En marge de la visite d’Etat qu’il a effectuée vendredi dernier à Ouagadougou, au Burkina Faso, le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré s’est exprimé sur la promotion exceptionnelle du capitaine Amadou Sanogo au grade de général de corps d’armées. Répondant à la question d’une consœur burkinabè, Dioncounda Traoré a justifié cette promotion par une volonté d’aller vers la réconciliation. Pour lui, il fallait tout faire pour éviter de « remuer le couteau de la plaie ».« Il y a des pages qu’il faut savoir tourner. Au Mali, désormais, nous sommes entrés dans une phase de réconciliation, une phase de pardon », a expliqué le président Traoré qui était venu à Ouagadougou pour élever à la dignité de Grand croix de l’Ordre national du Mali le président du Faso, médiateur dans la crise malienne.
Dans le hall de la présidence biurkinabé, alors que les deux personnalités sortaient d’un tête à tête, les journalistes venus nombreux attendaient le président Traoré sur ce sujet qui avait suscité des commentaires plutôt passionnés.
« Qu’est-ce qui explique cette promotion du capitaine Amadou Sanogo au grade de général de corps d’armée alors qu’il a fomenté un coup d’Etat le 22 mars 2012 qui aurait contribué pour beaucoup, selon certains observateurs, à l’enlisement de la crise au Mali ? N’est-ce pas une prime à l’impunité ? » a interrogé la jeune journaliste.
Dioncounda Traoré a réagi vivement pour marquer son désaccord avec l’idée de « de prime à l’impunité » : « Je pense plutôt le contraire », a-t-il rétorqué. Selon l’hôte de Blaise Compaoré, il faut désormais éviter « de regarder dans le rétroviseur » pour mieux « aller de l’avant ». Et il a ajouté : « Nous sommes à un stade où il ne faut pas chercher à compliquer les choses qui le sont déjà assez, à un stade où il faut pardonner et se lancer résolument vers l’avant ». « Quand on n’est pas capable de pardonner, on n’est pas capable d’aller vers la paix », a indiqué le président Traoré qui a insisté sur le fait que le tout nouveau général est un Malien comme les autres avec des droits et des devoirs.
Selon plusieurs éditorialistes, en prenant cette décision délicate Dioncounda Traoré aurait nui à son propre message d’apaisement en créant d’éventuelles frustrations au sein de l’Armée et même au niveau international. Mais le président de la République par intérim a abordé le sujet sous un tout autre angle. De son point de vue, il est de son devoir de « régler certaines questions définitivement ». Surtout s’il s’agit de questions qu’il considère mineures par rapport à l’énorme chantier qu’attend le président de la République élu.
A. A. M. CISSE
Source: L’Essor