lanterne des participants.
Cet atelier a enregistré la présence du président de l’Initiative d’information, de Communication et de Plaidoyer sur la protection sociale au Mali (ICP-Mali), Ousmane Dao. À cette occasion, deux experts étaient conviés : Aliou Ouattara, chef division mutualité sociale, membre du groupe d’experts de la Direction nationale de la protection sociale et de l’Économie sociale (DMS/DNPSES), et Issa Sissouma, directeur général de l’UTM.
D’entame de ses propos, le président de l’ICP-Mali, Ousmane Dao, rappelle qu’un processus de réforme sociale visant à étendre la couverture maladie à l’ensemble de la population a, suite à la mise en place des groupes d’experts nationaux, été lancé depuis 2015. Au cours duquel, explique-t-il, des études et réflexions ont été faites. M.Dao estime que « nous sommes à un point où il faut aller avec l’opérationnalisation du RAMU ». Pour ce faire, des solutions doivent être trouvées à la problématique du financement de cette politique de protection sociale dans le contexte de mise en place du régime d’assurance maladie universelle au Mali (RAMU).
Toute chose qui justifie selon lui, la tenue de cet atelier d’information et de sensibilisation des hommes de médias autour de la question. À la différence des structures comme l’AMO et autres, dit-il, le RAMU est une structure qui s’adresse à l’ensemble de la population.
Dans son intervention, l’expert Aliou Ouattara tenait ces propos : « La protection sociale est l’ensemble des mesures par lesquelles la société entend protéger les citoyens contre les risques sociaux ». L’expert informe que la déclaration de la politique de protection sociale a été faite en 2002 par le gouvernement malien. Bref et concis, il ajoutera que la loi instituant le régime d’assurance maladie universelle au Mali a été adoptée en décembre 2018 par l’Assemblée nationale. Par l’intervention de ce dernier, les participants ont pu comprendre que les institutions chargées de la mise en œuvre de cette politique de protection sociale comportent : INPS, CMSS, CANAM, ANAM. Avec un ton serein et persuasif, il poursuit son exposé et fait savoir à la salle l’existence de deux acteurs intervenant dans la protection sociale : les acteurs publics tels que le ministère chargé de la question et ses services techniques régionaux, voire de cercles, et les acteurs privés composés des autres organisations. Sans ambages, M. Ouattara porte à la connaissance des journalistes qu’il n’existe pour l’instant, pas de texte définissant les conditions de financement de la protection sociale au Mali. En charge de présenter ce thème de « la politique nationale de protection sociale sur le régime d’assurance maladie universelle », le chef DMS/DNPSES ne tarde pas à dire que la protection sociale est assurée par l’État, les Collectivités territoriales, les personnes morales et physiques, et les partenaires au développement. Et d’ajouter que celle-ci « est financée par les cotisations prélevées sur les revenus de l’activité salariale » de ceux qui sont dans le système. Aux dires d’Aliou, la CANAM a couvert 43% de sa cible. L’INPS, quant à lui qui s’occupe des salariés, des retraités, a couvert 10% de la population.
Certes, conclut-il, des efforts ont été consentis par l’État, mais beaucoup restent à faire. L’expert Issa Sissouma, quant à lui, s’est prononcé sur le thème « financement de la protection sociale dans une perspective de couverture maladie universelle ». Selon lui, la protection sociale est un droit humain et se définit par un ensemble de politique et de programme visant à réduire et à prévenir la pauvreté, voire la vulnérabilité des couches sociales.
Autour de la question, ce dernier a mis l’accent sur quatre dimensions composées des mesures de prévention ; celles de protection ; de promotion, et les mesures transformatrices.
En effet, il importe de retenir que le champ d’application de la protection sociale s’étend tant au personnel qu’au matériel. D’après l’expert, deux modèles de financements existent en matière de protection sociale : modèle du système bismarckien ou assurantiel et celui de l’économiste William Beveridge appelé modèle beveridgien ou assistanciel. Ces deux modèles s’appliquent selon lui au Mali. Comme défis du financement, Sissouma a entre autres cités : l’insuffisance du financement durable de la protection sociale, l’absence de vision holistique, celle de vision stratégique pour ledit financement… Ce qui le pousse à donner certaines pistes d’actions : augmentation des recettes fiscales, réaffectation des dépenses publiques.
Mamadou Diarra
Source: lepays