Dans son dernier rapport (août 2019) sur la situation du Mali, le groupe d’experts crée par la résolution 2374 (2017) de l’ONU dresse un état des lieux peu optimiste. Retard dans la mise en œuvre de l’accord, réformes institutionnelles reportées, regain de violences dans la région de Mopti notamment, et décrispation politique lente, les conditions de réalisation de la paix restent nombreuses.
S’exprimant sur l’absence de volonté des parties signataires qui n’ont « pas accéléré la mise en œuvre de l’Accord »pour la paix et la réconciliation nationale, le rapport note que malgré l’adoption de 2 textes d’application, le début de l’opération d’intégration d’anciens combattants dans l’armée, « la démission du Premier ministre et de son gouvernement, le 18 avril 2019, est venue mettre un coût d’arrêt à des réformes institutionnelles fondamentales, 63 000 combattants inscrits attendant ainsi toujours la mise en route du processus de désarmement, démobilisation et réintégration ».
Aussi, malgré l’annonce du dialogue politique inclusif, les experts restent dans l’attente, quand à son issue. Car selon eux, « le nouveau gouvernement n’a accordé aucun portefeuille à des représentants des groupes armés signataires », en outre « le fort ressentiment populaire contre l’Accord » engendre des doutes sur l’adhésion à ce dialogue.
Les experts pointent aussi du doigt les rivalités entre groupes armés, leurs collusions avec des groupes terroristes et la défense d’intérêts personnels de leurs chefs, basés sur le trafic de drogue et la criminalité internationale, qui mettent à mal le processus de paix.
Tous acteurs
Face à ces entraves et aux violations graves de droit que continuent de subir les populations, le groupe d’experts a notamment recommandé que le comité du conseil de sécurité concernant le Mali, « exhorte le gouvernement et les groupes armés que sont la Plateforme et la CMA à signer sans délai une feuille de route révisée assortie d’un calendrier clair, réaliste et contraignant ». Le groupe d’experts a également invité la CEDEAO à adopter des textes ou à renforcer ceux existants sur la répression du commerce illicite des produits du tabac ; et la Force conjointe du G5 Sahel à favoriser les enquêtes transfrontalières conjointes.
Le groupe d’experts a enfin souhaité que le comité du Conseil de sécurité « prenne langue avec le Gouvernement algérien pour organiser une visite officielle du Groupe d’experts dans le pays avant la fin de son mandat actuel et souligne combien il importe de voir l’Algérie donner suite aux lettres du Groupe d’experts de demande de compléments d’informations concernant des personnes se trouvant en territoire algérien ou de nationalité algérienne qui menacent la mise en œuvre de l’Accord ou sont parties à la criminalité organisée ».
Journal du mali