Dans le nord du Mali, Kidal jouit d’une autonomie de fait. Sous l’emprise des ex-rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), la ville, tout comme de larges portions du nord pays, échappe au contrôle de l’État malien.
« Bienvenue ! Ici, c’est l’Azawad ! » Ce lundi 2 décembre, les passagers qui descendent de l’hélicoptère de la Minusma ont à peine le temps de poser le pied sur le sol rocailleux de Kidal que les voilà prévenus. Mazou Maïga, l’un des militants les plus actifs au sein des jeunesses du Mouvement nationale pour la libération de l’Azawad (MNLA), qui vient de leur lancer cette parole d’accueil aux accents indépendantistes, s’est employé, les jours précédents, à pavoiser la ville aux couleurs de son mouvement.
Peint sur les murs des bâtiments publics ou flottant au vent du désert, le drapeau vert, rouge, noir et jaune du mouvement touareg, qui avait, le 6 avril 2012, autoproclamé l’indépendance de l’Azawad, est ici omniprésent. Au contraire du drapeau malien, qui, lui, n’est visible nulle part.
Quelques jours plus tôt, lors du congrès du MNLA, le représentant français de la Minusma semblait avoir pris acte de cet état de fait. En souhaitant la bienvenue aux délégations « venues du Mali et de l’étranger », le Français Christophe Sivillon a déclenché l’ire de Bamako, qui l’a expulsé dix jours plus tard. Ces propos « portent une atteinte grave à la souveraineté et à l’intégrité territoriale », ont alors tempêté les députés maliens.
Démonstration de force
Nous voulons montrer que nous avons suffisamment de ressources pour mener des opérations militaires
Dans les faits, cependant, Kidal est bel et bien le fief de l’ex-rébellion touarègue. Le défilé « militaire » organisé par le MNLA à l’occasion de son congrès, quelques semaines après celui du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), en octobre dernier, l’a largement illustré.
« Il était important pour nous de montrer à nos populations que nous avons les moyens militaires de les sécuriser », affirme Almou Ag Mohamed, porte-parole du HCUA. « Nous voulons aussi montrer que nous avons suffisamment de ressources pour mener des opérations militaires s’il le faut, alors que certains prétendent que nous utilisons les moyens des forces obscurantistes », poursuit-il.
JeuneAfrique.com