L’hôpital du gynécologue Denis Mukwege, réputé pour son aide aux femmes violées dans l’Est de la République démocratique du Congo, a fait part de sa « déception » après que le médecin n’eut pas reçu vendredi le prix Nobel de la paix.
« C’est vraiment la déception », a déclaré à l’AFP Ephrem Bisimwa, chargé de communication de l’hôpital de Panzi, près de Bukavu, capitale de la province riche et instable du Sud-Kivu.
« On pensait vraiment que cette année, on était bien partis », a-t-il ajouté, en allusion aux précédentes nominations du Dr Mukwege pour le Nobel de la paix qui a été attribué cette année à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques.
« Au départ, on avait eu l’idée de mettre tout le monde dans une grande salle, pour que tout le monde suive la nouvelle. Mais heureusement que nous ne l’avons pas fait: beaucoup de femmes traumatisées n’auraient pas supporté la nouvelle », a explique M. Bisimwa.
Il a indiqué que des femmes arrivaient en demandant qui a gagné.
« On leur dit calmement que ça n’a pas marché, mais que nous avons déjà gagné beaucoup de prix, qu’on va continuer à travailler », indique-t-il.
Une habitante de Bukavu ne cache pas sa déception, sa résignation et sa colère. « Le monde est ainsi fait, malheureusement. C’est une grande déception puisque ce que fait le docteur passe inaperçu aux yeux du monde: les autres prix qu’il a eus n’ont pas la même valeur! », lâche-t-elle.
« C’est comme si c’était des mouches qu’il était en train de sauver. Des vies humaines sont en train de périr ici, et on fait semblant de nous aider… Pour la Syrie, c’est tout le monde qui s’est mobilisé! Et regardez comment la France s’est mobilisée au Mali », peste-elle.
L’hôpital de Panzi du Dr Mukwege, 58 ans, prend en charge gratuitement chaque année plus de 3.500 victimes de violences sexuelles et leur permet de bénéficier d’une chirurgie reconstructive.
Il a notamment déjà reçu le prix de l’ONU pour les droits humains. Le 26 septembre, il a reçu le prix suédois Right Livelihood pour « l’action courageuse qu’il mène pour guérir les femmes survivantes de violences sexuelles dans les conflits armés et dénoncer les causes sous-jacentes de ces atrocités ».