Dans son intervention, le ministre de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les institutions, Ibrahim Ikassa Maïga dira que cette stratégie, un mécanisme opérationnel conçu de manière holistique avec de nouveaux instruments pour une gouvernance vertueuse, est une recommandation des Assises nationales de la refondation (ANR). “La corruption est un phénomène social, politique, économique complexe qui sape les efforts de développement. C’est ensemble que nous gagnerons le pari de la lutte contre la corruption”, a-t-il ajouté. A sa suite, le représentant du Pnud a laissé entendre que le fléau de la corruption concerne toutes les couches socioéconomiques. Avant de se réjouir que les autorités maliennes font de la lutte contre la corruption l’une de leurs priorités. “La corruption est inversement proportionnelle au progrès économique”, a-t-il souligné.
Pour sa part, le chef du gouvernement a cité trois pays dont il faut suivre l’exemplarité en matière de lutte contre la corruption, en l’occurrence le Danemark, la Suisse et les Pays-Bas. Et d’ajouter que dans chacun de ces pays géographiquement petits qui apportent un appui conséquent au Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) dans le domaine, a un produit intérieur brut (PIB) plus important que plusieurs pays d’Afrique noire réunis. Car, ajoutera-t-il, ces pays se sont développés sur la base de la répartition équitable des richesses entre les citoyens. “Là où il y a la pauvreté, il y a la corruption, la malhonnêteté et ce sont les plus rusés, les voleurs qui gagnent“, a-t-il martelé. Il a aussi rappelé que, pour contrer le fléau, de nombreux efforts ont été consentis par les pouvoirs publics à travers notamment le Bureau du Vérificateur général (BVG), l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei), la Cour des comptes, le Pôle national économique et financier, la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif) et les inspections des départements ministériels. Il poursuivra que ces efforts tiennent à la tenue des Etats-généraux sur la corruption et la délinquance financière, l’adoption de la Stratégie nationale de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme et de la Politique nationale de transparence et la mise en place d’un dispositif institutionnel de prévention, de détection et de répression de la corruption. A l’en croire, malgré ces efforts, il est apparu nécessaire d’adopter une stratégie conformément au Plan d’action du gouvernement (Pag) dont l’axe 4 est dédié à la promotion de la bonne gouvernance et à l’adoption d’un pacte de stabilité sociale. Ainsi, le document de Stratégie nationale de lutte contre la corruption et son plan d’action 2023-2027 ont-ils été adoptés par le gouvernement sous l’impulsion du président de la Transition, le 21 septembre 2023.
Selon le chef du gouvernement, la SNLCC est conçue et voulue comme un outil d’amélioration de la gouvernance publique visant à mettre en œuvre l’ensemble des mesures de prévention, de contrôle et de lutte contre la corruption sous toutes ses formes, aussi diversifiées soient-elles. Sa mise en œuvre permettra, sans nul doute, de rétablir la confiance des citoyens aux institutions dont le crédit a été largement entamé.Il a salué les partenaires techniques et financiers et surtout les nombreux serviteurs loyaux, “ceux-là qui ont reçu, par l’éducation, la conviction que le bien public est sacré”. Avant de révéler que le gouvernement a récemment rejeté une aide extérieure de 60 millions d’euros qui ne répondait pas à l’éthique malienne parce que plus de 10 millions du don étaient destinés à la poche de certains individus.
Boubacar Païtao