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Rapport du Secrétaire général de l’ONU: le recadrage du gouvernement

Si Rapport du Secrétaire général des Nations Unies mentionne des progrès importants qui ont été réalisés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix au Mali, et conclu que les avancées sur le volet défense et sécurité demeurent trop lentes au regard des enjeux, dans le nord du pays, le document fait aussi état des cas de violation des droits de l’homme tout en épinglant le gouvernement de ne pas engager des poursuites contre les auteurs de ces violations. Des allégations controversées des responsables des Nations-Unies auxquelles le Gouvernement, à travers le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye, a réfuté tout en apportant des éclairages par rapport à ces accusations.

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Le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP, a participé au début public, tenu avant-hier à New York, sur le rapport du secrétaire général de l’ONU sur la situation dans notre pays. Un rapport périodique auquel Ban Ki-Moon est tenu de dresser pour tenir informer le Conseil de sécurité de l’évolution de la situation dans notre pays, mais aussi alerter la communauté internationale sur les obstacles et les grands défis qui pèsent sur le processus de paix en cours au Mali.

Avancées significatives
Ce débat intervient à un moment où le nord pays est en train de tourner définitivement une des pages sombres de son histoire avec la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Aussi, intervient-il à une période cruciale pour les Nations-Unies elles-mêmes, dont les soldats déployés dans le septentrion sont les cibles privilégiées des attaques terroristes, depuis plusieurs mois.
Venu présenter au Conseil de sécurité le dernier rapport en date du Secrétaire général sur la situation au Mali, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, a reconnu que des avancées significatives avaient été réalisées dans l’application de l’Accord de paix, parmi lesquelles la création, le 19 janvier, par les autorités maliennes, de deux nouvelles régions : Taoudéni et Ménaka.
En outre, a-t-il relevé, une rencontre initiée, le 27 février, par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, entre les groupes armés de la CMA et la Plateforme, a permis d’aboutir à un « calendrier d’exécution » pour les mois de mars et avril, axé principalement sur la mise en place d’autorités intérimaires dans le nord, l’amélioration des conditions de sécurité, le cantonnement, et les préparatifs des élections locales.
Enfin, la semaine dernière, l’Assemblée nationale a adopté une loi et un décret fixant les modalités de fonctionnement des administrations transitoires, qui seront composées de représentants du Gouvernement, de la CMA et de la Plateforme, et limitées aux communes et cercles des régions de Gao, Kidal, Ménaka, Taoudéni et Tombouctou, a précisé le Secrétaire général adjoint. Considérant qu’il s’agit d’une « étape décisive », à mettre en œuvre « dans les plus brefs délais », M. Ladsous a estimé que l’arrivée à Kidal du nouveau gouverneur symboliserait le retour graduel de l’administration de l’État.
Cependant, en dépit de mesures importantes, comme la création des Commissions en charge de l’intégration et du désarmement, de la démobilisation et de la réintégration (DDR) ; la mise en place d’une allocation pour le pré cantonnement des combattants des groupes armés signataires ; la construction des trois premiers sites de cantonnement et la mise en chantier, cette semaine, de cinq autres, les volets « défense et sécurité » de l’Accord de paix restent insuffisamment mis en œuvre, a affirmé le haut fonctionnaire.

La menace terroriste
« Comme nous pouvons le constater, chaque jour de retard dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, est un jour gagné pour les groupes extrémistes et terroristes qui ont fait le pari de mettre en échec le processus de paix et prennent pour cible, de manière indiscriminée, les représentants de l’État malien, les groupes signataires, ainsi que les forces internationales de l’Opération Barkhane et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) », a déclaré M. Ladsous. ».
Près de 10 mois après la signature de cet Accord, le Secrétaire général adjoint a précisé qu’il est urgent que les parties permettent le fonctionnement rapide du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) et le déploiement de patrouilles mixtes qui devront jouer un rôle essentiel pour sécuriser le cantonnement et le DDR.
Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères a estimé qu’il revenait aux mouvements signataires de faire « des avancées importantes et rapides » sur ces questions en suspens.
Aux encouragements de M. Ladsous à initier le processus préparatoire de la Conférence de réconciliation nationale, le ministre Abdoulaye DIOP a répondu que le gouvernement avait déjà pris des mesures en ce sens, en citant un « avant-projet de termes de référence » et l’adoption d’un décret d’application de la loi relative à l’indemnisation des victimes des événements de 2012.
Convaincu que l’environnement dangereux dans lequel évolue la MINUSMA résulte de problèmes plus profonds liés à la gouvernance politique et sécuritaire en Afrique de l’Ouest, le Secrétaire général adjoint a inscrit son analyse dans une perspective plus large.
« La combinaison de la recrudescence de l’insécurité au nord du Mali, mais également dans la région de Mopti, ainsi que de la montée du terrorisme en Afrique de l’Ouest, symbolisée par les attaques de Ouagadougou, fin janvier, et de Grand-Bassam, à la mi-mars, nous invitent à redoubler d’attention sur l’état de la menace sécuritaire dans la sous-région ».
C’est également le constat auquel s’est livré le chef de la diplomatie malienne, pour qui l’instabilité régionale est liée, en grande partie, à la détérioration continue de la situation politique et sécuritaire en Libye voisine.
Annonçant le lancement d’un « examen stratégique » de la MINUSMA pour lui permettre de s’adapter à l’évolution de son théâtre d’opérations, M. Ladsous a indiqué que le Secrétaire général formulera des recommandations dans le prochain rapport qu’il présentera au Conseil de sécurité en juin, soit un mois avant la prorogation du mandat de la Mission.

