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Quand la société encourage les violences sexuelles

Alima a été victime d’une tentative de viol. Elle a décidé de poursuivre judiciairement son bourreau et de briser le tabou. Malheureusement, la société et ses règles semblent vouloir couvrir les violences sexuelles. Elle nous raconte.

 

On se demande toujours pourquoi les victimes d’abus sexuel restent dans le silence et n’osent surtout pas se confronter à leurs bourreaux. Nous oublions qu’en fait la société et les circonstances ne les aident pas beaucoup.

J’avais à peu près 17 ans. Il donnait l’air d’en avoir une trentaine, car il côtoyait le plus âgé de mes grands frères. Dans leur camaraderie, ils avaient l’habitude de rester chez ma mère, sur le toit, jusqu’à des heures tardives. Cette nuit-là, je m’en souviens, mon cousin m’avait demandé de ne pas boucler la porte d’entrée du salon, car il allait y dormir. Et que l’ami de mon frère resterait aussi pour y dormir. Je n’y voyais pas d’inconvénient, et je suis aussitôt allée au lit. Sauf que la nuit allait être plus mouvementée que d’habitude.

Sursaut et cris

J’ai été réveillée aux environs de  2h du matin par une impression qui me semblait être des caresses, précisément sur la cuisse. Étant dans le noir, j’ai d’abord pensé rêver, et n’ayant entendu aucun bruit, je me suis aussitôt remise à dormir. Quelques minutes plus tard, c’est plutôt en sursaut et avec des cris que je me suis réveillée. Quelqu’un me touchait (des caresses avec la main) l’intimité et il n’y avait plus aucun doute.

J’avais peur, très peur. En criant, je demandais : « C’est qui ? C’est qui ? » Une voix masculine, très affolée, ma répondu : « C’est Jack, l’ami de ton frère. S’il te plait, ne crie pas .» Ne voyant aucune raison à sa présence, j’ai continué à crier, et il a rapidement pris la fuite. C’est ainsi que ma famille vint à mon secours, et ma mère à rapidement décidé d’aller à la brigade des mœurs pour tentative de viol.

 Les crimes se négocient chez nous…

Une fois informé, mon frère ne voulait pas croire que son ami avait tenté de faire ce dont on l’accusait. Après une heure de discussion, il nous a demandé, à ma mère et moi, de le laisser régler. Qu’il allait faire payer ce coup foireux a son ami, mais qu’il ne fallait surtout pas impliquer la police. Submergée par la douleur, je lui ai sorti : « Tu n’as pas été à même de me protéger en ne trainant pas avec n’importe qui, c’est toi qui va me venger ? Non, je préfère mille fois la police. »

Ainsi, avec maman, nous nous sommes rendues à la brigade des mœurs. Ils ont été très réceptifs et ont rédigé une convocation pour le dénommé Jack. A la réception de la convocation, les négociations ont commencé. Notre maison voyait défiler toute la famille de mon agresseur. Les pardons, les griots, les imams, tout le monde voulait que l’on passe dessus. Ils m’ont même dit que, comme il n’a pas pu me pénétrer avec son sexe, tout allait bien. Finalement, ma famille a renoncé à la plainte, qui a été retirée. Jack est resté impuni.

Quelques mois plus tard, j’ai entendu par le bais de certains amis qui avaient eu vent de la situation qu’il avait essayé de violer une autre demoiselle, et avait même failli être lynché par les jeunes du quartier. Comme d’habitude, rien ne s’est passé à la suite des médiations.

Tant que la société continuera à soutenir et protéger les bourreaux, que ces crimes resteront impunis, les victimes souffriront dans le silence. Et plus important encore, les bourreaux ne s’arrêteront jamais tant qu’ils auront encore des excuses.

Source : Benbere

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