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Qui pour payer la TDRL ?

GOUVERNANCE ET DÉVELOPPEMENT LOCAL

Qui pour payer la TDRL ?

Ils se comptent sur le bout des doigts, les citoyens de la capitale qui s’acquittent régulièrement de la Taxe de Développement Régional et Local (TDRL). Ce véritable sérum financier, si nécessaire pour la trésorerie des mairies, ne mobilise absolument pas les Bamakois. Et pas seulement ! Dans presque toutes nos collectivités décentralisées, les populations ne s’empressent guère de mettre la main à la poche pour la bonne cause appelée TDRL. Un coup de frein permanent pour notre « développement à la base ».   

Rien n’y fait ou presque. Malgré les arguments les plus éloquents exposés par nos décideurs, et malgré les discours les plus vibrants sur le civisme et sur l’exemplarité patriotique, rien ne change. Les Maliens, dans leur très large majorité, rechignent à payer la fameuse Taxe de développement régional et locale (TDRL). Pourtant, selon les textes, le montant per capita demandé aux populations, n’est guère de ces sommes qui vous poussent à casser votre tirelire et vous grèvent le budget. En tout et pour tout, un citoyen de la capitale, concerné par la TDRL, ne doit s’acquitter que de 3000 FCFA. Et rien qu’une fois dans l’année ! Pas bien méchant, somme toute. La loi, si douce en la matière, ne nous assure-t-elle pas de sa clémence ? « La TDRL est due pour l’année entière par toutes personnes âgées de plus de 14 ans, résidant au Mali au 1er janvier de l’année d’imposition ou y fixant leur résidence dans le courant de l’année d’imposition. (Art 152) Sont exemptés de la TDRL : les hommes de troupes ; les élèves et étudiants ; les personnes âgées de plus de 60 ans au 1er janvier de l’année d’imposition ; les personnes en traitement régulier pour les maladies sociales dont la liste fait l’objet d’un arrêté conjoint des ministres chargés respectivement des Finances et de la Santé ainsi que des indigents, c’est-à-dire des personnes se trouvant sans ressources par leurs infirmités, ou se trouvant dans l’impossibilité de se livrer à un travail ; ou  encore les femmes ayant fait au moins quatre maternités. (Art 153) … »

  Si indulgente loi ! Qui nous décrit en plus ô combien est importante la TDRL dans les efforts pour notre épanouissement collectif. « Une commune se construit et prospère avec les taxes engrangées », ne cessent de nous déclamer nos gouvernants. En vain. Car, désespérément, les caisses de nos municipalités demeurent vierges ou presque de la TDRL que la main rétive des Bamakois hésite à acquitter.

Quelles explications donner alors à ce refus quasi général ? Si les raisons peuvent être diverses, elles tiennent pourtant en un dénominateur commun : le peu de confiance que les citoyens placent dans leurs élus municipaux. Lesquels, au fil de l’évolution de notre système de gouvernance axé sur la décentralisation, ont majoritairement réussi l’exploit peu enviable de s’auto-coller l’étiquette de « prédateurs » gloutons seulement occupés à siphonner les deniers de leurs administrés.

Malheureusement, d’année en année, cette défiance des citoyens à l’égard des maires communaux, ne fait que s’amplifier et s’exacerber, au point de rendre les populations de la capitale réfractaires à plusieurs obligations civiques. Circonstances aggravantes, beaucoup de nos édiles, à force d’enfourcher le cheval noir de la gestion douteuse et des pratiques scabreuses, concourent à augmenter la vision très négative que les compatriotes ont des élus municipaux.

Bamako n’est d’ailleurs pas la seule circonscription du pays où la TDRL est considérée avec une grande impopularité. Dans toutes nos collectivités territoriales, les administrés ont pris le pli de ne pas verser « un sou » dans l’assiette asséchée de la TDRL. Un coup dur permanent pour notre développement « à la base » qui, depuis des décennies, ressemble plus à un oiseau aux ailes plombées qu’à un navire ayant atteint sa vitesse de croisière.

Mohamed Meba TEMBELY et Salimata Siguéta Dembélé  

 

 Source: journal les Échos Mali

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