Le Mali fait face à une crise multidimensionnelle marquée par une crise sécuritaire aigue, à laquelle est venue se greffer une crise sociale et postélectorale. Le gouvernement de SBM vient d’en ajouter avec une nouvelle crise, à savoir le redécoupage territorial unilatéral. Ce projet de redécoupage est loin de faire l’unanimité au sein non seulement de la classe politique Malienne mais également au sein des populations.
Il est évident qu’il n’y a pas de solution miracle, mais les Maliens ont le sentiment que les stratégies de sécurisation de notre territoire, de ses populations et de leurs biens sont définies ailleurs. Les Maliens continuent de croire et avec une profonde angoisse que l’Accord de paix et de Réconciliation issu du processus d’Alger renferme les germes de la discorde et de la division. Cet état de fait est reconnu et par le gouvernement et par l’opposition. En effet depuis 2012, le Mali est confronté à une crise multidimensionnelle politique, sécuritaire et économique et sociale, qui ne fait que s’aggraver sur l’ensemble du territoire national avec une extension sur les pays de la sous-région. Le régime d’IBK semble ignorer ces souffrances et ses privations des Maliens. Au lieu de s’atteler à ramener la quiétude et le calme à réconcilier les cœurs et les esprits chez l’ensemble des Maliens, le régime au contraire enfonce le clou en semant la haine de la division dans les esprits à travers ce projet de découpage territorial. Dans le seul but de nous éloigner des questions prioritaires. L’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger traite devait être un long fleuve tranquille pour la résolution de nos problèmes et non de l’écume de nos égoïsmes personnels. L’accord évoque les pouvoirs et compétences des régions (article 8). Il traite de la question des moyens et des ressources à donner aux régions (articles 13, 14, 15). Son article 16 aborde le dispositif des transferts des services et des ressources humaines. C’est cela les priorités de l’Accord.
Nulle part ni dans le texte, ni dans les annexes on ne parle de multiplier les cercles et les communes. Il y a en réalité une complicité coupable entre certains acteurs gouvernementaux et de nombreux responsables de groupes armés et tous les autres groupes assimilés, pour s’engager dans cette logique inefficace et inutile allant dans le sens d’un partage des privilèges et avantages, en occultant les sujets de fonds et en renvoyant ainsi aux calendes grecques les vrais problèmes du Nord et de l’ensemble de notre pays.
Au plan sécuritaire, les populations se trouvant dans les régions Nord et celles du Centre vivent dans une insécurité permanente malgré la présence effective des Forces Armées Maliennes, Onusiennes, Françaises et Africaines (G5 Sahel). Des atteintes aux droits humains comme les tueries, les viols, les arrestations arbitraires, les enlèvements de paisibles citoyens et confiscation de leurs biens en dehors de toute procédure légale, se produisent régulièrement et à tout moment.
Ces atteintes aux droits humains sont confirmées périodiquement par le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guetteres par les chiffres qu’il donne dans les rapports du conseil de sécurité. Le dernier en date est le rapport publié au mois de Septembre 2018, à savoir 287 morts, de juillet à Septembre 2018.
Au plan de la gouvernance nationale, la situation n’est guère reluisante. Le mandat des élus locaux et nationaux (Haut Conseil des Collectivités) a expiré, en 2014. Ils continuent d’exercer illégalement leurs fonctions. Une frange importante de la société civile Malienne s’est dressée contre la révision de la constitution du 25 Février 1992 qui devrait consacrer la partition du pays et permettre au pouvoir central de modifier à sa guise la loi fondamentale.
Pour l’applicabilité de cet Accord d’Alger, le gouvernement du Mali, avait lui-même formulé des réserves significatives résumées en 12 pages. La CMP quant à lui, a relevé dans cet Accord des sources de vives inquiétudes sur les risques que certaines dispositions de l’Accord feront courir sur l’intégrité territoriale, l’Unité nationale et la Cohésion sociale. L’opposition républicaine craint que cet Accord ne conduise à la dislocation pure et simple du pays.
Cet Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger est comparable à ce qu’est pour le Burundi, la charte d’Arusha, dont le Mali est obligé de s’inspirer pour rédiger la Constitution de la IVème République, imposant un statut fédéral déguisé à l’Etat Malien. Que Dieu sauve le Mali !!!
Seydou Diarra
Source: Le Carréfour