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Publication : LE Pr ISSA N’DIAYE EXPOSE SA RÉFLEXION CRITIQUE DANS DEUX OUVRAGES

« Osons penser par nous-mêmes et pour nous-mêmes », a lancé le Pr Issa N’diaye lors du lancement de ses deux livres intitulés respectivement « Silence, on démocratise ! » et « Le festival des brigands ». La cérémonie s’est déroulée samedi dernier au Centre culturel Kandjoura Coulibaly, ex-Kora films sous la présidence du cinéaste Cheick Oumar Sissoko, ancien ministre de la Culture. L’ambassadeur du Venezuela au Mali, Oscar Ernesto Romero Vallenilla, et plusieurs autres personnalités du monde de la culture ont pris part à l’évènement.

Dans son discours d’ouverture, Cheick Oumar Sissoko a précisé que le professeur Issa N’diaye a été au coeur des évènements que le Mali a connus dans les années 1990. Depuis 1992, a-t-il signalé, Issa N’diaye n’a cessé d’écrire sur la société malienne, notamment ses bouleversements. Selon lui, ces ouvrages vont permettre de savoir comment se fait-il que notre pays soit dans une situation aussi regrettable. Le cinéaste a invité les jeunes à aller vers les débats sur le patriotisme.
Quant au directeur de la maison d’édition, La Sahélienne, Ismaila Samba Traoré, il a indiqué que l’auteur a tenu haut le flambeau de la réflexion critique à travers de nombreux articles. « Sa réflexion critique est l’une des meilleures que nous avons dans ce pays sur le mouvement démocratique, les trahisons, les déviations », a apprécié Ismaila Samba Traoré, avant d’ajouter que ces deux livres font partie des grands ouvrages de la réflexion critique de notre pays.
A l’entame de son exposé, le Pr Issa N’diaye a, en premier lieu, réitéré sa solidarité au peuple vénézuélien. « Nous sommes tous Venezuela parce que ce qui se passe dans le pays du commandant Chavez nous concerne au premier chef », a-t-il déclaré avant de citer les acquis de la coopération entre le Venezuela et le Mali.
M. N’diaye a expliqué ensuite que le fil conducteur de ces deux ouvrages est l’histoire récente du Mali qui est en train d’être déformée sous nos yeux. L’universitaire a expliqué qu’une grande partie de ces deux livres est consacrée à la construction du mouvement démocratique, la crise de la démocratie dans notre pays. L’auteur a expliqué qu’il est également question de la montée de la corruption dans notre pays et de la crise de notre système éducatif et de notre société en général.
Issa N’diaye qui est titulaire d’un doctorat en philosophe à l’Université de Bourgogne en France, rend hommage à des personnes qui sont ses repères, décédées pour la plupart, mais qui ont été des marqueurs dans l’évolution de notre société. « J’ai voulu transmettre aux jeunes que tout n’est pas perdu et qu’il est possible de sortir des impasses qui sont les nôtres aujourd’hui mais cela nous impose une réflexion critique et autocritique sur ce que nous avons fait nous Maliens de notre vie. La responsabilité première est la nôtre. Quant à la seconde, c’est de se demander ce que nous pouvons faire pour notre pays en vue de sortir des impasses actuelles », a lancé le Pr Issa N’diaye.
Selon lui, il est important que, dans cette phase, les Maliens se rassemblent et s’écoutent. « Nous ne pouvons pas continuer dans l’entêtement perpétuelle dans laquelle nous sommes », a prévenu M. N’diaye, avant d’ajouter que ce pays est tellement en crise qu’il importe que les Maliens puissent se parler entre eux des problèmes du Mali. Pour ce faire, a-t-il indiqué, il faut essayer d’interroger « notre pays avec notre propre intelligence, nos propres concepts » car, affirmera-t-il, personne ne viendra le construire à notre place.
L’analyste politique a estimé que sa génération a été un mauvais segment dans la transmission des savoirs. Pour lui, elle a été incapable de transmettre la somme de valeurs et des principes qu’elle a reçus en héritage de ses aînés. Cependant, Issa N’diaye a invité ses camarades à faire en sorte que les jeunes puissent se réarmer à hauteur des défis qui sont ceux du Mali.
Parlant de l’ouvrage « Silence, on démocratise ! », l’écrivain dira que c’est un texte marqueur puisqu’il permet de comprendre que ce que « nous appelons démocratie » est l’importation d’un modèle qui n’est pas endogène. « Nous sommes allés prendre un modèle soi-disant démocratique que nous avons plaqué sur les réalités de notre pays. Notre Constitution, le système politique, tout est copié. C’est pourquoi ça ne marche pas », a regretté l’universitaire, annonçant que le titre de ce livre fait référence au silence qu’on essaie d’imposer aux Maliens sous prétexte qu’il y a des années qu’on démocratise le pays. Concernant son livre « Le festival des brigands », l’auteur expliquera que c’est l’un des discours du premier président du Mali qui l’a inspiré. Il a cité précisément cette phrase de Modibo Keïta : « Quand les propriétaires deviennent des spectateurs, c’est le festival des brigands». Pour Issa N’diaye, les Maliens sont devenus des spectateurs dans leur propre pays car « nous laissons les autres faire », croyant que la solution viendra des étrangers. Après l’exposé parsemé d’histoires frissonnantes sur la vie militante de l’auteur et de ses camarades de lutte pour la démocratie sous le régime du président Moussa Traoré, les témoignages et compliments n’ont pas manqué à l’endroit de l’enseignant chercheur et ancien syndicaliste. Une partie de dédicace a mis fin à la cérémonie. Les deux livres sont disponibles dans les libraires de la place. « Silence, on démocratise ! » coûte 8000 Fcfa. Quant au livre « Le festival des brigands », il est vendu à 10 000 Fcfa.
Mohamed D.
DIAWARA

 

Source: Essor

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