Dans le cadre de ses activités, Oxfam-Mali a présenté deux rapports sur les inégalités en Afrique intitulés “Sahel : lutter contre les inégalités pour répondre aux défis du développement et de la sécurité” et ” La crise des inégalités en Afrique de l’Ouest”. C’était le mercredi 17 juillet au siège de l’Association des Jeunes pour la Citoyenneté Active et la Démocratie (AJCAD).
De ces rapports, il ressort qu’en Afrique de l’Ouest, les inégalités ont atteint un niveau de crise. Alors qu’un nombre faible mais croissant d’individus s’enrichit de manière inouïe, l’immense majorité de la population se voit privée des éléments les plus essentiels à une vie digne, tels qu’une éducation de qualité, des soins de santé et un emploi décent. Cela en dépit d’un essor économique remarquable sous l’impulsion des industries extractives, peut-on lire dans ledit document. Il mentionne également que les inégalités ont atteint des niveaux extrêmes dans la région, de sorte qu’aujourd’hui, 1 % des plus riches de l’Afrique de l’Ouest gagnent plus que tout le reste de la population de la région réunie. Prenant l’exemple sur le Nigeria, la plus grande économie africaine, Oxfam indique que l’homme le plus riche du pays touche des revenus environ 150 000 fois supérieurs aux dépenses que les 10 % les plus pauvres des Nigérians consacrent en moyenne à leurs besoins de consommation de base en un an.
Pis, l’indice d’Oxfam de l’engagement à la réduction des inégalités (ERI) montre que les gouvernements d’Afrique de l’Ouest sont les moins engagés de tout le continent en matière de réduction des inégalités malgré la mise en garde de la Confédération de 19 organisations. Cette confédération prévient que si les gouvernements ne font rien pour renforcer radicalement leur engagement à réduire les inégalités, la crise risque de s’aggraver.
Au classement de l’engagement des pays à la réduction des inégalités en Afrique de l’Ouest, le Mali se positionne malheureusement à la 10e place ainsi qu’au 30e rang continental. Inquiétant quand on sait qu’en se référant aux rapports d’Oxfam, ce sont les inégalités qui alimentent les injustices, les tensions, les relations entre les groupes de population et créent également les conditions de déstabilisation et de l’insécurité qui prévaut aujourd’hui dans le Sahel.
Pour Oxfam, les réponses apportées par les Etats et la communauté internationale aux crises humanitaires, alimentaires, climatiques et sécuritaires doivent prioriser la réduction des inégalités et des injustices. Toutes choses qui mettront les populations sur une trajectoire de développement inclusif. Les inégalités ne sont pas une fatalité. Elles appellent des réponses fortes et coordonnées de l’ensemble des acteurs, argumente l’ONG.
En plus des dénonciations, Oxfam a aussi fait des recommandations aux gouvernements et à la Cédéao.
Aux gouvernements, Oxfam recommande de consacrer des dépenses suffisantes à des services publics universels de qualité qui resserrent l’écart entre riches et pauvres et qui réduisent les inégalités. Elle réclame aussi la redistribution aux personnes pauvres grâce à une fiscalité progressive et renforcement de la protection des droits du travail, etc.
A la Cédéao, Oxfam recommande la reconnaissance de la crise des inégalités qui sévit en Afrique de l’Ouest et une planification des mesures pour y remédier.
A noter qu’au cours de la présentation des rapports, il y a eu un débat sur les expériences en matière de lutte contre les inégalités.
Alassane Cissouma
Source: Mali Tribune