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Provocation de la Communauté musulmane : Ce que le Président du Haut Conseil Islamique attend du Président IBK

Le diablotin de la discorde a-t-il résolument élu domicile au Mali ? Question grave à un moment où, depuis l’invasion du septentrion en janvier 2012 par la horde criminelle des djihadistes, de bandes de narcotrafiquants et autres cohortes de nervis aux commanditaires insoupçonnés, notre pays est dans une douloureuse épreuve existentielle.

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Une avalanche de contingences malheureuses s’abat sur lui à un rythme quasi ininterrompu. Avec toute la bonne foi que l’on doit de lui accorder, l’Etat se bat comme un beau diable pour trouver des solutions pérennes à la situation particulièrement dramatique du nord, mais ses plans sont régulièrement mis à mal par l’inconstance des acteurs d’en face, qu’ils soient nationaux ou étrangers. Et voilà que les conflits intercommunautaires dans le centre soufflent à leur tour sur les braises qui menacent, voire hypothèquent la cohésion nationale.

Last but not the least, le problème d’emplois des jeunes est des plus prégnants. Comme si tant de soucis gros de drames ne suffisaient pas, des sujets sociaux des plus révoltants portant sur des affaires de mœurs défraient la chronique. Les médias s’en délectent, les citoyens en sont désolés et énervés, l’honneur de la République en est fortement blessé. La grandeur et la dignité de la nation vont à vau-l’eau. Triste destin pour un vieux pays comme le Mali dont le rayonnement dans l’histoire doit demeurer un motif de gloire individuelle et collective.

Nul ne se méprend du Mali, pareil à tout autre, comme d’un pays de cocagne où les intérêts citoyens sont si monolithiques qu’il est exempté à jamais de conflits. Le jeu démocratique et ses avatars ne sont d’ailleurs point propices à un tel état de grâce permanent. Mais le diablotin de la discorde a sans doute trouvé dans le corps et l’esprit de certains conjurés « mécréants » (une certaine opinion publique les juge ainsi), politiques et acteurs sociaux, qui se déchaînent plus ou moins régulièrement contre l’islam. Fomentant sans cesse des plans diaboliques, ils lancent, au prix de coûteuses opérations de communication, leurs armées à l’assaut des valeurs sacrées de l’islam et des traditions qui y sont inhérentes, lesquelles ont constitué depuis des siècles le socle de notre société, tant et si bien que même ceux d’entre nous qui ne sont pas musulmans en arrivent le plus souvent à sacrifier aux recommandations de l’islam dans bien de cérémonies sociétales (baptême, mariage, décès, etc.). Que cherchent-ils ?

Sans doute, en persistant dans leurs velléités, ils espèrent, en cas de réussite, s’accaparer des rennes du pouvoir et asseoir pour eux et les leurs un large tapis de richesses. Le peuple les connaît, ces velléitaires de l’excision qui n’aspirent qu’à vivre une vie aristocratique et de luxe ; ils sont légion, femmes et hommes, enrichis à une vitesse vertigineuse par les subsides des Ong mécréantes occidentales, qui ont fait pousser de nos pauvres terres des immeubles flambant neuf en un temps record. Quitte à approfondir les divisions sociales en rudoyant nos croyances les mieux établies, ils ont toujours l’injure à la bouche, le couteau entre les dents, blasphémant sans cesse contre le saint Coran et les exhortations du noble Prophète Mouhammad (sawa).

En toute logique,  dans un pays de croyants, où plus du tiers de la population sacrifie aux exigences de l’islam, après la décisive levée de boucliers qu’il y a eu en août 2009, sous le Président ATT, contre le fameux projet de réforme du Code de la famille et des personnes, la discorde de l’excision ne devrait pas revenir si tôt comme sujet de société préoccupant au Mali. Mais tout cela procède de calculs politiciens. Et relève d’un cynisme calculé pour ébranler les fondements de l’Etat. Faut-il rappeler qu’en août 2009, les velléitaires, soutenus par moult Ong et le pouvoir en place avaient choisi, non sans indignité, la période du mois béni du Ramadan pour pousser plus loin leur pion, et provoquer ainsi l’ire de la communauté musulmane qui est sortie massivement pour clamer son raz-le-bol ?

