Il n’est pas besoin pour un avocat – donc un homme de droit, même s’il a versé dans la politique – de rappeler que la Constitution malienne consacre que nul n’est au-dessus de la loi. Mais lorsque Mohamed Ali BATHILY, ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières rajoute ses propres commentaires à cette disposition constitutionnelle devant une population sikassoise, en quête d’identité foncière dans le contexte social actuel, venue l’écouter, ça change beaucoup de choses.
D’autant plus qu’après ce discours que les sikassois continuent de commenter, la légion de la gendarmerie avait été assaillie par une foule avec un gendarme blessé suite à de violents affrontements, selon des sources bien informées. Et si des dispositions n’avaient été vite prises, l’on aurait assisté au pire. Car, selon les mêmes sources, les mêmes personnes se proposaient d’attaquer le gouvernorat, la mairie et le tribunal. Elles avaient de bonnes raisons, peut-on admettre si l’on s’en tient à ce discours incitant à la révolte et à la violence tenu par M. A. BATHILY le 13 avril dernier dans la capitale du Kénédougou. Et comme pour dire qu’il savait très bien ce qu’il faisait et disait, l’orateur très fortement acclamé sur la bande sonore enregistrée à cet effet, s’est exprimé en bamanankan. En attendant de transcrire et de publier – pour l’histoire – pour nos lecteurs l’intégralité du discours de Mohamed Ali BATHILY, nous vous livrons des extraits saillants : «…le gouverneur n’est pas au-dessus de la loi, le procureur ne l’est pas encore moins le commissaire ou le maire…S’ils se mettent au-dessus de la loi pour commettre de l’injustice, c’est parce qu’ils savent que vous êtes passifs…» «…Si cette salle remplie se dirigeait vers les bureaux du gouverneur, du maire, du commandant de brigade ou du juge, ils diront la vérité…Mais si cette salle se désagrégeait, vous serez des cabris et eux un groupe d’hyènes qui vous dévoreront…» «…Levez-vous et marchez si vous voulez que Dieu vous aide…» «…
BATHILY n’incite pas les gens à la révolte, mais ils incite les populations contre ceux qui se servent de leurs fonctions, titres et grades pour violer la loi…» Une sorte d’appel ouvert à la vindicte populaire. L’homme ne s’arrête pas en si bon chemin, il établit des comparaisons entre la situation qui a vu naître le génocide au Rwanda (avec des cadavres qu’il a vus de ses yeux dans les rues de Kigali) et celle qui prévaut dans notre pays par la faute, selon lui, des autorités administratives, judiciaires, et politiques du pays. Une autre comparaison de M. A. BATHILY a porté sur le cas de Chefs d’Etat mis en examen dans leur pays (cas de l’ancien président français, Jacques Chirac). Est-ce une mise en garde à l’adresse du président Ibrahim Boubacar KEITA ? Toujours est-il que pour le harangueur des sikassois, «…il est temps que nous nous débarrassons des sangsues. Elles ont assez sucé notre sang…c’est bon comme ça et il faut qu’on y mette fin…»
La Rédaction
Source :Liberté