Accusations
gratuites ?
À cet égard, le ministre DIOP a rappelé que le gouvernement avait formulé ses propres recommandations en vue de rendre la MINUSMA, qui souffre, selon lui, de « déficit opérationnel » davantage « proactive ». Ce, d’autant plus que la MINUSMA, bien qu’ayant à disposition presque la totalité de ses effectifs militaires et de police autorisés, peine à assumer pleinement son rôle de stabilisation du pays et d’accompagnement du Gouvernement du Mali pour la mise en œuvre de I’Accord pour la paix et la réconciliation.
En effet, a rappelé M. Diop, avec 80 Casques bleus tués en seulement trois ans d’exercice, la MINUSMA est malheureusement devenue l’opération de maintien de la paix la plus meurtrière ». Voilà pourquoi il a invité le conseil à réadapter le mandat de la MINUSMA au nouvel environnement sécuritaire.
S’agissant des allégations de violations des droits de l’homme signalées au paragraphe 31 du rapport, le ministre des Affaires étrangères a estimé que les 34 incidents survenus au cours de la période à l’examen « ne permettent pas de distinguer les cas imputés aux Forces de défense et de sécurité au Mali ».
De même, a-t-il réfuté les allégations avancées au paragraphe 32 selon lesquelles, ce sont 265 prisonniers qui seraient détenus pour des raisons liées au conflit et au terrorisme. En apportant un démenti cinglant à ces affirmations, le ministre DIOP a informé le Conseil que ce chiffre, après vérification faite auprès des services compétents, ne correspond pas aux informations dont dispose le ministère de la Justice de notre pays.
Réaffirmant la volonté du gouvernement à honorer ses engagements en matière de respect des droits humains, il a invité, à nouveau, la MINUSMA à communiquer aux autorités du pays, dans un délai raisonnable, les allégations de violation des droits de l’homme, pour permettre au Gouvernement de réagir en temps opportun.
Autre recadrage du chef de la diplomatie malienne relatif au rapport du Secrétaire général des Nations Unies : l’observation selon laquelle « les autorités judiciaires maliennes n’ont pas engagé des poursuites pénales contre les auteurs des violations des droits de l’homme ».

La réplique du gouvernement
De la réplique du ministre DIOP, cette affirmation mérite d’être tempérée en raison, rappelle-t-il, des obstacles aux procédures qui empêchent les autorités judiciaires du Mali d’engager des poursuites pénales contre les auteurs de violations, notamment le manque de ressources logistiques pour les magistrats et l’insécurité les empêchant à mener des enquêtes efficaces dans le nord du pays. Des réalités qui ont d’ailleurs été mises en évidence dans le rapport de Ban Ki-Moon, notamment en son paragraphe 33.
Face à ces obstacles inhérents au contexte sécuritaire des régions du Nord, il a invité le Conseil à une accélération du processus de stabilisation, à travers le redéploiement des Forces de défense et de sécurité maliennes dans le nord et la création d’un environnement plus propice à la mise en œuvre de l‘Accord.
En tout état de cause, se référant au paragraphe 36 du rapport, le ministre a rappelé aux membres de l’auguste assemblée, le caractère imprescriptible des crimes de guerre et crimes contre l’humanité et la non-amnistie pour les auteurs de ces crimes. Au demeurant, il a renouvelé la disposition du gouvernement à coopérer étroitement avec tous les acteurs impliqués dans la protection et la défense des droits de l’homme.

Par Mohamed D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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