Faut-il encore rappeler que la colère des musulmans à l’époque, si elle n’avait pas été contenue intelligemment par les leaders religieux, aurait pu dégénérer en émeutes sanglantes en plongeant le pays dans des situations les plus incertaines ? Faut-il enfin rappeler, qu’à l’occasion, le vieux sage et dignitaire religieux de Nioro, Chérif M’Bouillé Haïdara, fils de Cheikné Hamaoula, a dû faire l’impasse sur le jeûne obligatoire du ramadan en ralliant incognito Bamako, preuve que nul ne pouvait badiner avec la question, afin de joindre sa voix bénie à celle de l’ensemble de la communauté musulmane et obliger ainsi le pouvoir à reculer ?

Au stade actuel de leur conspiration, et au jour d’aujourd’hui, on voit combien les stratèges de l’excision multiplient les efforts pour réussir leur hold-up. Ceci a une raison que le cynisme tire du calendrier musulman. En effet, nous sommes à peu de semaines près du mois sacré Radjab, qui sera suivi par les mois bénis de Cha’aban (mois spécialement dédié par Allah au noble Prophète) et du Ramadan. Or, en août 2009, il faut s’en rappeler à bon escient, c’est justement durant pareille période que les stratèges de l’excision et autre code progressiste de la famille avaient choisi pour accélérer la cadence de leurs coups de boutoir pour atteindre le poing d’orgue durant une journée du Ramadan « karîm ». Ils ont si énervé des musulmans qui observaient le jeûne, empêché même d’autres à observer le jeûne ce jour, qui, tous à l’unisson, sont montés au créneau pour défendre les valeurs de leur religion. Ils ne sont pas, à l’évidence, au bout de leur cynisme. Mais, Dieu merci, les leaders musulmans ont donné la preuve magistrale qu’ils demeurent les sentinelles vigilantes pour la défense sacrée de l’islam.

Le rassemblement du dimanche, 26 février, a donné la charge. Au cours de ce meeting de bonne saison, le Président du Haut Conseil Islamique, Mahmoud Dicko, avec une admirable pédagogie, a sonné l’alerte, situant les responsabilités et en renvoyant chacun à ses rôles et devoirs.  « IBK a juré dans toutes les mosquées du Mali qu’il défendra l’Islam. Ce n’est pas à moi de le rappeler à l’ordre car Dieu le punira s’il dévie. » ‘Il y a trop de laisser-aller dans le pays. Mais il vaut mieux tard que jamais. Nous l’avons interpellé dans ce sens. Il doit revoir sa copie avec l’ensemble de ses collaborateurs. Ce n’est pas pour rien que les Maliens l’ont appelé « Kankélétigui ». Nous lui avons dit de tenir bon, et il y a de l’espoir de croire encore en lui, mais à condition que la situation change. Tant qu’il sera juste, il aura le soutien de la communauté musulmane ». Cette partie de l’intervention du Président du HCI n’est pas de la langue de bois, loin s’en faut. En la relisant avec calme, elle a l’avantage de dire au chef de l’Etat les quatre vérités de la communauté musulmane tout en le disculpant des activités suspectes de son proche entourage.

En effet, la sortie malencontreuse de Me Mamadou Ismaïl Konaté, ministre de la justice, Garde des Sceaux, s’affichant publiquement auprès des groupements de femmes lâchées contre l’excision et qui a saisi l’occasion pour faire une déclaration vite considérée par les médias, occidentaux surtout, comme étant la preuve que « cette année plus que les autres, les autorités du Mali », le Gouvernement avec IBK en tête, « ont décidé d’accompagner les acteurs de la société civile » dans ce « combat difficile à mener ». Si d’énergiques philippiques ont été décochées contre le ministre au cours de la manifestation des musulmans, une certaine idée n’avait pas non moins circulé laissant croire qu’il avait exprimé une position officielle, donc que IBK cautionnait bien l’initiative du vote d’une loi interdisant l’excision au Mali. Mahmoud Dicko a vite fait de blanchir le président de la République. Un ouf de soulagement qui n’affaiblira pas néanmoins la vigilance musulmane.

