Le président congolais prononcera lundi 8 décembre un discours très attendu sur l’état de la Nation. Se risquera-t-il à répondre aux questions sensibles sur la modification de la Constitution et sur ses intentions pour 2016 ? L’attente est grande à Kinshasa.
L’occasion est unique pour Joseph Kabila de couper court à une crise politique qui traîne depuis plusieurs mois en République démocratique du Congo (RDC), pays qu’il dirige depuis 2001. Lundi 8 décembre 2014, le président congolais doit prononcer son discours annuel sur l’état de la Nation devant les deux chambres parlementaires. A force de silence, de discours creux et incantatoires, à l’instar de celui prononcé à Dakar au Sommet de la Francophonie, Joseph Kabila a l’opportunité de clarifier une situation politique des plus confuses.
Modification de la Constitution ?
Plusieurs questions mériteraient des réponses claires de la part du chef de l’Etat congolais, qui entretient savamment le flou et l’ambiguïté sur l’avenir du pays. La première question qui brûle les lèvres de beaucoup de Congolais est de savoir ce que compte faire Joseph Kabila en 2016, date des prochaines élections présidentielles ? Selon la Constitution, il s’agirait du dernier mandat de Joseph Kabila à la tête de la RDC. Les textes interdisent en effet au président de briguer plus de deux mandats consécutifs. Si Joseph Kabila ne souhaite pas se retirer des affaires, comme le pense l’opposition, modifiera-t-il la Constitution et par quel moyens ? Par un vote du Congrès ou par référendum ?
Flou électoral
Sur la tenue des élections locales en 2015 et générales en 2016, les questions sont là encore nombreuses. Sans calendrier précis ni budget, comment la Commission électorale (CENI) pourra-t-elle organiser à temps les différents scrutins ? La question est d’autant plus importante que les élections locales doivent débuter dans 6 mois et que toutes les conditions sont loin d’être remplies pour des élections crédibles –
Gouvernement de cohésion nationale et sécurité
Côté politique intérieure, les questions sans réponse ne manquent pas non plus. Le président Kabila avait annoncé la création « imminente » d’un gouvernement de cohésion nationale en octobre 2013. Plus d’un an après, le gouvernement de consensus est toujours au point mort, maintes fois reporté. Joseph Kabila devrait donc expliquer devant les deux chambres ce lundi les raisons de ce « retard » et une date pour la création effective de ce gouvernement. Autre question : la sécurité. Les massacres à répétition continuent dans l’Est du pays, autour de la région de Beni au Nord-Kivu –
Que compte faire le président Kabila pour améliorer la situation à l’Est ? La victoire sur le M23 ne suffit pas. Il reste encore une cinquantaine de groupes armés au Nord et Sud-Kivu, ainsi qu’au Nord-Katanga. Il y toujours 2,7 millions de réfugiés internes en RDC… c’est dire la gravité de la situation. Les programmes de démobilisation, de désarmement et de réinsertion des rebelles du M23, comme des autres groupes armés et des FDLR, sont dans l’impasse. Que compte faire Joseph Kabila ?
La crise politique couve
Sans réponse à ces questions, le président Joseph Kabila aura perdu son temps devant le Congrès ce lundi… et les parlementaires aussi. A force de louvoyer et de jouer la montre, le président congolais ne fait que retarder l’entrée de la RDC dans la pacification. L’Est du pays n’est toujours pas stabilisé et la crise politique couve à Kinshasa. Le renversement du Burkinabé Blaise Compaoré au Burkina a été suivi de près dans les cercles du pouvoir congolais. La crainte d’un « printemps africain » n’est pas à exclure sur les rives du fleuve Congo
Source: Afrikarabia