Dans le cadre de la rubrique “Que sont-ils devenus ?” l’ancien joueur international de l’AS Réal, de l’ASEC d’Abidjan nous a reçus, à son domicile sis à Guarantiguibougou pour parler de sa riche carrière. En tant que joueur et technicien, Issa Kolon Coulibaly a trainé sa bosse à Abidjan et au Burkina Faso. Faudrait-il rappeler qu’il fait partie de la génération de l’Institut National de la Jeunesse (INS), prédestinée à entrainer les équipes régionales, pour donner plus de niveau au football malien. Mais la promotion sera prise en otage par l’ajustement structurel, qui introduit le concours d’entrée à la Fonction publique, pour servir comme maître de Professeur d’Education Physique. Cela a été un gâchis, parce que bons nombre de ces techniciens, ont tourné dos au football, en entreprenant d’autres activités sensées leur assurer des ressources. Sociétaire de l’espoir de Bougouni, il réussit son baptême de feu en 1978, lors de la biennale à Bamako. Son oncle Moussa Keïta dit U.T.A (ancien Aigle de la génération de Yaoundé 1972) le transféra l’année suivante à l’AS Réal. Opérationnel dans tous les compartiments d’un bastion défensif, il trouve sur place les Beïdy Sidibé “Baraka”, Ousmane Doumbia “Man”, Seydou Traoré “Guatigui”, Soumaïla Diakité dit Pelé, Boubacar Sidibé “Jardin”, Amadou Samaké dit Vieux gaucher… etc. Cette polyvalence fit vite de lui une valeur sure des Scorpions. Qui est Issa Kolon ? Quel a été son parcours? Ses désirs et totems, tout est passé au peigne fin pour l’animation de votre rubrique préférée “Que sont-ils devenus ?”.
Issa Kolon Coulibaly était un joueur calme sur le terrain, mais impulsif face à une provocation. Il était du voyage des Aigles à Abidjan pour le tournoi de la CEDEAO en 1984. Un déplacement de l’équipe nationale qui s’est soldé par une rébellion des joueurs. En plein vol de l’avion, ils ont exigé que les 3 000 000 F CFA (à l’époque 6 000 000 F maliens) offerts par le président ivoirien Houphouët Boigny soient partagés entre les acteurs. Donc, de façon unanime, ils ont fait monter la pression, et finalement ils ont eu gain de cause.
Réal, ASEC, EECI
La carrière d’Issa Kolon Coulibaly au Réal a duré six ans (1979 -1986), elle a enregistré une coupe du Mali en 1980 face au Djoliba, trois titres de champion (1980, 1981, 1983).
En Côte d’Ivoire, il a été vice-champion en 1987 avec l’ASEC Mimosa, et finaliste malheureux avec l’AS EECI.
A un moment donné, son cas relevait d’un paradoxe : remplaçant dans son club, mais titulaire attitré en équipe nationale. Cela s’expliquait par le fait que l’entraineur Mamadou Keïta dit Capi le connaissait parfaitement. Il lui enseignait à l’INS le football théorique et pratique. Issa Kolon Coulibaly a beaucoup de diplômes d’entraineur, une riche carrière en tant que joueur, une grande expérience dans le coaching.
Alors, pourquoi demeure-t-il cet éternel adjoint des différentes sélections nationales ? Sans gêne nous avons cherché à savoir, si réellement il a des ambitions dans la vie ? Bien sûr que oui, seulement il tient à préciser que l’on ne se choisit pas pour occuper un poste de responsabilité. Dans la vie, il faut être humble et modeste. C’est une question qui relève de l’intérêt supérieur de la nation, dans ce cas il ne saurait se cacher derrière un éventuel orgueil pour débiner, parce qu’il a été nommé adjoint. Cela est un complexe. Cependant, il serait incompréhensible qu’il n’y ait pas d’ambition. Si c’est le cas, il n’aurait pas accepté d’étudier le football durant quatre ans (1980- 1984) à l’INS.
