60.000 tonnes de produits électroniques potentiellement dangereux sont exportées chaque année au Niger de manière illégale. Un quart sont des déchets.
Depuis la traduction de la convention de Bâle, en 1997, dans le droit européen, il est formellement interdit de transférer des déchets dangereux d’un pays membre de l’OCDE vers un non-membre de l’OCDE. Pourtant, il semblerait que cette convention ne soit pas respectée par plusieurs pays européens. Selon une étude de l’Université des Nations unies , de très nombreux déchets dangereux termineraient ainsi leur course au Niger.
En effet, les auteurs de l’enquêtes estiment que plus de 60.000 tonnes de produits électriques et électroniques usagés sont envoyées chaque année au Niger de manière non déclarée. Et un quart d’entre eux (soit 15.600 tonnes annuellement), sont purement et simplement des déchets non fonctionnels et potentiellement dangereux.
En outre, les auteurs estiment qu’une bonne partie de ces produits, bien que fonctionnels et réutilisables, nécessiteraient en fait des méthodes de transports spécifiques du fait de la dangerosité de leurs composants. C’est notamment le cas des réfrigérateurs, des climatiseurs ou encore de certains téléviseurs importés massivement au Niger illégalement.
Des déchets qui voyagent déguisés
La quantification précise de ces importations reste cependant particulièrement difficile notamment du fait de méthodes de transport particulièrement imaginatives.41.500 tonnes de ces produits seraient transportées directement à l’intérieur de voitures qui transitent par RoRo (barge de transports longue distance pour véhicules). Mais en réalité, seul le véhicule est déclaré comme une importation et les autorités portuaires ferment les yeux, affirment les enquêteurs de l’Unu.
Les 18.300 tonnes restantes voyageraient pour leur part dans des containers, mélangés à d’autres types de produits moins à risques (meubles, bicyclettes, équipements de cuisine ou de sport etc.) et sont déclarées comme tels. Parfois, ces containers contiennent eux-mêmes une voiture, elle-même remplie, tout comme le reste de l’espace du container. Encore une fois, seul la voiture est déclarée.
Une origine massivement européenne
L’origine de ces déchets est à 77 % européenne, notent les auteurs. L’Allemagne est le point de départ de 20 % des produits électroniques et électriques qui finissent au Niger. Le Royaume-Uni suit de près avec un taux de 19,5 %. Viennent ensuite la Belgique (9,4 %), les Pays-Bas (8,2 %), l’Espagne (7,4 %). Les Etats-Unis et la Chine affichent tous deux le chiffre de 7,3 %. La France, bonne élève, affiche un taux quasi nul à 0,65 %.
En revanche, les importateurs sont en grande majorité des Nigériens. La raison : ces produits électriques et électroniques peuvent générer de très forts revenus une fois revendus, et surtout s’ils n’ont pas besoin d’être réparés. Mais lors de la réception des cargaisons, aucun de ces importateurs illégaux n’a été inquiété par les autorités, affirme l’étude.
Les Echos