Le 14 août 2018, la Mission d’Observation Electorale de l’Union Européenne, dans sa déclaration préliminaire sur le second tour de la présidentielle Malienne, a qualifié la fermeture de la Radio Renouveau FM d’autoritaire. Une qualification contraire à celle qui ressort de son Rapport final présenté le 24 octobre dernier à Bamako.
Déployée au Mali depuis le 19 juin 2018 avec 86 Observateurs sur demande des autorités maliennes, la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE) a présenté, le 24 octobre dernier, son Rapport final sur l’élection présidentielledes 29 juillet et 12 août derniers au Mali. Un Rapport qui détaille l’analyse de l’ensemble du processus électoral. Il formule également 29 recommandations techniques en vue d’améliorer les échéances électorales à venir. Des recommandations parmi lesquelles on peut retenir :l’amélioration de la formation des agents électoraux et de la procédure de nomination des assesseurs, l’instauration d’une réglementation sur le financement de la campagne électorale, l’accès des Représentants des candidats et des observateurs nationaux et internationaux à toutes les étapes de la compilation des résultats, la création d’une Division électorale permanente au sein du Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation afin de renforcer l’organisation des élections et la coordination avec les autres organes électoraux constitués par la CENI et la Délégation Générale aux Élections…
Certes, c’est bien de faire de recommandations surtout quand elles sont aussi pertinentes comme celles citées ci-dessus. Mais, quand une mission comme celle de l’Union Européenne fait marche arrière sur une question concernant la liberté de la presse, cela ne peut pas et ne doit pas passer sous silence.
En effet, les faits sont têtus… On se rappelle que la Déclaration préliminaire de la MOE sur le 1ertour de la Présidentielle n’a pas du tout été digérée par la Cour Constitutionnelle. À telle enseigne que la Présidente Manassa Dagnoko a fait une sortie à l’improviste, pour ne pas dire hasardeuse, dans les médias pour manifester son indignation et son mécontentement par rapport aux critiques faites à l’encontre de son institution par ladite déclaration de la MOE. « Nous n’accepterons aucune tentative d’intimidation dans notre travail. Le Mali est un pays souverain», a-t-elle déclaré en substance. Pis, la Cheffe de la MOE a été reçue, dans la foulée, à Koulouba par Tièman Hubert Coulibaly, Chef de la Diplomatie malienne, à l’époque, sur le même sujet. Selon ce dernier, l’objectif était de rappeler à la MOE, les limites de son mandat.
Après le second tour de la Présidentielle, la MOE a fait une Déclaration préliminaire, le 14 août 2018, dans laquelle elle juge « autoritaire » la fermeture de la radio d’opposition Renouveau FM. Une radio qui, on le sait, est très critique vis-à-vis du pouvoir. Par contre, dans son Rapport final, la MOE qualifie cette fermeture de Renouveau FM de «décision administrative du gouverneur du district de Bamako ». Une contradiction qui ne dit pas son nom. Alors, la question que l’on se pose est la suivante : «la MOE a-t-elle été influencéedans la rédaction de son Rapport final pour changer de position d’une déclaration à une autre? » Une chose est sûre. Les raisons de ce changement de position laissent à désirer. La MOE, a-t-elle regretté d’avoir qualifié la fermeture de la radio d’autoritaire ?La réaction de la Cour constitutionnelle ou bien la convocation de la Cheffe de la Mission par le Ministre des Affaires étrangères ont-elles joué dans ce changement notoire de position ? Voici une série d’interrogations que l’on se pose surtout quand on sait bien la crédibilité et la fiabilité des décisions de la MOE de l’UE en matière électorale.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO : LE COMBAT