Quelle est la situation au Mali, où la France est engagée militairement ? On tente de faire le point.
Deux jours après que le Premier ministre Jean Castex et la ministre des Armées Florence Parly ont passé le 31 décembre en compagnie des soldats français engagés au Sahel, le force Barkhane a de nouveau été frappée : 2 soldats sont morts samedi au Mali, après l’explosion d’un engin au passage de leur véhicule.
Le seuil des 50 morts franchis
Deux décès qui interviennent quelques jours à peine après le décès de trois soldats en opération. En moins d’une semaine, les forces françaises ont donc perdu cinq de leurs membres. Au total, 50 soldats français sont morts au Sahel depuis le lancement de l’opération Serval en 2013, devenue Barkhane en juillet 2014.
C’est lors d’une mission de renseignement que le sergent Yvonne Huynh, 33 ans, ainsi que le brigadier Loïc Risser, 24 ans, du 2e régiment de hussards de Haguenau ont perdu la vie. Un troisième militaire a également été blessé lors de l’explosion.
La France va réduire ses effectifs
De nouvelles pertes pour la France alors qu’elle s’apprête à “très probablement” réduire ses effectifs sur place, comme l’a concédé Florence Parly, mettant en avant “des succès militaires importants” et dénonçant les “méthodes pernicieuses” des djihadistes.
Au total, 5.100 hommes sont actuellement présents au Sahel pour lutter contre les groupes djihadistes, après le récent renfort de 600 soldats supplémentaires.
Qu’est-ce que l’opération Barkhane ?
En 2013, mille soldats français sont d’abord envoyés dans le cadre de l’opération Serval pour aider les armées maliennes à arrêter la progression des groupes terroristes dans le nord du pays, qui menacent alors la capitale Bamako. Objectif : “Aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale et sa souveraineté.”
Après avoir repris les villes de Gao, Tombouctou, Kidal et Tessalit, l’objectif est assuré. Commence alors l’opération Barkhane, en 2014, en coopération avec les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et les casques bleus de l’ONU. Objectif : sécuriser définitivement la région.
Dans une zone de l’Afrique qui s’étend sur plusieurs milliers de kilomètres, l’opération s’est maintenant enlisée depuis plusieurs années. Certes, les djihadistes sont désormais loin de Bamako mais la France n’arrive pas à passer la main à l’armée malienne pour sécuriser le pays.
Quelle est la situation actuelle au Mali ?
La Mali a vécu une grave crise politique à l’été 2020 avec la chute de son président Ibrahim Boubacar Keita -dit IBK -, renversé par un coup d’état militaire à la suite de manifestations populaires dans tout le pays.
Le retrait des forces françaises serait un coup dur pour le gouvernement central de Bamako, toujours confronté à de multiples groupes djihadistes dans le nord du pays. Des attaques de groupes islamiques qui se juxtaposent souvent à des violences intercommunautaires, notamment avec la minorité des Peuls. Un retrait français serait en revanche bien accueilli par de larges franges de la population, qui considère l’armée française comme une armée d’occupation.
Depuis l’intervention française, l’insécurité au Mali aurait fait près de 8 000 morts, “des millions de déplacés, la fermeture de milliers d’écoles, avec des attentats visant constamment les représentants de l’État et les autorités traditionnelles“, comme le précise Le Point.
De quoi pousser le nouveau régime en place à une volonté de négociation avec certains groupes terroristes, notamment le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans). C’est ce qu’a fait savoir le Premier ministre de la Transition du Mali, Moctar Ouane, pour sa première grande interview internationale à France 24 et RFI le 3 décembre dernier.
Une volonté largement partagée par l’opinion malienne, lassée de la présence française jugée inefficace. Le retrait des troupes françaises est d’ailleurs une condition sine qua non du JNIM pour négocier, ainsi que l’établissement de la loi islamique au Mali; une dernière condition qui semble négociable dans un pays largement musulman, en donnant notamment un rôle plus important à l’Islam dans la vie politique et sociale.