Mes chers compatriotes,
Vous avez accepté de confier les plus hautes responsabilités nationales à moi, « le fils d’un maître d’école et d’une ménagère », venu à vous les mains vides. Toutes ces années, vous m’avez accompagné ; vous m’avez tant donné. Toutes ces années, vous avez fait de moi tantôt un esclave, un cordonnier, un forgeron, un griot, un noble. J’ai accepté d’être tout cela parce que tout cela est en vous, en nous. Vous avez fait de moi un catholique, un protestant, un musulman, voire un athée. Je suis devenu tout cela parce que tout cela est de vous.
Vous avez fait de moi tantôt un Songhaï, un Bamanan, un Foulbé, un Dogon, un Tamasheq, un Soninké, un Sénoufo, un Maure, un Minianka, un Bobo, un Bozo, etc. Je suis tout cela en effet. Vous m’avez fait naître à Diéma, à Tombouctou, à Bamako, à Kayes, à Djenné…J’ai accepté tout cela parce que c’est de tous ces lieux, de toutes ces différences qu’est fait notre pays, ce pays de toutes les couleurs, le Mali si uni, si divers, si pluriel.
Quel bonheur, Quel honneur, de l’incarner, mes chers compatriotes !
Vous m’avez dit, vous m’avez appris que pour être au-devant chez nous, on doit pouvoir accepter d’être traité de tout, d’entendre tout. C’est pourquoi j’ai fait miennes, depuis le début, ces phrases du poète :
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot…
Avec raison ! Plus qu’avec raison !
Mes chers compatriotes,
Ce soir, sont très présents à mes côtés mon épouse, qui aura tout partagé avec moi durant ces dix années, mes enfants, mes parents, mes amis, mes collaborateurs et, je sais, beaucoup d’entre vous.
Ce soir, j’ai une pensée très forte-vous ne m’en voudrez pas, comme le 8 juin 1992, pour un père parti depuis maintenant vingt-sept ans, mon Dieu ! Mais qui ne m’a jamais quitté ! Pour une mère, qui m’a accompagné dans mon itinéraire les cinq premières années. Pour un chauffeur, pour des collaborateurs : chauffeurs, plantons, cadres, prématurément arrachés à l’affection des leurs…
Ce soir, je pense à tous nos compatriotes de l’extérieur ; d’Afrique comme nous tous ; de tous les Africains du Mali, à tous nos autres frères qui ont choisi le Mali, dont la confiance ne nous a jamais fait défaut et dont l’amour pour le Mali est permanent. Ce soir, je ressens une profonde gratitude à l’endroit de tous les chefs d’Etat, de mes nombreux aînés d’Afrique qui m’ont tenu par la main, accompagné, qui ont poussé le Mali. Nous serons toujours avec eux pour le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) au service de l’Union africaine. Ce soir, je pense bien sûr-veuillez l’accepter aujourd’hui,, aux militants du parti ADEMA qui savent que je n’ai jamais été sans eux et qu’ils n’ont jamais été sans moi. Je pense aussi à tous les militants de tous les partis qui m’ont toujours soutenu avec fidélité et constance.
Mes chers compatriotes,
Aujourd’hui n’est pas jour de bilan pour nous ; d’autres le feront en d’autres moments. Je me dois cependant de dire que depuis le 26 mars 1991, notre pays a opéré beaucoup de changements et, je le pense, en bien, même si je sais que les attentes sont nombreuses.
Nous aurions souhaité faire plus, nous aurions pu faire plus si la compréhension avait été plus grande, plus solidaire, de la part de certains de nos frères. Nos tâches essentielles étaient de rétablir progressivement, de façon pédagogique, l’autorité de l’Etat, l’unité nationale, la sécurité, la stabilité du pays, la paix sociale. De grandes réformes économiques ont été opérées, de grands programmes engagés. Relativisons les difficultés scolaires : nous avons mieux fait que beaucoup. Nos résultats sur les dix ans sont mieux que sur des dizaines d’années antérieures. Nous aurions pu mieux faire, nous aurions dû mieux faire. L’école a beaucoup pesé sur la vie nationale parce qu’elle a été simplement, vous le savez, instrumentalisée à des fins politiciennes. Réalisons le consensus autour de l’école et les grands progrès seront là, car toutes les solutions sont connues.
Mes chers compatriotes,
Que les difficultés conjoncturelles, dues fondamentalement à la crise du coton et de la CMDT et à la mauvaise pluviométrie, ne nous arrêtent pas ! Le Mali n’est pas ce Mali que certains dépeignent, voudraient qu’il soit. Le Mali a bien changé : il est ce pays ouvert, rasséréné, confiant, en mouvement. Soyez fiers du Mali et de ses avancées qui sont le fait de tout notre peuple. Quand nos amis et partenaires témoignent, c’est à la gloire de notre peuple, et c’est justice rendue !
Mes chers compatriotes,
Ce 8 juin est un grand jour, un bien heureux jour ! Il est jour d’accomplissement démocratique. Le témoin sera remis de nos mains, par la grâce de Dieu et par votre volonté, à notre frère Amadou Toumani Touré. Une main d’honneur ! Sa réussite sera celle de tout notre peuple, notre réussite à nous, personnellement. Nous devons tous être à ses côtés, avec lui.
Demain, l’aîné sans être le plus âgé s’effacera pour le chef de famille. Il occupera sa place dans le rang, toute sa place, rien que sa place, au service du Mali, au nom des valeurs profondes de respect, de tolérance, de solidarité, de partage, de justice et de travail, dans la fidélité aux idéaux du 26 mars 1991. Tout ce qu’il entreprendra le sera parce que vous lui aurez fait confiance. Rien ne vaudra le Mali et votre confiance ! Tout sera pour le Mali et l’Afrique, notre pays.
Mes chers compatriotes,
Bon hivernage et encore beaucoup de satisfaction. Alpha vous dit merci, mille fois merci. Et ensemble avec vous, pour toujours ! Que Dieu nous assiste, assiste particulièrement notre président, le président Amadou Toumani Touré ! Que Dieu veille sur notre grand peuple ! Que Dieu préserve notre pays !
Je vous remercie