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Rassemblement du 5 juin: Yafoï

Les responsables du Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD), de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’Imam Mahmoud DICKO et du Mouvement espoir Mali Koura (EMK) invitent leurs militants pour une grande manifestation, ce vendredi 5 juin, au Monument de l’indépendance. L’objectif de cette manifestation, dévoilent-ils, est d’exiger la démission du Président Ibrahim Boubacar KEITA. Faudrait-il craindre le pire à l’issue de cette manifestation ?

 

Depuis l’annonce de la grande manifestation du 5 juin, lors d’une conférence de presse, le samedi 30 mai, au siège de la CMAS, les commentaires vont bon train. Beaucoup de compatriotes sont prêts à battre le pavé pour exprimer leur indignation face à la mauvaise gestion du régime. Par contre, ils sont aussi nombreux ceux qui ne font pas confiance aux têtes d’affiche de cette manifestation et affirment un niet catégorique d’y participer pour faire partir un président démocratiquement élu.

C’est un secret de polichinelle, le régime du Président Ibrahim Boubacar KEITA est en difficulté dans plusieurs domaines. Les maux du pays ont pour nom : la crise scolaire, les coupures intempestives de courant, le tripatouillage des récentes élections législatives, la corruption généralisée, l’injustice, l’insécurité, les conséquences de la mauvaise gestion de la pandémie à  Covid-19… 

Face à ces préoccupations légitimes, faut-il faire partir un régime démocratiquement élu à travers la rue ? Cette interrogation divise les Maliens.

En tout cas, les initiateurs auront du pain sur la planche pour concrétiser leur projet putschiste. Malgré que  la gouvernance chaotique du régime joue en leur faveur, les initiateurs de la marche du vendredi 5 juin seront butés à plusieurs obstacles pour faire partir le Président IBK. Pour preuve, les têtes d’affiche n’ont pas bonne presse au sein de la population malienne. Anciens ministres ou encore anciens responsables ayant occupé des postes stratégiques dans le pays, les initiateurs de cette manifestation sont loin d’être des porteurs d’espoir pour le peuple malien.

Il suffit de faire une analyse rétrospective de la scène politique malienne pour se rendre compte de l’incohérence des initiateurs  et organisateurs de la manifestation et l’impossibilité pour eux de faire partir le régime. 

Les initiateurs sont incohérents d’autant plus que le Président IBK a été réélu en 2018 et ils n’ont pu rien faire pour le faire échouer dans les urnes. Aussi récemment, lors des élections législatives, le parti URD et d’autres partis de l’Opposition ont fait des alliances avec le RPM et les partis de la Majorité pour avoir des sièges à l’Assemblée nationale. Après les législatives, les Maliens ont été témoins du vote des députés de l’URD pour plébisciter l’honorable Moussa TIMBINE au perchoir. De même, des députés de l’opposition figurent dans des groupes parlementaires et les mêmes commissions parlementaires que les députés de la Majorité. Où est la cohérence ?

Ce n’est pas tout. Dans un passé récent, certains responsables de la manifestation programmée pour le 5 juin étaient dans le gouvernement et trouvaient que la gestion du pouvoir était sans reproche. Mais, une fois qu’ils ont été éjectés, ce sont eux qui s’agitent et veulent tromper le peuple. De quel peuple se moquent-ils ?

Comme le disait Abraham Lincoln: ‘’on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ‘’.

Ce n’est pas la première fois au Mali que des leaders religieux manipulent la population pour bénéficier les faveurs du régime ou se faire nommer à des postes ministériels. Le cas du mouvement An tè a bana en est l’illustration parfaite. Après une série de manifestations, le régime est parvenu à casser leur élan en donnant à certains leaders ce qu’ils cherchaient. C’est ainsi que Tiébilé DRAME, Amadou THIAM, Oumar Hamadoun DICKO, des figures emblématiques du Mouvement An tè a bana, ont été nommés ministres et sont aujourd’hui silencieux. 

Beaucoup d’autres responsables du mouvement ont été nommés à des postes de responsabilités. Le jeu est connu : crier sur tous les toits pour dénoncer la gestion du pouvoir pour se faire nommer. Mais, le peuple semble comprendre ce jeu qui ne produira plus les effets escomptés. 

En plus de l’incohérence qui les caractérise, les initiateurs ne sont en phase ni avec l’Armée ni avec la Communauté internationale. On le sait, après les événements douloureux de 2012, l’Armée républicaine est consciente qu’aucun putsch ne peut être consommé sans la communauté internationale. Quelle que soit l’impopularité du régime, la communauté internationale ne sacrifiera jamais un régime qu’elle a reconnu et accompagné au profit de religieux hybrides iconoclastes.

Si d’aventure IBK partait, comme ils l’exigent, comment vont-ils gérer le pays sans le peuple, l’armée et sans la communauté internationale ? 

Il est donc inimaginable que le peuple, l’armée et la communauté internationale acceptent et se soumettent à ceux qui renversent un pouvoir légitime.

En tout cas, il est évident que les démocrates et les patriotes ne vont pas accepter de s’aplatir devant des religieux putschistes qui ne font qu’ouvrir la voie à leurs complices djihadistes.

Comme disait l’autre : ‘’les religieux et les hommes politiques maliens sont les mêmes. Les Maliens n’arrivent pas à comprendre qu’ils sont entre le marteau et l’enclume du même forgeron. Vous marchez, ensuite les politiques leur accordent des privilèges, leur donnent des millions, qu’ils prennent et mettent dans leurs poches. Tout redevient calme. Avant une autre marche’’. 

Heureusement, après l’épisode du mouvement An tè a bana beaucoup de Maliens semblent comprendre le jeu des agitateurs qui ne mobilisent pas dans les urnes et qui veulent s’accaparer du pouvoir à travers la rue en manipulant le peuple. Cela ne marchera pas, surtout que les initiateurs de la marche du 5 juin n’ont pas une bonne presse au sein de la population et les Maliens sont conscients que leur plan machiavélique ne fera qu’enfoncer le Mali dans le gouffre.

PAR MODIBO KONE

Source: info-matin

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