Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi à Kinshasa contre l’intention prêtée au président congolais Joseph Kabila de modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir, a constaté un journaliste de l’AFP.
Entre 2.000 à 3.000 manifestants, selon une estimation de l’AFP, en grande majorité des hommes jeunes, ont défilé sur 7 km environ dans une ambiance bon enfant aux cris de “Kabila doit partir”, de l’échangeur de Limete jusqu’au stade des Martyrs, dans le nord de la capitale de la République démocratique du Congo.
La population de Kinshasa est estimée à plus de 10 millions d’habitants. La manifestation s’est déroulée à l’appel de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et de l’Union pour la nation congolaise (UNC), deux des trois principaux partis d’opposition, et d’une dizaine de petites formations politiques.
L’opposition soupçonne M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de vouloir modifier la Constitution congolaise afin de se maintenir en place au-delà de 2016, date à laquelle il doit légalement quitter la présidence.
“Touche pas à ma Constitution”, “Le peuple défendra sa Constitution jusqu’au sacrifice suprême”, pouvait-on lire sur des banderoles agitées au son de sifflets, de fanfares, ou de chants à la louange d’Étienne Tshisekedi, chef de l’UDPS, arrivé en deuxième position à l’élection présidentielle de 2011.
L’opposition n’a jamais accepté les résultats de ce scrutin dont la communauté internationale a dénoncé les nombreuses irrégularités.
Interrogés par l’AFP, de nombreux manifestants ont dit leur ras-le-bol de la “misère” et de la “souffrance du peuple congolais”, dénonçant l”‘échec” d’un président selon eux illégitime.
Les manifestants ont demandé un “dialogue politique, maintenant” pour sortir de la crise née des élections de 2011. Ils demandent aussi la libération des personnes qu’ils estiment détenues arbitrairement par le pouvoir, comme le secrétaire général de l’UNC, Jean-Bertrand Ewanga, arrêté au lendemain d’une manifestation similaire en août.
Ex-meilleur allié de M. Kabila, Vital Kamerhe, président de l’UNC, a appelé le président de la RDC “à ne pas écouter les petits flatteurs autour de lui” qui lui conseillent de s’accrocher au pouvoir.
Bruno Mavungu, secrétaire général de l’UDPS, a exhorté le pouvoir à s’entendre avec l’opposition pour permettre l’organisation d’élections justes et transparentes dont les modalités et le calendrier auront été acceptés à l’issue d’un vrai “dialogue” national.
La manifestation, qui avait commencé vers 11H00 (10H00 GMT) s’est déroulée sans incident et s’est dispersée dans le calme quatre heures plus tard.
A Goma, dans l’Est du pays, une centaine de personnes se sont rassemblées à l’appel des mêmes organisations qu’à Kinshasa, a constaté le correspondant de l’AFP sur place. La manifestation, qui n’avait pas été autorisée, a été dispersée par la police. Une dizaine de personnes ont été blessées.
Un scénario similaire s’est produit à Lubumbashi (Sud-Est), deuxième ville du pays, où une quarantaine de personnes avaient bravé l’interdiction de manifester. Elles ont vite été dissuadées par la police, qui a arrêté trois personnes, a constaté le correspondant local de l’AFP. Celles-ci n’avaient pas été relâchées en fin d’après-midi.
A l’ONU jeudi, M. Kabila avait affirmé que les élections dans son pays se tiendraient “conformément au calendrier prévu”, à commencer par les élections locales en 2015, puis les sénatoriales et provinciales avant la présidentielle devant avoir lieu en novembre 2016.
© 2014 AFP