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RDC-Mali : de la Monusco à la Minusma, les forces onusiennes dénigrées

Alors qu’en RDC, une vague de violences contre les Casques bleus s’est répandue ces derniers jours dans le Nord-Kivu, les citoyens africains s’interrogent sur l’action des « soldats de la paix » à travers le continent.

 

Il semble loin, le temps où les casques bleutés évoquaient le ciel éclairci où planent les colombes de la paix, les interventions désarmées et les sourires rendus aux enfants. Que s’est-il passé pour que les missions de maintien de la paix des Nations unies soient conspuées, chahutées, voire agressées ?

Cette semaine, c’est le spectacle de l’est de la RDC qui laisse transi. Mise à l’index : la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco). Dans la province martyre du Nord-Kivu, des violences anti-Casques bleus apparues à Goma, le chef-lieu, se sont propagées dans d’autres villes de la province comme Beni et Butembo. Réclamant le départ de la mission des Nations unies, des centaines de manifestants ont notamment saccagé et pillé le siège de la Monusco. Le bilan des victimes évolue chaque jour, mais les autorités locales et nationales ont déjà annoncé une quinzaine de morts et une cinquantaine de blessés, au moins. Le décès de trois membres de la Monusco, deux Indiens et un Marocain, a été confirmé.

Délit d’impuissance ou crime d’indifférence de la force onusienne ? Alors que la résolution 1279 du Conseil de sécurité instituant la Monuc (devenue Monusco) date du 30 novembre 1999, des citoyens congolais déplorent que les missionnaires casqués n’aient pas pu mettre un terme aux exactions des bandes armées qui sèment la mort parmi les civils, dans des provinces du nord-est qu’elles pillent au passage. Pourtant bien dotée en budget –1,5 milliard de dollars par an– et en effectifs –plus de 23 000 personnes déployées–, la Monusco reste partiellement paralysée par l’impératif fait aux Casques bleus de ne jamais se comporter en belligérants.

Abus sexuels et choléra

Certes, la réputation des forces de maintien de la paix a été écornée par plusieurs incidents. Des personnels de la Monuc ont été impliqués dans 140 cas d’allégations d’abus sexuels, voire d’exploitation sexuelle. Des Casques bleus ont importé une épidémie de choléra en Haïti, alors qu’aucun cas n’y avait été détecté depuis plus d’un siècle. Et quand les interventions militaires étrangères nationales commencent à être décriées, les forces onusiennes semblent souffrir d’un délit de faciès occidental, quand bien même les visages coiffés d’un casque bleu ont des teints bigarrés. Depuis 2018, la Monusco a ainsi été dirigée par une Algérienne et une Guinéenne. En 2011, la Mission comptait 24 nationalités africaines.

En Afrique de l’Ouest, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) sera-t-elle jetée avec l’eau de Barkhane ? Si des acteurs de la vie politique malienne réclament le départ de ces troupes, ce n’est pas simplement parce que leur porte-parole (français) a embouché la trompette des sermons (français). Des « dysfonctionnements » ont aussi été avoués. À moitié pardonnés ?

Source : Jeune Afrique
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