Placé sous le signe de la valorisation de la production nationale, ce panel de haut niveau « autour de cette filière capitale pour l’économie malienne « , visait à en discuter les enjeux et perspectives. En effet, le secteur cotonnier de notre pays connaît d’énormes difficultés tant dans sa production, sa commercialisation qu’à sa transformation en produit fini. Mais, en dépit de ces contraintes, le coton malien reste l’un des meilleurs. C’est du moins l’observation faite par de nombreux spécialistes de ce domaine.
Le PDG de la CMDT, Baba Berthé soutient que des efforts ont été établis par les producteurs. A l’en croire, la production cotonnière s’élève à 691.000 tonnes, en 2019, contre 656.000 tonnes, en 2018. Et cette amélioration, pour le PDG de la CMDT, se justifie notamment par la subvention des intrants par l’état malien et par l’engagement, aussi, des producteurs. Malgré ces résultats, d’énormes progrès doivent encore être faits pour que la filière coton puisse être ajustée à sa juste valeur, dit Baba Berthé.
Il révèle que le prix du kilo du coton, en 2019, est fixé à 275 FCFA, contre 300 FCFA dans la sous-région, sans subvention. A ses dires, cette difficulté se situe à plusieurs niveaux. D’abord, il a noté la faiblesse du rendement comme étant l’une des principales causes de cette baisse de production au Mali et ceci s’explique par la quantité de coton cultivé par hectare. « Pendant que d’autres pays, comme le Brésil et l’Australie sont en train de faire un rendement de 7 tonnes à l’hectare, au Mali, le paysan malien est en moins d’une tonne à l’hectare. Plusieurs facteurs sont à l’origine de ce problème. L’acidité des terres malienne, l’an alphabétisation des producteurs de coton et aussi la pluviométrie », a expliqué le PDG de la CMDT. Celle-ci vient de se doter d’une stratégie pour augmenter cette productivité à l’hectare.
Processus de commercialisation du coton au Mali
La commercialisation concerne la fibre et la graine. Cependant, le Mali a décidé de ne plus exporter la graine de coton, en raison de la demande nationale qui dépasse l’offre, a indiqué Hamane Arby, PDG de Violar-S.A. Selon lui, le Mali commercialise le coton à travers des négociants qui ne sont pas maliens, parce que les risques liés à la commercialisation sont très élevés. Et la CMDT ne peut pas vendre elle-même, car elle transfert tous les risques liés à la monnaie aux négociants.
Toutefois, il se réjouit du fait que le coton malien est aujourd’hui plus cher sur le marché international que tous les autres cotons d’Afrique, en raison de sa qualité.
Transformation de coton en produit fini
Le Mali est doté de 11 usines de transformation de coton, dont 5 sont fonctionnelles à nos jours. Ainsi, seulement 2% du coton malien est transformé sur place. Un taux qui demeure bas depuis des années.
Lafia Camara, PDG de SOFACO, une unité de transformation, révèle que l’industrialisation locale du coton reste cependant un défi à relever. Il a insisté sur les difficultés liées à l’accessibilité à la matière, à la concurrence déloyale, au problème de financement, au manque de compétence et, enfin, au coût élevé de l’électricité.
Face au bilan catastrophique, le PDG de SOFACO a interpellé les plus hautes autorités à prendre «les mesures adéquates pour une meilleure valorisation du coton malien qui peut impulser la création d’emplois».
Aminata Kébé
Source: l’Indépendant