D’ailleurs, au lendemain du rassemblement des musulmans au cours duquel il a été fortement mis en cause, Me Mamadou Ismaïl Konaté-le pauvre !- a dû se fendre d’un communiqué aux accents d’une mise au point sur sa pensée, voire d’un démenti de ce qu’on lui prête, communiqué largement diffusé où il s’efforce de démentir avoir initié le moindre projet de loi contre la pratique de l’excision, et il confirme, en revanche, vouloir reformer le Code pénal pour mieux réprimer les violences conjugales.

Manifestement, le ministre de la justice s’est fait prendre en flagrant délit  de mensonge car, gêné aux entournures, il ne pouvait que trouver cette ruse digne de Sioux pour sauver sa face tant que c’est encore possible. Malheureusement pour lui, dans sa déclaration publique relative au sujet, qui continue de tourner en boucle sur les réseaux sociaux, par ailleurs délivrée avec le verbe haut comme le célèbre avocat en a l’habitude, il dit clairement : « Il n’est pas admissible aujourd’hui de rester en dehors du concert des nations pour prendre une loi adaptée dans ce domaine-là. Evidemment, j’ai pris des engagements forts. Je me suis engagé à avoir une loi au plus tard le 31 décembre 2017. Je m’engage également à ce que cette loi soit effectivement mise en œuvre par les Procureurs, par les Tribunaux et de sorte qu’aujourd’hui le corps de la femme, l’âme de la femme, et l’esprit de la femme soient totalement protégés. » Son communiqué est d’autant faux qu’un de ses confrères a dû écrire ironiquement sur les réseaux sociaux : « Cher ami, je crois que les violences sont déjà réprimées mais qu’on veut spécialement et plus sévèrement incriminer les violences conjugales.»

Autre ironie délivrée par Bouréma Coulibaly, toujours sur les réseaux sociaux à l’adresse de Me Konaté : «  En tout cas, n’oubliez pas les maris battus qui ont aussi maintenant une association, ces hommes battus et violentés par leurs épouses. Donc, que la loi puisse en tenir compte !!! Rires… » Quant à Souleymane Ouologuem, qui semble être un familier de Me Konaté, il écrit sur la même page : « Quand on parle et qu’on ne peut pas assumer, mieux vaut se taire… Où en sommes-nous avec le rapport issu du dialogue national sur la justice au Mali classé sans suite ? J’avais tellement d’estime pour Me Konaté, il était une référence pour moi mais, hélas, j’espère avoir l’occasion de le lui dire en face. » C’est dire combien les tenants d’une loi d’interdiction de l’excision n’ont point l’onction du peuple malien.

Pour souligner encore plus fort l’intelligence de la déclaration d’El Hadj Mahmoud Dicko, Président du Haut Conseil Islamique, il est logique de relever que dans l’actuel Gouvernement siège M. Abdramane Sylla en qualité de ministre des Maliens de l’extérieur. Or, en 2009, contre les recommandations du Rpm, son parti, le sieur Sylla, alors député à l’Assemblée, avait voté en faveur du Code de la famille et des personnes tant abhorré. Pour marquer sa sincérité, le Gouvernement, qui a en son sein des ministres comme Me Mamadou Konaté et Abdramane Sylla pas nets sur la question, doit faire une mise au point pour rassurer les musulmans du Mali. La même démarche vaudra pour le Rpm dont le champion peut souffrir de certains soupçons.

Enfin, la présence au Gouvernement de Me Mountaga Tall est un motif d’espérance sur la question. On connaît le combat, certes politiquement difficile mais combien intellectuellement et scientifiquement efficace, qui a été le sien en 2009. Aux conjurés qui se prévalaient de la laïcité pour mener leurs offensives, Me Tall, citant le Professeur Glélé, a servi une argumentation imparable : «  L’Etat laïc est l’ETAT A-RELIGIEUX, c’est-à-dire un Etat qui ne s’immisce pas dans les questions religieuses et qui est d’égal partage entre les différentes religions. L’Etat laïc ne rejette pas les religions : ceci est le fait des Etats irréligieux. L’Etat laïc intègre les religions dans la conduite des affaires publiques. »

Pour dire à tous que le Mali a des défis autrement plus importants et plus urgents à relever que des futilités concernant l’interdiction de l’excision.

Amadou N’Fa Diallo

Directeur de l’Agence Djannatou

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