Au pouvoir depuis 30 ans, le Maréchal-président Idriss Déby Itno est décédé mardi des suites de blessures lors de combats contre des rebelles. Une rébellion dirigée par le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) de Mahamat Mahdi Ali.
Le président tchadien, Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans, est décédé hier mardi 20 avril. Selon les informations données par l’armée, le président tchadien serait mort des suites de blessures reçues alors qu’il commandait son armée dans des combats contre des rebelles dans le nord durant le week-end. Quelle est cette rébellion et qui en est le meneur ?
L’histoire du Tchad a toujours été ponctuée d’épisodes de rébellions armées venues du Nord, de la Libye ou du Soudan voisin. Dimanche 11 avril 2021, plusieurs colonnes de véhicules, lourdement armés, en provenance de Libye, ont fait une incursion à l’intérieur du Tchad, en pleine tenue de l’élection présidentielle que le Maréchal-président Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 30 ans, est assuré de remporter. Cette incursion était l’ouvre du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), un groupe politico-militaire tchadien à dominante gorane, une ethnie saharienne.
Mardi 13 avril, le groupe revendique «la libération totale de la région du Tibesti», dans le nord du pays. « Idriss Déby a dit lui-même qu’il n’était pas venu au pouvoir par un billet d’Air Afrique. Donc, nous, on va le faire partir par la force et mettre en place la démocratie. », a déclaré, mardi 13 avril, Mahamat Mahdi Ali.
Qui est Mahamat Mahdi Ali ?
Né en 1964 à N’Djamena, ce chef de guerre tchadien qui a étudié en France et milité au PS dirige une rébellion dans le désert libyen contre Idriss Déby depuis 2008, année ou il a pris les armes pour rejoindre la rébellion. Mahadi appartient à l’ethnie gorane, comme Hissène Habré, renversé en 1990, et dont tous les proches ont été exécutés. Aujourd’hui, un des principaux leaders de l’opposition armée au pouvoir de N’Djamena, Mahamat Mahdi Ali Mahadi, s’était engagé dans plusieurs mouvements d’opposition tchadiens, mais aussi dans la vie politique française.
Réfugié politique pendant plus de 25 ans en France, Mahadi a milité au sein du parti socialiste français à la fédération PS de la Marne, en Champagne-Ardenne, où il a suivi des études de droit et sciences économiques. «J’étais à la fédération socialiste de la Marne, je soutenais notamment le trio Filoche-Lienemann-Mélenchon.» a-t-il déclaré à Libération, en 2017.
En 2005, le Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT), dont il est l’un des représentants dans l’Hexagone, signe un accord de paix avec Déby. Mahadi veut y croire. Il accepte un poste de haut fonctionnaire au ministère des Infrastructures. Mais, en 2008, la rébellion atteint la capitale. Le pouvoir de Déby est à deux doigts de s’effondrer. Sur le moment, Mahadi ne rallie pas les insurgés. Mais il sait que la répression menée par le dictateur tchadien sera terrible. «Après le départ des rebelles, tous les opposants politiques ont commencé à disparaître. Mon tour allait arriver. J’ai fui le pays.» Après cette fuite, Mahamat Mahdi Ali rejoint la rébellion au Darfour, cette même année 2008.
Depuis la Libye, Mahadi crée le Fact
C’est la révolte libyenne contre Kadhafi qui précipite son engagement sur le terrain. «Ils étaient des révolutionnaires comme nous, nous nous identifions à leur combat, ils résistaient aux chars du dictateur !» Une grande partie des rebelles tchadiens rejoint l’un ou l’autre des camps libyens. Les combattants, devenus mercenaires, s’éparpillent.
En 2015, Mahadi est envoyé en Libye afin de réorganiser les troupes armées sur ordre de Mahamat Nouri, chef historique de la rébellion tchadienne. Il remplit sa mission avec brio. Mais à son retour en France, en janvier 2016, il est porteur de revendications de la base. «Le monde a changé. Les jeunes d’aujourd’hui ultra-connectés n’attendent pas les ordres passivement. Ils demandaient un congrès, un changement de leadership.» Le vieux Nouri considère cette fronde comme un affront et le limoge sur le champ. Mahadi retourne en Libye où il crée son propre mouvement, le Fact, qui compte aujourd’hui, selon lui, 1 500 hommes.
Depuis le début de l’offensive dimanche 11 avril, Mahamat Mahdi Ali dénonce des survols de ses troupes par des avions de reconnaissance français, qu’il accuse de fournir des informations à l’armée tchadienne. Il dit surtout craindre une intervention directe de l’armée française, comme cela s’était passé il y a deux ans lorsque ses Mirages avaient stoppé net la progression des rebelles de l’UFR, en provenance, eux aussi, de la Libye.
Source : Bénin Web tv