La Belgique et l’Union européenne attendent désormais que les changements annoncés en République démocratique du Congo interviennent, a indiqué mercredi le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders, interrogé au lendemain d’une réunion ministérielle entre l’UE et l’Union africaine, à l’issue de laquelle l’UE a appelé le vainqueur proclamé, Félix Tshisekedi, à « rassembler ». « Nous avons émis nos doutes à de nombreuses reprises (sur le processus électoral), tant du côté européen qu’africain, nous aurions préféré que ça se passe dans un contexte de transparence », a souligné M. Reynders, interrogé en marge d’une conférence à Bruxelles.
« C’est d’abord à la société civile congolaise et aux Congolais de dire quelle est la crédibilité du processus, c’est aussi à la région de le dire, elle qui s’est exprimée très fortement », a commenté M. Reynders.
« Ce que nous attendons, c’est que le changement annoncé intervienne. Est-ce qu’il va y avoir une autre gouvernance, une autre relation avec la société civile et avec la communauté internationale ? Quid des relations avec l’Union européenne? « , s’est interrogé M. Reynders, alors que l’ambassadeur de l’UE à Kinshasa, le diplomate belge Bart Ouvry, a été expulsé du pays par les autorités peu avant le scrutin.
La prestation de serment du nouveau président Félix Tshisekedi, qui va prendre le relais du chef de l’État sortant Joseph Kabila, a été confirmée pour jeudi, à partir de midi (11h00 GMT), au palais de la Nation de Kinshasa, siège de l’actuelle présidence.
C’est la première passation pacifique de pouvoir d’un président à l’autre depuis l’indépendance de l’ex-Congo belge proclamée dans ce même palais de la Nation le 30 juin 1960.
Tshisekedi, 55 ans, s’apprête à devenir le cinquième président de la République en prenant le relais de Joseph Kabila, qui avait prêté serment le 26 janvier 2001 dix jours après l’assassinat de son père et prédécesseur Laurent-Désiré Kabila par un garde du corps.
La victoire de M. Tshisekedi n’est pas reconnue par l’autre candidat de l’opposition Martin Fayulu, qui s’auto-proclame le « président élu » et dénonce un « putsch électoral » de M. Kabila avec la complicité de M. Tshisekedi.
Après des hésitations, l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE) ont indiqué mardi qu’elles étaient prêtes « à travailler avec le président Tshisekedi et avec toutes les parties congolaises ».
« La tâche qui incombe maintenant au nouveau président comporte des défis majeurs sur le plan sécuritaire, social, économique et de gouvernance. Tout ceci demande que le président soit un rassembleur », avait déclaré la Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini.
Tshisekedi devra choisir un Premier ministre au sein de la majorité de l’Assemblée nationale qui reste largement acquise aux proches du président Kabila.