Si le ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation justifie le projet de décret portant modification du décret n°2015-0067/P-RM du 13 février 2015 fixant les conditions de nomination et les attributions des chefs de circonscription administrative comme une nécessité, les syndicats des administrateurs et membres du corps préfectoral dénoncent une provocation et tentative de musèlement.
Dans la correspondance N°001754/MATD-SG du 10 novembre adressée aux secrétaires généraux du Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC), du syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration Territoriale (SYLTMAT), le ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation demande aux syndicats de faire parvenir leur avis au plus tard le jeudi 12 novembre 2020 sur le projet de décret portant modification du Décret n°2015-0067/P-RM du 13 février 2015 fixant les conditions de nomination et les attributions des chefs de circonscription administrative.
Dans la missive, le MATD justifie cette volonté de modifier le Décret n°2015-0067/P-RM en vue de combler l’insuffisance de personnel due aux départs massifs à la retraite, l’absence de recrutement d’administrateurs civils depuis quelques années au profit du ministère chargé de l’Administration Territoriale et la situation sécuritaire du pays qui rend difficile l’occupation de certains postes de représentant de l’Etat par un personnel civil.
A en croire la lettre, les modifications visent à élargir, selon les cas les conditions de nomination de préfet et de sous-préfet aux sous-officiers, aux officiers subalternes et aux officiers supérieurs, membres des forces armées et de sécurité.
Réactions des syndicats
Du côté des syndicats, c’est purement et simplement une provocation au moment où les administrateurs et les membres du corps préfectoral sont en grève illimitée pour améliorer leurs conditions de travail.
Joint au téléphone, le secrétaire général du Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC), Christian Diarra a déclaré que cette correspondance n’est pas une surprise. « C’est une correspondance normale qui ne nous surprend pas du tout. Chaque fois que les militaires viennent au pouvoir, c’est la même tentative qu’ils font. En 2012, Moussa Sinko Coulibaly s’est cassé les dents sur le même projet. C’est le même sort qui attend cette lettre », a promis M. Diarra.
Concernant le temps de réflexion donné aux syndicats, Christian Diarra juge inacceptable : « Ils ont demandé notre avis parce que la loi fait en tant qu’élément de participation, quand un projet de texte concerne une corporation que les représentants de cette corporation puissent s’exprimer à travers leur avis sur le projet. Donc, nous n’avons pas fait de réunion encore, parce que nous avons reçu la lettre ce matin (Ndlr : hier mercredi). Ils nous ont donné 48 heures, ça ce n’est plus 48 heures, mais plutôt 24 heures. C’est vraiment un manque de courtoisie d’abord. Les syndicats ne se résument pas aux secrétaires généraux, nous allons provoquer une réunion ponctuelle pour statuer et donner notre avis au moment opportun. On n’est pas obligé de donner notre avis demain (ce jeudi).
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