Les réformes politiques et institutionnelles sont d’actualité au Mali depuis le coup d’État contre IBK. Moussa Mara, ancien président du parti Yelema et ancien premier ministre, a donné son point de vue sur les reformes qui doivent avoir lieu sur le processus électoral au Mali. « Il y a des améliorations à apporter à notre processus même s’il n’est pas si mal que ça », a-t-il déclaré dans sa vidéo de moins de 7 minutes.
Rendre le fichier électoral plus fiable
Pour l’ancien premier ministre Mara, il faut d’abord soigner le mal du fichier électoral malien. « Notre fichier électoral comporte beaucoup de décès qui n’ont pas été enlevés. Mais le fichier n’enregistre pas beaucoup d’électeurs potentiels », déplore-t-il. Selon lui, plus de deux millions de jeunes ayant plus de 18 ans en 2021, ne sont pas sur le fichier électoral. Or, dit-il, leur vote peut changer la donne pendant les élections.
En plus des jeunes, au moins deux millions de Maliens de l’extérieur ne sont pas sur le fichier électoral, selon Moussa Mara. Pourtant, les voix de tous ces Maliens doivent compter pour la construction du Mali. « Il faut impérativement que tous les électeurs, de l’intérieur comme de l’extérieur, jeunes et non jeunes soient sur le fichier électoral », a-t-il laissé entendre avant d’ajouter : « Nous devons engager des opérations spéciales pour cela et nous devons tous nous donner la main afin que le fichier soit meilleur ».
Revoir à la hausse la caution pour la candidature à la présidentielle
Au Mali, les candidatures se multiplient pour le fauteuil du président de la République. Pour Moussa Mara, ces candidatures doivent être crédibilisées. Pour cela, l’expert-comptable trouve qu’il faut revoir à la hausse la caution pour être candidat à l’élection présidentielle. « Je pense que nous devons revoir la caution versée à la hausse pour que chaque candidat paie au moins ce qu’il va coûter à l’État sous forme de caution. ET s’il a un résultat d’au moins 5%, il sera remboursé », a proposé Moussa Mara.
L’ancien maire de la commune IV du district de Bamako propose également de limiter la prolifération des candidatures pour l’élection présidentielle. Pour cela, en plus de la signature des élus pour le parrainage, il recommande aussi la signature des citoyens. « Il faut qu’un nombre significatif de citoyens parraine d’abord la candidature avant qu’elle soit déposée. Cela va être de nature à crédibiliser les candidatures et à les limiter », a insisté Moussa Mara. Ce n’est pas tout, il a également demandé à ce que le projet de société du candidat soit joint à la candidature. « Nous devons faire en sorte que quand le dossier de candidature est déposé, que le projet du candidat accompagne son dossier de candidature. On pourrait davantage suivre ce qu’il fera s’il était élu. Donc que le projet de société soit un élément constitutif du dossier de candidature », suggère Moussa Mara.
Utiliser les nouvelles technologies pour le vote
L’ancien premier ministre Moussa Mara trouve que l’heure est venue pour systématiser les débats. « Les électeurs doivent pouvoir suivre les candidats en face à face et à plusieurs reprises. Nous devons faire en sorte que lors du scrutin, l’identification des électeurs soit incontestable. Personne ne puisse plus jamais voter à la place l’autre », a-t-il proposé avant d’ajouter : « Nous devons utiliser les technologies pour le vote, les machines à voter, pour le recensement des résultats, pour l’acheminement des résultats. Aujourd’hui, les technologies permettent d’aller plus rapidement et avec plus de sécurité que l’usage des réseaux manuels de l’administration. Il faut systématiser l’utilisation des technologies ».
Entre le 1er et le second tour de l’élection présidentielle, Mara propose qu’il y ait au moins deux semaines pour que les candidats puissent faire la campagne.
La création d’un organe unique de gestion des élections fait aussi partie des propositions de Moussa Mara pour la tenue d’élections crédibles et transparentes au Mali.
Reformer le rôle de la justice dans le processus électoral
Au Mali, la justice, notamment la Cour constitutionnelle joue un rôle prépondérant dans l’élection. Cette Cour a été décrédibilisée récemment après la proclamation des résultats définitifs des élections législatives en 2020. Pour Mara, le rôle de la justice dans l’élection doit être revu. « Aucun tribunal, aucune cour ne doit pouvoir inverser les résultats d’une élection. S’il y a des faits pour remettre en cause les résultats, on annule le scrutin et on reprend mais on ne doit pas pouvoir inverser les résultats », a-t-il proposé.
Aller aux proportionnelles pour les législatives
Les alliances contrenatures sont souvent constatées au Mali pendant les élections législatives. Moussa Mara propose de reformer cette élection. « Les élections législatives par liste et dans les circonscriptions doivent être arrêtées. On doit faire en sorte que chacun élise son député. Que les députés soient élus individuellement dans les circonscriptions. Et enfin avoir une liste pour l’ensemble du pays qui puisse permettre au parti représentatif à l’échelle du pays d’avoir des députés élus à la proportionnelle. Nous aurons une assemblée qui sera beaucoup plus représentative de la diversité de notre pays », a recommandé celui qui a été le plus jeune premier ministre du Mali.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali