Le chef de l’Etat congolais entame sa première tournée régionale et il se rend ce mardi à Luanda où il doit être reçu par son homologue Joao Lourenço. Il doit ensuite aller au Kenya pour remercier Uhuru Kenyatta, le seul président présent pour son investiture, avant de se rendre à Brazzaville pour s’entretenir avec Denis Sassou-Nguesso. Ce week-end, Félix Tshisekedi devrait être à Addis-Abeba pour prononcer son discours de président nouvellement élu, une tradition des sommets de l’Union africaine.
C’est par l’Angola que la visite commence, mais pour l’entourage du nouveau président, le plus important, c’est le Kenya. Uhuru Kenyatta est un grand soutien, souligne le porte-parole de Félix Tshisekedi. Le chef de l’Etat congolais ne restera que quelques heures ce mardi à Luanda, mais il passe la nuit à Nairobi.
La principale différence entre Joao Lourenço et Uhuru Kenyatta, c’est que le premier est de ceux qui ont douté de l’élection de Félix Tshisekedi alors que le second est le seul chef d’Etat qui a fait le déplacement pour sa prestation de serment. Uhuru Kenyatta sait aussi ce que c’est que la cohabitation, rappelle-t-on dans l’entourage de Félix Tshisekedi.
Remercier l’un, rassurer les autres
A Nairobi, ce sera le tapis rouge. A Luanda, il s’agit de rassurer, explique sans détour le porte-parole du président congolais. Comme d’ailleurs à Brazzaville où la tournée doit se terminer.
Malgré les doutes, les deux voisins de la RDC ont fini par féliciter Félix Tshisekedi pour son élection et ils se sont dits prêts à coopérer avec le nouveau président congolais. Mais chez les voisins de la RDC, on dit d’abord qu’on va écouter Félix et ses sollicitations éventuelles. Mais on regarde toujours avec inquiétude la situation, avec Joseph Kabila qui reste une donnée essentielle du problème et Martin Fayulu qui « ne lâche pas ». Mais ce sont avant tout des problèmes intérieurs, dit-on, en amont de la visite du président congolais.
L’Angola, un acteur clé de la crise politique congolaise
Quand à la veille de Noël 2016, les évêques de RDC peinent à mettre les acteurs de la crise politique congolaise d’accord, le gouvernement angolais décide de retirer ses officiers encore stationnés dans le pays. Le geste est loin d’être symbolique. Le deuxième et dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila se termine et Luanda avait toujours été accusé par l’opposition d’assurer sa protection et son maintien au pouvoir.
A l’époque, le président s’appelle José Eduardo dos Santos et l’Angola partage ses inquiétudes avec l’autre voisin, Brazzaville, mais aussi l’Eglise catholique. Pendant des mois, les démarches des uns et des autres semblent parfaitement coordonnées pour empêcher un troisième mandat jugé trop dangereux. L’élection de Joao Lourenço ne change pas grand-chose pour Joseph Kabila. Juste avant de finalement désigner un dauphin, c’est à Luanda que le président congolais se rend, lui qui disait refuser toute pression extérieure.
Mais la crise post-électorale – la contestation des résultats et le partage du pouvoir entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi suscitent de nouvelles inquiétudes. L’Angolais Joao Lourenço aurait œuvré avec le Rwandais Paul Kagamé et d’autres pays voisins pour obtenir la suspension de la proclamation des résultats définitifs et ouvrir des négociations, ce que Kinshasa a refusé. Et ce n’est qu’à la veille de l’investiture que Luanda a fini par féliciter le nouveau président et s’est dit prêt à collaborer avec lui.
RFI