En rencontrant l’ancien sociétaire de l’AS Réal et de l’ASEC d’Abidjan, nous avons encore compris que les ressortissants de Bougouni ont un amour fou pour leur localité. Ils sont fiers d’être des enfants du terroir. N’est-ce pas qu’un ancien ministre (sous le règne du président Moussa Traoré) pour magnifier sa ville et démontrer qu’il est de cœur avec tous ses enfants disait toujours “Peuple de Bougouni, mon peuple”. Issa Kolon nous a confirmés ce constat. Comment ? Agé de 60 ans, marié et père de 6 enfants, Issa Kolon Coulibaly a une véritable ambition pour sa région. Il projette de se retirer du monde footballistique pour rentrer définitivement à Bougouni, cultiver, postuler pour être maire, faire bénéficier la jeunesse de ses expériences. Parce qu’il doit tout à la région de Bougouni, et il est fier d’être un de ses fils.
Venu de Bougouni très jeune, il intègre rapidement l’équipe nationale junior dirigée par Mamadou Keïta dit Capi, dans le cadre des éliminatoires de la CAN. Cette aventure des Aiglons sera freinée par les Eléphanteaux de Côte d’Ivoire à Abidjan aux tirs au but 1983
En équipe nationale, il a à son actif quatre sélections en équipe nationale junior, et quinze avec les Aigles séniors. Deux facteurs ont précipité son départ de l’équipe nationale. Sous le coup de la déception consécutive à son échec au concours d’entrée à la Fonction publique ; l’ossature de l’équipe du Réal est également suspendue pour cause de rébellion dans le groupe. Certes, il a échappé à cette sanction radicale et collective des dirigeants réalistes, Issa Kolon a déduit que l’avenir immédiat du club du point de vue performance est compromis. Il s’aventure en Côte d’Ivoire pour signer un contrat de deux ans (1986 -1988).
Comment le contact a été établi entre lui et la partie ivoirienne ? L’enfant de Bougouni explique : “Juste avant la fin de mes études, l’équipe nationale a participé au tournoi de la CEDEAO à Abidjan. A la fin de la compétition, les dirigeants de l’ASEC m’ont approché, mais il fallait que je décroche mon diplôme. Raison pour laquelle j’ai décliné dans un premier temps leur offre. Avant, je profitais de mes vacances à Bouaké, pour jouer le championnat de Yaoundé Ivoirien. Depuis ce moment, ils étaient sur ma piste. Donc, quand le bon moment est venu je n’ai pas hésité de réchauffer les intentions. Et tout est allé vite à mon arrivée à Abidjan. Les dirigeants n’ont posé aucun problème et ils m’ont même trouvé du boulot dans un lycée “.
Au cœur des sélections nationales
Après l’ASEC, Issa Kolon signe à l’AS EECI. Deux ans plus tard, il décide de mettre un terme à sa carrière et retourne à l’académie de l’ASEC avant l’arrivée de Jean Marc Giroux. Il était en même temps responsable chargé des sports aux Etablissements Sylla et Frères.
Sa famille au Mali, et plus particulièrement sa maman le réclamaient, et finalement Issa Kolon Coulibaly rejoint le bercail. Premier point de chute, l’encadrement technique de l’AS Réal comme adjoint de l’entraineur Ibrahim Diallo. Ce coup d’essai au Mali constitue en quelque sorte le point de départ de sa carrière d’entraineur très riche. Mais, nous retenons ses passages au niveau des différentes équipes nationales. Sinon, il a entrainé des clubs, mais pendant un bout de temps, parce qu’il a été chaque fois appelé pour les sélections nationales.
Ainsi, en 2004-2005, il est nommé entraineur adjoint de l’équipe nationale cadette avec une phase finale de CAN en Gambie.
