Le colonel Issiaka Ouattara, alias Wattao, ancien chef rebelle et commandant de zone, décédé dimanche à New York des suites d’une maladie, était l’un des anciens commandants de zones, les plus emblématiques.
Principal chef des Forces nouvelles, un groupe de rebelles ivoiriens, Issiaka Ouattara, alias Wattao, a été un des acteurs majeurs de la crise politico-militaire en Côte d’Ivoire, de 2002 à 2011.
Malgré sa maladie, Wattao avait été promu colonel-major le 18 décembre dernier.
En mars 2019, il avait quitté son poste à la garde républicaine pour le commandement des unités rattachées à l’état-major général des armées.
Chef rebelle et mutin
C’est en 1990 que le soldat, imposant du haut de son 1m90, s’est fait connaître au public en participant à une mutinerie.
Quelques années plus tard, il fait partie d’un groupe de jeunes soldats mené notamment par Ibrahim Coulibaly qui soutient la prise de pouvoir du général Robert Guéï, lors du coup d’État de décembre 1999.
Il intègre ensuite la garde rapprochée du général Gueï mais, proche d’Ibrahim Coulibaly évincé peu de temps avant, il est accusé moins d’un an après de vouloir renverser le général, au profit de l’opposant Alassane Ouattara.
Il est arrêté le 1er septembre 2000 puis, à la faveur d’une attaque du camp, Wattao s’évade et part en exil au Burkina Faso où il retrouve Guillaume Soro et Ibrahim Coulibaly, deux autres chefs des Forces nouvelles.
En 2002, il participe activement à la tentative de coup d’État du 19 septembre opposant la rébellion des Forces nouvelles à l’armée loyale au président de la République de l’époque, Laurent Gbagbo.
Avec l’échec des opérations à Abidjan et dans le sud du pays, il rejoint les autres rebelles en rapatriant son unité à Bouaké.
La Côte d’Ivoire, en situation de guerre civile est divisé en deux : les rebelles au nord et l’armée loyaliste au sud.
Wattao est nommé chef d’état-major adjoint par Guillaume Soro, le secrétaire général des Forces Nouvelles (FN).
Homme d’affaires
Un rapport d’enquête de l’ONU accuse Wattao d’avoir tiré près de 640 millions de francs CFA (1,45 million d’euros) de recettes annuelles de trafics en tous genres menés par ses hommes à Bouaké.
Un autre rapport des Nations unies datant d’octobre 2009, estime que 128 000 tonnes (10 % de la production nationale d’alors) étaient exportées illégalement par les comzones vers les ports du Togo, du Ghana et, dans une moindre mesure, du Sénégal et de Guinée.
Ce même rapport indique que les activités lucratives informelles d’Issiaka Ouattara ne se résument pas au cacao, mais s’étendent au café, au diamant et à la vente d’automobiles de luxe.
Lors de la crise de 2010-2011, occasionné par le refus de Laurent Gbagbo d’accepter la victoire de son rival Alassane Ouattara au second tour de la présidentielle, Wattao, et les autres commandants de Zone, parviennent à vaincre l’armée loyale et arrêtent le président déchu dans sa résidence.
Sur des images diffusées par les télévisions du monde entier on le voit aider l’ancien homme fort d’Abidjan à enfiler une chemise.
Il était surpris terré dans une chambre avec son épouse Simone Gbagbo.
Consécration
En 2011 après la victoire contre le camp de Gbagbo, les anciens commandants de zone des Forces nouvelles intègrent l’armée régulière.
Issiaka Ouattara est nommé commandant en second de la Garde républicaine. Son rôle est alors d’assurer la sécurité du président de la République nouvellement installé.
Il est nommé, en 2013, commandant adjoint du Centre de coordination des opérations décisionnelles (CCDO), une force mixte de près de 800 hommes chargée de sécuriser Abidjan.
En 2014, il est envoyé en formation à l’Académie royale militaire de Meknès, au royaume du Maroc. Durant cette année, Issiaka Ouattara et les autres comzones sont élévés au grade de lieutenant-colonel au début de l’année 2014.
BBC