Le dossier du licenciement des 98 ouvriers survenu à la société Embal Mali en 2010 pourrait connaitre de nouveaux rebondissements dans les jours à venir. En effet ces travailleurs qui ont entrepris sans succès beaucoup d’actions et saisi les tribunaux en son temps pour que justice leur soit rendue ont récemment rencontré le ministre de la justice Mohamed Aly Bathily à qui ils ont exposé leur situation. Le ministre de la justice qui a pris ce dossier à son compte est décidé à faire toute la lumière sur ce licenciement qui a poussé dans la rue près d’une centaine de travailleurs.
Autre le département de la justice, les ouvriers ont décidé de saisir la primature pour que le premier ministre Moussa Mara puisse lui aussi se pencher sur cette affaire qui n’a que trop duré. Laquelle, nous dit-on, est pendante devant la Cour suprême.
Le bras de fer qui oppose Embal Mali à ces ouvriers remonte à 2010 après l’installation dans l’enceinte de la société d’un comité syndical dirigé alors par un certain Tchimon Franck. Ce comité syndical destiné à mieux défendre les intérêts des travailleurs a pourtant eu après sa création la bénédiction et l’aval de la direction.
A peine installé le comité syndical a organisé une assemblée générale qui s’est soldée par l’élaboration d’un cahier de doléances pour l’année 2010. Selon les ouvriers licenciés, au moment où celui-ci s’apprêtait à soumettre à la direction ses doléances, il fut aussitôt freiné dans son élan. Pour cause le Secrétaire général adjoint a été licencié suite à un rapport de son chef d’équipe au motif qu’il a abandonné son poste et qu’il a fait preuve d’insubordination à l’égard de sa hiérarchie. Cette décision de licenciement a été vivement ressentie comme un coup de massue par les ouvriers qui décidèrent de réagir à travers la tenue d’une assemblée générale au cours de laquelle ils adressèrent un préavis de grève de 48 heures à la direction d’Embal Mali. La direction de son côté adressa une demande d’explication à tous ceux qui étaient de service à l’heure de l’assemblée pour abandon de service et arrêt de machine. Les deux parties entreprirent tout de même de décrisper la tension en acceptant une discussion au sujet des demandes d’explication. Le préavis de grève fut levé grâce à une action du SYNAMETIM/UNTM du 8 juin 2010. Pendant que cette action était en cours le Secrétaire général reçut une lettre du directeur général d’Embal Mali avec mention : » une mise à pied provisoire pour faute lourde… « . Les travailleurs manifestèrent contre cette décision » prise uniquement pour mettre à nu les actions du bureau syndical perçues comme dérangeantes alors qu’elles sont légitimes « . Suite à cette situation la direction d’Embal Mali procéda de façon » cavalière au licenciement des 98 demandeurs « .
Du côté d’Embal Mali c’est une autre version à laquelle nous avons eu droit. « La direction a donné son accord pour l’assemblée générale mais a refusé l’arrêt des machines dont le processus de démarrage requiert 1 à 3 heures et des pertes de production. Contrairement à la décision de la direction générale, l’assemblée générale a eu lieu avec mise en exécution de l’arrêt des machines par le Secrétaire général Franck Tchimon… » a-t-on expliqué. Ajoutant qu’Embal Mali a notifié au Secrétaire général du comité syndical la décision de licenciement. Après un délai de rigueur lancé aux autres travailleurs, la société a décidé du licenciement de 97 ouvriers.
Les travailleurs licenciés ont dénoncé l’attitude de Bakoroba Berthé et Séïba Traoré tous les deux syndicalistes proches de l’ex-Secrétaire général de l’UNTM Siaka Diakité. Ils sont accusés d’avoir été à l’origine de ce licenciement » abusif « . En clair pour les plaignants qui ont attaqué la décision devant la justice » on ne peut pas être juge et partie « . Selon l’avocat des travailleurs remerciés Amadou T.Diarra : » cette décision de licenciement s’apparente à une violation de la liberté syndicale qui constitue un droit constitutionnel « .
Pour un dénouement rapide, les licenciés ont sollicité l’intervention du ministre de la justice afin que le dossier puisse connaitre un traitement impartial sans aucune interférence et que le droit soit dit.
Nous y reviendrons.
ABDOULAYE DIARRA