Les responsables de la Plate Forme des Sédentaires du nord-Mali étaient devant la presse nationale le mardi 23 avril 2013 à la Maison de la Presse du Mali. Objectifs : Partager avec les hommes de médias certaines préoccupations relatives au recrutement de jeunes dans l’armée nationale, le dernier découpage territorial et la commission Dialogue et Réconciliation entre autres. Au cours cette conférence de presse, il ressort que les populations sédentaires du nord-Mali exigent que l’équité soit de mise dans l’enrôlement des milices au sein de l’armée nationale et que cette décision de recrutement soit intégralement exécutée.
Cette conférence était animée par le président de l’Alliance «Zasya- Lasaltaray », Sadou Maïga, Coordinateur de la Plate Forme, en présence de plusieurs responsables et militants des associations membres dudit regroupements. Il s’agit, en plus de Zasya, de l’Amicale des anciens militants et symphatisants de l’Union Nationale des Elèves et Etudiants du Mali (Ams-uneem), le Collectif des Cadres Sédentaires de la Région de Gao (Cocaserg), l’Alliance des Communautés de la Région de Tombouctou (Acrt) le Cadre de Concertation Ganda Koy, l’Association Ganda Izo, les Forces Patriotiques de Résistance (Fpr), le Mouvement Ganda Izo. A travers cette rencontre avec la presse, les responsables de la Plateforme des Sédentaires du Nord-Mali comptent attirer l’attention des plus hautes autorités du pays sur un certain nombre de faits qui sont de nature, à leurs yeux, à entacher les différentes initiatives prises dans le cadre du processus de réconciliation nationale en cours dans notre pays. Selon les responsables de la Plateforme des Sédentaires du Nord-Mali, au lendemain du déclenchement de la dernière rébellion les jeunes ressortissants du nord se sont constitués en groupe d’auto-défense et de milices pour défendre leurs localités respectives. Malgré les conditions difficiles d’hébergement, d’alimentation, de santé et d’hygiène, dans lesquelles ils ont vécu, ils sont restés, pour la plupart, près de 10 mois, avec l’ambition chaque jour renouvelée de donner leur vie, pour la défense de la patrie. Ils étaient prêts à accepter toutes sortes de missions que l’armée allait leur confiées. «Et pour toutes ces raisons, quand il a été question de recrutement, tout naturellement, nous nous sommes dit qu’il est tout à fait légitime de leur donner la priorité», a laissé entendre Sadou Maïga, principal conférencier du jour. Avant d’ajouter que c’est dans ce cadre que la Plateforme avait rencontré le ministre de la défense en décembre 2012. Selon lui, le ministre a été très attentif à leur requête et les a assuré qu’un quota leur sera réservé sur le nombre de 2000 jeunes qui devaient être recrutés. Après ces assurances données par le ministre, la Plateforme se réjouit de constater qu’il y a un début de satisfaction de leurs doléances. Les différentes listes proposées ont été acceptées par l’armée et les intéressés. Selon Sadou Maïga les nouvelles recrues sont en train de subir les visites médicales requises. Seulement voilà, sous la pression de certains Cadres et Sensibilités du Nord, l’Etat-major de l’armée de terre a pris une décision le 6 mars 2012 portant recrutement de plus de 1400 volontaires de divers bords. La Plateforme des Sédentaires du Nord regrette de constater que dans le cadre de ce recrutement, que seuls ceux appartenant aux milices arabes en partie et Imghad (milice d’El hadji Gamou), ont été effectivement recrutés et sont aujourd’hui sur le terrain en train de participer à la reconquête de l’intégrité territoriale. Par contre, le recrutement pour le quota de la composante sédentaire, au nombre de 362 éléments, n’est toujours pas effectif pour des raisons que les responsables de la Plateforme disent ignorer. En conséquence, la Plateforme exige que l’équité soit de mise et que cette décision de recrutement soit intégralement exécutée. Selon eux, laisser des jeunes militaires volontaires, formés dans la nature est un danger pour la sécurité des territoires. C’est pour cela qu’elle suggère que des efforts supplémentaires soient fournis pour en recruter au maximum dans les forces armées et de sécurité conformément aux critères républicains. De même, utiliser certains d’entre eux en créant des brigades de vigilance sous l’autorité de l’Etat, destinées à la sécurisation de nos villes et villages exposés. Aussi en réinsérer dans les sociétés de sécurités et de gardiennage. Abordant la question de la commission dialogue et réconciliation, le responsables la Plateforme commence par apprécier l’initiative. Toute fois, elle se garde de porter un jugement de valeur sur les qualités individuelles des personnes qui la composent. Notamment la nomination de M. Mety Ag Mohamed Rissa, fidèle ami de Iyad Ag Ghaly, premier responsable d’Ansar dine, par ailleurs beau père de Moussa Ag Assarid, porte parole du MNLA à Paris. « N’y a-t-il pas à craindre là une tentative de négociation avec Ansardine et le MNLA», s’interrogent les responsables de cette Plateforme. Avant de poursuivre qu’il ne doit y avoir ni impunité, ni amnistie pour les criminels de guerre. «Il ne peut y avoir de paix sans justice », a averti Sadou Maïga. Autres préoccupations au cœur des échanges avec les hommes de médias, la nouvelle politique de découpage administratif de l’Etat. Pour les représentants des populations sédentaires du nord-Mali à Bamako, il s’agit d’un découpage sur mesure, visant à favoriser une minorité « nomade », au détriment de la grande majorité.
Abdoulaye Ouattara