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Quand les victimes du terrorisme ne sont “que” des noirs africains

Alors que le terrorisme islamiste frappait la France au début du mois, dans le lointain Nigeria, d’autres attentats terroristes faisaient des ravages. Des centaines, et peut-être même 2000 femmes, enfants et hommes ont été abattus par des terroristes islamistes dans un massacre d’une brutalité inqualifiable.

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Amnesty International affirme que le carnage dans la ville de Baga au du nord-est du pays était probablement la pire atrocité commise par le groupe Boko Haram au cours de la dernière décennie. Et cela est très significatif, étant donné que pour la seule 2014, on estime que quelque 10.000 Nigérians ont été tués par les islamistes.

Alors que les premiers survivants du massacre, après être parvenus à atteindre les zones contrôlées par le gouvernement, racontaient les horreurs de Baga, le président nigérian Goodluck Jonathan lançait sa campagne à Lagos pour les prochaines élections du 14 février.

Mais Jonathan n’a mentionné ni le massacre de Baga, ni l’expansion de Boko Haram, qui a conquis un territoire de la taille de la Belgique qui l’appelle “l’État islamique de l’Afrique”. Boko Haram et Baga n’ont pas non plus été mentionnés, au moment où 50 dirigeants mondiaux se réunissaient quelques jours plus tard à Paris pour condamner les meurtres de 17 personnes dans trois attaques terroriste.

Jonathan n’a d’ailleurs pas pris le temps durant campagne de condamner les attentats de Paris. Mais il lui a fallu plus d’une semaine pour se rendre à Baga et présenter ses condoléances aux citoyens dévastés. Ce n’est rien par rapport aux trois semaines que lui ont pris pour se rendre à Chibok où près de 280 lycéeennes ont été enlevées en avril dernier.

Sans vouloir, ne serait-ce qu’une seconde, dévaluer l’horreur des attentats qui ont frappé France, et la cruauté indicible de l’État islamique au Moyen-Orient, on ne peut que se demander pourquoi ces événements attirent l’attention du monde du monde entier alors que les atrocités au Nigeria ne valent qu’une petite mention.

Il a fallu l’enlèvement des filles de Chibok pour mobiliser la planète l’an dernier avec le hashtag #BringBackourgirls, mais cette vague d’indignation est passée, alors que la plupart des filles sont toujours détenues en otage, ou mariées à des étrangers contre leur gré.

Même l’aide militaire que Washington avait commencé à transférer aux autorités nigérianes pour retrouver les filles et affronter le cauchemar islamiste a diminué ces derniers mois, à cause de la corruption et de plusieurs cas de violation des droits de l’homme au sein des forces de sécurité nigérianes.

Une des raisons de l’indifférence du monde réside dans la façon dont les Nigérians et leurs dirigeants perçoivent et s’occupent de la menace Boko Haram.

La plupart des Nigérians considèrent le groupe islamiste comme un problème régional de ce qui est un des pays les plus grand et les plus peuplés en Afrique, un pays producteur de pétrole où presque 80% de la population vit dans une pauvreté abjecte.

Goodluck Jonathan, qui est un Chrétien du sud, semble peu préoccupé par les événements dans le nord musulman. En reconnaissant l’ampleur de la violence de Boko Haram, il admettrait son échec en tant que président à traiter le problème, ce qui n’est pas une option pour un homme qui convoite un second mandat.

On ne sait pas dans quelle mesure les électeurs nigérians tiendront leur chef pour responsable de cet échec, au moment où ils voteront le mois prochain.

Le Nigeria est le plus grand centre économique en Afrique, avec un PIB de 510 milliards de dollars et un budget consacré la défense qui s’élève de 5,8 milliards de dollars. Pas étonnant que tout le monde, de Siemens à Subaru, veuille sa part du gâteau.

Historiquement, le monde a convoité le Nigeria pour ses diamants et son pétrole, pour le dumping de produits que les multinationales n’arrivent pas à vendre à des clients plus exigeants, pour les ventes lucratives d’armes qui remplissent les poches des industriels militaires et des intermédiaires. Israël, aussi, est impliqué.

La présence d’une grande communauté d’Israéliens au Nigeria a contribué au développement des techniques d’irrigation au goutte à goutte, à celui de la formation médicale et à celui des drones.

Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a prouvé récemment à quel point le Nigeria était utile à Israël quand il a appelé Jonathan pour lui demander de ne pas soutenir la résolution présentée à l’ONU sur la reconnaissance d’un Etat palestinien. Jonathan, qui avait été prévu de voter en faveur de la résolution s’est exécuté, et la requête palestinienne a été rejetée.

Ce qui est dur à avaler, c’est que les dirigeants africains ont adopté les manières d’exploiter de leurs anciens et actuels colonisateurs.

Jonathan s’est même approprié le slogan #BringBackOurGirls pour le transformer pour sa campagne en # BringBackOurGoodluck2015.

Rien de tout cela ne permet cependant de dédouaner l’Occident, qui reste responsable de la plupart des maux dont souffrent le continent, souvent pour son propre intérêt.

L’État islamique en Afrique règne sur quelque 1,7 millions de personnes. Un des terroristes de Paris a rencontré au Yémen un Nigérian nommé Umar Farouk Abdulmutallab, mieux connu sous le nom de”Bomber Underwear”, qui avait tenté de faire sauter un avion de la compagnie Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit en 2009.

Boko Haram a déjà franchi les frontières des pays voisins pour semer la mort et la destruction. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne projette ses tentacules un peu plus loin.

Source: i24news.tv

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