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Quelle ligne de conduite pour le citoyen et le politique en ces temps de crise ?

Certains partis signataires de l’accord politique ont fait leur entrée dans le gouvernement de BC.

 

Tandis que leurs admirateurs, militants ou sympathisants en sont fiers, leurs accusateurs ont fait de leurs nominations le but final de leurs agissements en tant qu’opposants allant jusqu’à les qualifier d’indignes voire d’opportunistes.

Face à une situation pareille, nous nous interrogeons :

Entre conviction politique motivée par l’intérêt personnel et celle soutenue par le devoir moral de coopération et d’implication en vue de sortir le pays de ces déboires, laquelle doit prévaloir ?

Fait-on de la politique pour améliorer la vie de ses concitoyens ou pour simplement paraître sous le seul vocable de politicien ?

Pour répondre à ces questions, nous faisons recours à Kant lorsqu’il affirme : « La morale n’est donc pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons nous rendre heureux, mais comment nous devons nous rendre dignes du bonheur »

Ici il y’a une distinction à faire entre l’homme et sa conduite.

Autrement notre conduite sociale loin d’avoir pour finalité la recherche du bonheur, détermine notre mérite à obtenir le bonheur.

L’activité politique, n’est pas d’émanation divine et l’homme politique n’incarne pas la sainteté.

D’abord comprenons qu’en chacun de nous, citoyens ordinaires, politiques, acteurs de la société civile, existe l’humanité avec ce besoin de respect et de dignité.

Ce qui revient à dire que si « les hommes [politiques] ne sont certes pas de saints, l’humanité en revanche est sainte en eux. »

De ce fait, il faut que nous acceptions de respecter tous les hommes et leur choix en raison de leur qualité d’humains.

Au temps de grands empires la dignité appelée en malinké Dambé était une charge publique, dont la transgression entretenait le bannissement de l’individu au sein de la communauté ou parfois suffisait à se donner la mort pour essuyer l’humiliation de la famille.

L’évolution du monde en a fait l’attribut de tous les hommes : ce qui était privilège est devenu bien commun. Ce qui était apanage est à tous donné.

S’en suit donc, le nécessaire respect de toutes les personnes, respecter n’obligeant nullement à aimer ou admirer.

A ce respect, semblent avoir manqué ceux qui ont invectivé, insulté, injurié, les opposants ayant accepté d’intégrer le gouvernement de Boubou Cissé.

Devraient-ils refuser d’entrer au gouvernement au nom d’une dignité ou de leur statut d’opposants politiques ?

En effet, et aux regards des événements et circonstances de la vie politique au Mali, ceux qui sont à l’opposition aujourd’hui étaient au pouvoir ou proches du pouvoir à une époque relativement récente et inversement ceux qui tiennent aujourd’hui les rênes du pouvoir étaient les opposants d’hier.

L’adhésion d’un opposant dans un gouvernement dont il a dénoncé les dérives par le passé ne devrait pas lui faire perdre sa qualité d’humain en le traitant d’indignes.

S’il faut s’en prendre à ce choix purement politique et hautement patriotique, alors sommes nous tentés aussi d’accuser, pour avoir manqué de cette vision patriotique, ceux qui se sont refusés de signer l’accord au nom de leur idéologie ou valeur politique.

Encore, rappelons qu’il n’est pas indigne pour un opposant d’entrer dans un gouvernement qu’il a lui-même dénoncé les excès par le passé.

Ce qui serait indigne, c’est la coopération avec les mêmes maux et dérives qui nous ont conduit là.

Dans le contexte politique actuel du Mali, la dignité de l’homme politique ne peut aucunement s’apprécier dans son choix politique mais plutôt dans sa conduite face aux défis urgents qui justifient son adhésion.

Nous sommes arrivés à une phase où chaque citoyen malien qu’il soit politique ou non doit se conduire en modèle, et que ses actes ou agissements doivent incarner cette conduite.

Toujours tenant compte du contexte, une autre raison nous conduit à écarter la question de la dignité dans ce champ de nomination politique.

En effet, les visions des acteurs politiques étant loin les unes des autres, alors que les objectifs politiques demeurent les mêmes : conquête et exercice du pouvoir d’État, il devient donc acceptable et admissible que le jeu politique se fasse dans la division et dans la contradiction.

Mais cela paraît plus propice dans un contexte de stabilité générale où les baromètres sociaux, économiques voire institutionnels fournissent des scores plus ou moins positifs.

Les questions de vision politique devraient être suspendues lorsque la nation toute entière est au bord du gouffre.

Si cette raison ne semble assez plausible alors il faut exiger le minimum de communauté de vision partagée capable de favoriser l’adhésion de tous à un projet commun.

A ce sujet, l’accord politique satisfait cette exigence puisqu’il trace des axes et lignes de conduite ayant force obligatoire pour toutes les parties prenantes mais aussi il constitue la garantie sine qua none des diverses préoccupations.

Doumbia Bassirou Ben

La rédaction

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