En 2006, il assure les mêmes fonctions au niveau des Aiglons au tournoi de la Francophonie au Niger.
2007-2008, il est le second entraineur de l’équipe nationale senior pour le tournoi de l’UEMOA, et de la coupe Amical Cabral en Guinée Bissau.
En 2009, il est chargé de la promotion des talents maliens au niveau de la Direction technique, et conduit aussi l’équipe nationale U 16 au tournoi mondial de Montaigu en France.
Après cette aventure, il est nommé entraineur adjoint de l’équipe nationale olympique. Issa Kolon Coulibaly occupe ces mêmes fonctions en 2012 et 2013 respectivement au niveau des Aigles locaux et des Cadets.
2015 -2016, il est entraineur adjoint des équipes nationales U 23 et du CHAN.
Il quittera momentanément le Mali pour entrainer le Racing Club de Bobo Dioulasso pour la saison 2016-2017. Dès lors, il est assistant à la Direction technique. Et, il y a juste quelques semaines, Issa Kolon est encore choisi pour seconder le coach des Aigles locaux Nouhoum Diané.
L’analyse de son parcours en tant qu’entraineur adjoint à répétition est plus qu’étonnant. Et rien ne justifie cette volonté de pouvoir le balancer au second plan. Et à juste raison ! Il est diplômé de l’INS, option football, de celui du 1 er et 2ème degrés de la Fédération ivoirienne de Football pour l’encadrement des jeunes. Il a également suivi :
– une formation internationale pour les entraineurs de haut niveau en Allemagne (septembre 2005) ;
– un stage continental pour les instructeurs du football des jeunes en Tunisie (Juin 2007) ;
– une formation “la FIFA gagne en Afrique avec Afrique” ;
– un stage pour la licence B Professionnel CAF ;
-un stage d’entraineur de préparateur physique FIFA (2013) ;
-un stage d’entraineur de préparateur de gardien de but (2013) ;
– Un stage d’entraineur de FUSTAL (2013) ;
– un stage d’entraineur pour la licence A CAF.
Malgré tout, l’enfant de Bougouni ne s’offusque point, pour les convictions citées plus haut.
Dans la vie, sa passion se résume à trois choses : le sport, la musique et la culture. Il déteste la médisance et l’hypocrisie. Il est évident que l’analyse de sa longue et riche carrière d’entraineur et de joueur a enregistré des bons et mauvais souvenirs. Issa Kolon Coulibaly les énumère : “Comme bons souvenirs, je retiens la finale de la coupe du Mali remportée contre le Djoliba en 1980, celle perdue face à l’Africa Sport d’Abidjan quand j’étais à l’ASEC, ce match amical contre le Paris Saint Germain au stade Félix Houphouët Boigny. Pour les mauvais souvenirs, je me rappelle encore cette élimination de la s élection de Bougouni en 1977 contre Kolondiéba dans le cadre de la semaine locale. Il faut ajouter le faux pas de notre génération de juniors face à la Côte d’Ivoire. Jusqu’à présent, je vis difficilement cette défaite des Aiglons maliens dont je faisais partie, avec comme entraineur Capi. Et pourquoi ne pas parler de cette élimination face au Gabon à Bamako en 2009, quand j’étais l’entraineur des Aiglons U 20”.
Persuadé que nul ne fera le football malien à la place de ses fils, Issa Kolon évite de poser des actes négatifs, qui pourraient entraver l’avenir du football malien. C’est pourquoi, il accepte beaucoup de choses. Et en sa qualité de président de l’Association des Entraineurs du Mali, il se doit de garder profil bas face à certaines situations, même si son moral doit en pâtir quelque fois. C’est cela aussi être responsable, avec une grande dose d’humilité et de bon sens.
L’enfant de Bougouni soutient n’avoir pas regretté d’avoir joué au ballon, parce que grâce au football il a réussi dans la vie.
O. Roger Sissoko
Source: Aujourd’hui-Mali